Les peuples autochtones
Un peu moins de 1 % de la population louisianaise a des origines autochtones et quatre tribus sont reconnues auprès du gouvernement des États-Unis : les Chitimachas, les Coushattas, les Choctaws et les Tunica-Biloxi. La tribu chitimacha est la seule à vivre encore sur une portion de ses terres ancestrales, non loin de Charenton. Sur le territoire de la ville de La Nouvelle-Orléans vivait d'ailleurs cette tribu, alors que dans le reste de l'État, on retrouvait les tribus suivantes : Atakapa, Caddo, Choctaw, Houma, Natchez et Tunica-Biloxi.
Les Amérindiens houmas. Le premier explorateur français à mentionner l'existence des villages de ces Amérindiens fut La Salle en 1682. Ils étaient alors un peuple sédentaire installé à l'est du Mississippi, au nord de la Louisiane. Avec l'arrivée des Anglais, ils sont descendus dans la région des bayous et se sont alliés avec les Français. Leur langue est la meilleure preuve de leur complicité, puisque aujourd'hui encore les Amérindiens houmas parlent français, une bonne partie d'entre eux du moins. C'est d'ailleurs cette tribu qui laisse son nom à la ville éponyme située en pays cajun. Ce peuple continue à vivre de pêche, de chasse et surtout de l'artisanat. Dans chaque foire, exposition ou festival en Louisiane, vous pourrez leur acheter des paniers, des chapeaux, des poupées et des bibelots en bois de cyprès qu'ils fabriquent eux-mêmes à la main, ce qui est très rare de nos jours aux États-Unis. Pour plus d'infos : unitedhoumanation.org
Les Créoles
Ce nom, d'après les linguistes, viendrait du mot portugais crioulo signifiant « natif du Nouveau Monde par des ancêtres de l'Ancien Monde ». Ce terme différenciait les esclaves noirs nés aux colonies de ceux qui étaient nés en Afrique. En Louisiane, le terme « Créole » désignait tous les francophones catholiques nés ici par rapport aux anglophones des autres régions des États-Unis.
Au XVIIe siècle, les premiers colons créoles vinrent de Nouvelle-France (plus précisément de l'actuelle province du Québec). Plus tard, des réfugiés de Saint-Domingue, des colons des Antilles, des soldats de Cuba et des colons d'Europe arrivèrent en Louisiane, suivis des réfugiés de l'Acadie. Ils s'installèrent sur les rives du Mississippi, idéales pour irriguer les cultures de canne à sucre ainsi que pour le transport des marchandises. Il y eut d'ailleurs jusqu'à 2 000 plantations sur les rives de ce fleuve mythique. Parmi les Créoles se trouvaient des « barons du sucre » et des « rois du coton » qui devinrent rapidement très riches et contribuèrent à la renommée de La Nouvelle-Orléans. Ces derniers établirent une aristocratie divisée en véritables castes sociales et financières. S'ils passaient beaucoup de temps en campagne dans leur plantation, ils possédaient également des hôtels particuliers ou de belles maisons en ville dont ils profitaient l'hiver. Après la guerre de Sécession, la plupart des plantations furent inondées ou brûlées, et leurs propriétaires ruinés. Ils déclinèrent petit à petit, ne sachant rivaliser avec les Anglo-Saxons beaucoup plus arrivistes. Aujourd'hui subsistent des familles fières de leur descendance directe des premiers colons, mais la plupart se sont assimilées et mélangées à la population américaine.
Cela dit, les Créoles de Louisiane mériteraient un chapitre à part entière afin de bien saisir leur importance et leur influence dans l'histoire de la Louisiane. Pour plonger au cœur du sujet, on recommande sans hésiter les visites guidées à pied offertes par Tours by Marguerite à La Nouvelle-Orléans.
Les Afro-Américains
Ce sont les descendants d'esclaves arrivés à partir de 1719 du Sénégal et du Congo. En 1865, Colbert fit promulguer le Code noir en Louisiane : cet édit définissait les droits et les devoirs des maîtres envers les esclaves. S'ils avaient le droit de vie ou de mort sur leurs esclaves, ils devaient les loger, les vêtir et les nourrir décemment. Ce qui n'était pas toujours le cas, loin s'en faut. Tout manquement à ces devoirs pouvait entraîner des sanctions sévères. Les esclaves travaillaient dans les champs, construisaient les routes, élevaient des digues pour protéger des crues (une de leurs plus belles contributions fut la première longue digue qui longeait le Mississippi), tandis que les femmes cuisinaient et étaient les nourrices des petits enfants blancs.
Ils étaient achetés et vendus comme du vulgaire bétail, et le traitement inhumain des esclaves fut l'une des raisons de la guerre de Sécession entre le Nord et le Sud. Après la guerre, les Créoles continuèrent à avoir un comportement raciste envers les Afro-Américains, même si certains comme Charles Testu ou les frères Rouquette prirent leur défense et les aidèrent à être plus égaux en droit.
Au temps des colonies, les femmes blanches étant plutôt rares en Louisiane, les hommes choisissaient leurs maîtresses parmi les plus belles esclaves noires. Leurs enfants métis furent appelés mulâtres, octavons ou quarterons. Certains firent leurs études en Europe et revinrent très cultivés, devinrent écrivains, musiciens, et parfois fort riches. À La Nouvelle-Orléans, pendant un temps s'installa une étrange coutume : le bal des quarteronnes. Lors de ces bals, on présentait des demoiselles de couleur fort bien élevées à de riches célibataires blancs. Bien sûr, ils les entretenaient, mais jamais ne les épousaient. Ces hommes et femmes reconnus au niveau social, étaient appelés Creoles of color ou les « Créoles de couleur ».
