Aires protégées et biodiversité
Le territoire compte différents types d'aires protégées, relevant du pays ou de l’État de Louisiane. On citera ainsi Poverty Point World Heritage Site (UNESCO), qui abrite l'un des plus vastes sites archéologiques du pays, Cane River Creole National Historical Park and Heritage Area, qui conserve des plantations historiques, ou encore Jean Lafitte National Historical Park and Reserve, composé de six différents sites (incluant un centre de visite dans le French Quarter de La Nouvelle-Orléans) qui vise à protéger des sites naturels et culturels qui témoignent de la singularité de la Louisiane.
Les bayous sont d'anciens bras du Mississippi, qui abritent, au sein de vastes zones d'eau douce, des écosystèmes complexes et fragiles, associés à une biodiversité exceptionnelle, avec des espèces emblématiques (cyprès chauves, alligators, oiseaux). Ces milieux uniques sont cependant menacés par les activités humaines (dont agriculture, industrie), les ouragans et événements extrêmes liés au changement climatique. Selon un institut de recherche américain, la Louisiane (dénommée « Bayou State ») perdrait chaque heure l'équivalent en superficie d'un terrain de football.
Les menaces de l'industrie
L'activité pétrolière génère de multiples impacts environnementaux et sanitaires. Les 4 000 forages et 15 000 km de canaux creusés dans les bayous, en déplaçant une grande quantité de sédiments, ont induit un phénomène d'affaissement des sols qui perturbe les écosystèmes, qui jouent notamment un rôle de barrières naturelles. À cela s'ajoutent les pollutions chroniques et accidentelles des industries. On citera notamment l'explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon en 2010, à l'origine de l'une des plus graves marées noires et catastrophes écologiques du pays. Le manque de sédiments liés aux barrages, ainsi que les effets des changements climatiques, avec des aléas d'une grande violence, comme la tempête Ida survenue en août 2021, participent également à la disparition et à la dégradation des milieux naturels.
« Cancer Alley »
Avec 25% des industries pétrochimiques présentes dans l'état, la Louisiane est le quatrième producteur de pétrole brut des États-Unis. La majorité de ces usines se concentrent sur une frange de 140 km entre Baton Rouge et La Nouvelle-Orléans, générant, en plus de pollutions aiguës, des contaminations chroniques. Les habitants pauvres, en majorité afro-américains, vivant autour des usines installées le long du fleuve Mississippi, sont les plus exposés à cet environnement délétère. Le risque de cancers y serait supérieur de plus de 50 fois à la moyenne nationale, d'après l'Agence de Protection de l'Environnement des États-Unis.
La doline de Bayou Corne
Non loin de « Cancer Alley », à Bayou Corne, se trouve une doline (sinkhole). Il s'agit d'une dépression circulaire formée suite à l'affaissement d'un puits anciennement exploité pour l'extraction de la saumure, qui a laissé s'échapper du méthane, d'autres gaz toxiques et des hydrocarbures qui ont contaminé des nappes phréatiques et contraint toute une partie de la population locale au déplacement en 2012.
Face aux changements climatiques
Les changements climatiques se traduisent en Louisiane par une accélération de l'érosion côtière (montée des eaux) et par une plus grande fréquence et intensité des événements extrêmes, à l'image des ouragans Katrina en 2005 et Ida en 2021. L'illustration la plus parlante du changement climatique est peut-être l'Isle de Jean-Charles, qui a perdu près de 98 % de son territoire en moins de 70 ans. Exclue du périmètre de protection des barrages (voir infra), l'île devrait totalement disparaître sous les eaux d'ici à 50 ans et les habitants, réfugiés climatiques, sont relogés ailleurs.
Le 29 août 2005 : l’ouragan Katrina
L'ouragan, qui a balayé le sud de la Louisiane, a provoqué l'inondation de plus de 80 % de La Nouvelle-Orléans, où l'eau salée a stagné pendant des semaines. Quand l'ouragan Rita est arrivé quelques semaines plus tard, les quartiers ont à nouveau subi des inondations, les travaux de consolidation de la digue n'ayant pas été achevés. Le drame de Katrina réside en partie dans le fait qu'une telle catastrophe était prévisible : emplacement géographique, système de protection des digues obsolète, récentes tempêtes passées très près. Les quartiers les plus anciens, édifiés sur des terrains au-dessus du niveau de la mer (French Quarter, Faubourg Marigny, Bywater, une partie d'Uptown), n'ont pas été inondés, contrairement aux quartiers plus récents ou plus pauvres, situés entre un et deux mètres sous le niveau de la mer et résultant de l'assèchement des marécages et terres inondées, qui ont été les plus touchés (Gentilly, Lakeview, New Orleans East). Comme évoqué précédemment, les marécages constituent des défenses naturelles contre les inondations. Au XIXe siècle, une levée de terre fut construite, juste assez haute pour retenir une partie des crues du Mississippi. Un système de drainage des eaux fut ensuite mis en place. Cela n'empêcha pas La Nouvelle-Orléans d'être inondée en 1927, puis en 1965. Le Congrès réagit alors et demanda à l'agence gouvernementale, The Army Corps of Engineers, d'être responsable du contrôle des inondations et, de ce fait, de la construction de digues tout le long de la vallée du Mississippi. En manque de fonds, l'agence change les plans, mais achève quand même la construction. Malheureusement, le 29 août 2005, une partie de la digue casse et inonde les trois quarts de la ville. Impuissante, constatant les dégâts et surtout le nombre de morts, l'agence reconnaît le 1er juin 2006 sa responsabilité. 523 km de digues ont été réparés dès 2006 et la Coastal Protection and Restoration Authority (CPRA) a été créée. Les travaux (15 milliards de dollars) ont été achevés en juin 2011. The Army Corps of Engineers a ainsi réalisé la plus grande station de drainage du monde. L'inertie du président George W. Bush aux premiers jours post-Katrina a essuyé la plupart des critiques, ainsi que les contrecoups de cette action tardive (habitants sans eau ni nourriture ni toit, décès par déshydratation, fatigue et scènes de pillages). Le volontarisme pour reconstruire et le courage des Néo-Orléanais ont cependant été salués par tous. Le Lower Ninth Ward, quartier pauvre et le plus dévasté, sur lequel s'était focalisée la fondation de Brad Pitt Make it right, n'a cependant toujours pas retrouvé ses traits d'avant.