LA GRAN FONT, SAINTES ET SES AQUEDUCS GALLO-ROMAIN, OU COMMENT L'EAU POTABLE VINT A SAINTESLe Douhet dont le nom signifie « conduit d'eau » en celtique, est vallonné et boisé. L'aqueduc gallo-romain sur cette commune est étroitement lié à la ville de Saintes, puisqu'il l'alimentait en eaux. Il faut remonter loin pour comprendre comment et pourquoi. Il faut attendre le début du 1er siècle de notre ère et plus particulièrement vers 18/19, date de l’achèvement de l’arc de Germanicus marquant l’entrée de la ville par la route venant de Lyon, capitale des Gaules, pour voir s’installer une nouvelle voirie. Il est raisonnable de penser, au vu de l’importance des travaux, que c’est également à ce moment, que les Romains décident, grâce à leur maitrise technologique, de construire un aqueduc pour desservir la ville en eau potable. Un premier aqueduc long de 7 km, voit le jour, depuis la source de la « Font-Morillon » sur la commune de Fontcouverte, jusqu’aux thermes Saint-Vivien, construits au bord de la Charente. Sur le parcours, plusieurs ouvrages de qualité ont été réalisés : le pont-aqueduc du vallon des Arcs, puis la galerie du « Plantis des neuf puits », enfin un autre pont-aqueduc à « Hautmont ».Quelques décennies plus tard, Saintes continue son expansion ; elle atteint sans doute son époque la plus brillante et correspond à l’apogée de la prospérité de Mediolanum. Ainsi, un nouvel établissement thermal est construit à Saint-Saloine (voir Patrimoine de Saintes). Il fallut revoir le débit de l’aqueduc trop faible. Ainsi, vit le jour un nouvel aqueduc d’une longueur totale de 17 km, réunissant les eaux des sources des communes du Douhet et de Vénérand, doublant le parcours du premier aqueduc, à partir de la source de Fontcouverte, et permettant de l’additionner aux deux autres. Cet itinéraire a permis de réutiliser, après modifications, les ouvrages d’art du premier aqueduc, ce qui en diminuait ainsi le coût.Les aqueducs de Saintes possèdent différents types d’ouvrages. Tout d’abord, en leur point de départ, les captages des sources, et à leur arrivée, les thermes. Entre ces deux points, il existe un conduit qui a été réalisé soit en tranchées, soit en tunnels, soit en galeries construites hors sol. Puis, lorsqu’ils doivent franchir un vallon ou une vallée, ces derniers passent, soit sur des murs-ponts, soit sur des ponts-aqueducs, voire, pour le franchissement de la vallée de la Charente, par le biais d’un siphon muni d’ouvrages spécifiques (réservoirs de chasse et de fuite). Un autre ouvrage remarquable, est le bassin de jonction des deux aqueducs venant de Vénérand et du Douhet, celui-ci ayant un système d’évacuation des eaux de nettoyage, en souterrain, assez complexe.La Grand-Font sur la commune du Douhet, correspond à la source la plus éloignée du deuxième aqueduc qui alimentait la ville antique de Saintes. Cet endroit était connu longtemps avant l’arrivé des Romains, puisque nous avons recueilli de la céramique datée de l’âge du bronze ancien/moyen. Les populations avaient accès à l’eau de la rivière souterraine par une ou plusieurs diaclases remontant jusqu’à la surface. C’est donc par l’une de ces failles que les Romains ont eu accès à cette rivière qui coulait sous terre à quelques mètres de profondeur. Ainsi, après avoir vérifié le débit et la hauteur de l’eau par rapport au niveau d’arrivée à Saintes, les ingénieurs romains ont pu décider de réaliser un aqueduc. Cet aménagement antique, lié au captage d’une résurgence souterraine, est exceptionnel dans le monde antique. Ce monument public utilitaire et cultuel correspond à une source sanctuaire. Il reste aujourd'hui d'accessible au Douhet, au fond de la galerie, la source et le bassin de rétention.