Une des plus grandes contributions noires à l'histoire et à la culture de la Louisiane et du monde entier fut la musique : le gospel, le negro-spiritual, le blues et notamment le jazz. On peut découvrir leur riche héritage et leur histoire en parcourant le circuit thématique African American Heritage Trail (louisianatravel.com/african-american-heritage-trail) ou encore celui sur le mouvement des droits civiques (louisianacivilrightstrail.com).
Les gens de couleur libres (free people of color)
L'histoire des Blancs et des esclaves est bien connue, mais ce qui est resté dans l'ombre est un groupe social entre les deux : les « gens de couleur libres », comme les Français les appelaient, aussi appelés après la guerre civile Creoles of color (Créoles de couleur).
Dans les années 1800, les gens de couleur libres avaient leur propre identité et castes sociales. Parlant français, cultivés, de classe moyenne pour la plupart, ils étaient des membres respectés de la communauté de La Nouvelle-Orléans. On pouvait les voir à l'Opéra français et au théâtre et leurs noms étaient même mentionnés dans leurs propres journaux lors de débats politiques. La Nouvelle-Orléans possédait la plus grande communauté de gens de couleur libres aux États-Unis. Leurs leaders ont influencé l'évolution sociale, économique et légale de La Nouvelle-Orléans, mais aussi de la Louisiane.
Les Cadiens (ou Cajuns)
Les Cadiens font partie d'une mosaïque d'autres populations franco-créolophones, dont les Indiens natifs (notamment les Houmas), les Créoles de La Nouvelle-Orléans, les Noirs francophones et créolophones esclavisés et libres, installés dans la région bien avant les Acadiens. Les Cadiens (diminutif de « Acadien », déformé en « Cajun » en anglais) forment le groupe francophone le plus connu du pays. Les Cadiens vivant dans le sud de la Louisiane sont les descendants des premiers colons blancs qui ont émigré du centre et de l'ouest de la France, pour s'installer dès 1604 au Canada, sur le territoire de l'actuelle Nouvelle-Écosse.
Après avoir été contraints à l'exil entre 1755 et 1763, chassés par les Anglais lors du Grand Dérangement, nombre d'entre eux viennent plus tard s'installer le long du Mississippi et dans les bayous, alors que d'autres traversent le bassin de l'Atchafalaya et arrivent sur le site actuel des villes de St. Martinville et Lafayette.
Vivant en marge de la communauté anglophone, ils évoluent différemment. Ils parlent ainsi plusieurs dialectes régionaux, issus des variétés de français et de créole parlées en Louisiane au cours des 300 dernières années, mais comportant de nombreuses nuances et expressions qu'une oreille exercée peut distinguer. Plusieurs générations de Louisianais francophones ont vécu sans scolarisation, repliées sur elles-mêmes. C'est pourquoi ceux-ci furent pendant longtemps injustement considérés comme des ignorants menant une existence rudimentaire dans les marais, sans aucun contact avec les autres populations.
Aujourd'hui, nombre d'entre eux ont perpétué la tradition de la pêche et de la chasse et les trappeurs sont encore très actifs. Certains Cadiens sont encore bateliers et la Louisiane possède aujourd'hui la flotte de bateaux artisanaux la plus importante du pays. Ils sont représentés dans toutes les catégories professionnelles.
Les Cadiens ont naturellement pensé qu'il fallait perpétuer leurs valeurs traditionnelles afin de conserver leur identité. Ils cherchaient l'isolement avant tout pour préserver leur culture, qu'ils ont maintenue et renforcée jusqu'à nos jours. On trouve donc aujourd'hui des Cadiens qui ne sont pas du tout d'origine acadienne. C'est en réalité la culture et non le sang qui définit le Cadien d'aujourd'hui. Et un trait les caractérise depuis leur installation en Louisiane, c'est la joie de vivre. Leur maxime : « Laissez les bons temps rouler ! »
Nombreux sont les attraits dédiés à l'histoire et à la culture des Cadiens, notamment le LARC's Acadian Village, Vermilionville et l'Acadian Cultural Center à Lafayette.
L’état de la langue française
Ne croyez pas que la Louisiane est bilingue, le pays n'est resté français que 80 ans, il y a bien longtemps ! Beaucoup de Français installés ici sont des professeurs venus de pays francophones pour enseigner le français dans les écoles louisianaises.
La Louisiane est le seul État du pays qui a créé une agence pour la défense d'une langue minoritaire : le CODOFIL (Conseil pour le développement du français en Louisiane, codofil.org) créé en 1968 et qui veille à l'enseignement du et en français dans les écoles publiques de Louisiane, en plus de « faire tout ce qui est nécessaire pour encourager le développement, l'utilisation et la préservation du français tel qu'il existe en Louisiane pour le plus grand bien culturel, économique et touristique pour l'État ».
Alors que l'on comptait 1 000 000 de francophones en 1970, il y en aurait environ 250 000 de nos jours, quoique certaines données montrent une petite augmentation grâce aux efforts déployés par le CODOFIL, particulièrement dans les écoles d'immersion. Cependant, en pays cadien, les Louisianais n'osent pas souvent parler français, par simple timidité ou complexe par rapport à leur français aux tournures perçues comme archaïques et qui comporte des fantaisies grammaticales en raison de la suppression des écoles francophones au début du XXe siècle. Le français louisianais est néanmoins très savoureux par son accent et ses expressions.