LES GROTTES DE QUMRÂN
C'est dans ces grottes que furent découverts les fameux Manuscrits de la mer Morte, soigneusement conservés dans des jarres en argiles hermétiques. Après la première découverte en 1947, toutes les grottes de la région furent fouillées méticuleusement, mettant à jour des extraits de 970 manuscrits, dans une dizaine de grottes : parmi ces manuscrits, on trouve les plus anciens écrits en hébreu de l'Ancien Testament jamais découverts. Il s'agit d'une découverte majeure du XXe siècle, le Graal des théologiens et historiens de toutes obédiences. Après un demi-siècle de rebondissements, ces parchemins fragmentés ont enfin été déchiffrés et publiés. En 2017, des chercheurs ont trouvé une nouvelle grotte, contenant d'autres rouleaux. En 2018, des manuscrits jusqu'ici non déchiffrés ont été interprétés par des chercheurs, ce qui permit de découvrir mieux la mystérieuse communauté religieuse des esséniens, secte mystique juive qui se retira dans ces montagnes désolées à la fin du IIe siècle av. J.-C.
Les manuscrits leur ont d'abord été attribués : on a longtemps pensé que la communauté essénienne, avant d'être détruite par les Romains en 68 apr. J.-C., a eu le temps de cacher astucieusement les manuscrits dans ces jarres. Mais la thèse essénienne est de plus en plus mise à mal par les archéologues et leurs avancées scientifiques.
Histoire d'une découverte. En 1947, un Bédouin découvrit dans une grotte des jarres contenant des rouleaux de cuir étonnamment bien conservés. Selon la légende, il était venu là sur les traces d’une chèvre égarée. Il trouva les premiers manuscrits de la mer Morte, sans se rendre compte de l’importance de sa découverte. Les premières fouilles du site furent entreprises à partir de 1951. En 1956, l’équipe de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, dirigée par le père Roland de Vaux, mit au jour le site archéologique essénien non loin et découvrit, dans d'autres grottes (notamment la grotte 4), environ 800 manuscrits supplémentaires, pour la plupart sur parchemin mais également sur papyrus, principalement en hébreu ancien et en araméen, mais aussi en grec. Seuls une dizaine de rouleaux étaient à peu près intacts : pour tous les autres, il a fallu reconstituer un puzzle avec des dizaines de milliers de fragments.
Une découverte inestimable. Le plus ancien texte biblique, mis au jour à Qumrân, est probablement un fragment d’un rouleau des Livres de Samuel, datant de la fin du IIIe siècle av. J.-C.
Mais la découverte majeure du site est le Livre d’Isaïe, devenu mondialement célèbre. C’est le plus ancien manuscrit hébreu complet connu d’un livre biblique. Le texte est écrit en 54 colonnes sur 17 feuilles de cuir cousues bout à bout, d’une longueur totale d’environ 7,30 m. Cet ouvrage a été confectionné au IIe siècle av. J.-C.
À l’exception du Livre d’Esther, tous les livres de la Bible juive canonique ont été découverts dans ces grottes, certains en plusieurs exemplaires. À ceux-ci s’ajoutent des écrits apocryphes, non reconnus par les canons juifs et chrétiens : le Livre d’Hénoch, texte apocalyptique du IIe siècle av. J.-C., en araméen ; l’apocryphe de la Genèse en araméen ; le Livre des Jubilés, un texte hébreu qui va de la Genèse à la remise de la Loi à Moïse ; la Prière de Nabonide, un roi de Babylone sauvé par un exorciste juif, également en araméen, etc. Enfin, des textes spécifiquement esséniens : la règle de la communauté, une règle de la guerre, le rouleau du Temple (décrivant le Temple futur), le document de Damas (relatant l’exil en Syrie des esséniens persécutés), des hymnes, des bénédictions, des cantiques et des commentaires des livres prophétiques (Habaquq, Isaïe, Michée, Nahum, Sophonie, Osée). Une partie de ces manuscrits est aujourd’hui exposée dans le « Sanctuaire du Livre » du musée d’Israël à Jérusalem. D’autres sont au musée Rockefeller et au Studium Biblicum Franciscanum, également à Jérusalem. D’autres encore se trouvent au musée du Département des antiquités d’Amman, en Jordanie, et à la Bibliothèque nationale de France, à Paris. Le Sanctuaire du Livre conserve les trois premiers rouleaux découverts en 1947 : le Livre d’Isaïe, un commentaire du Livre d’Habaquq et un manuel de discipline de la communauté.
Les manuscrits aujourd'hui. Il y a quinze ans, 75 % des manuscrits étaient encore inconnus : des divergences entre les chercheurs, les a priori religieux de certains, mais aussi les réticences de l’Église catholique, qui a eu jusqu’en 1990 un quasi-monopole sur le déchiffrage et la traduction des manuscrits, à publier le résultat de ces recherches, ont manifestement freiné les avancées scientifiques. La fin de ce monopole a permis de relancer les recherches. En 1991, une édition pirate de la majorité des photographies des manuscrits était publiée aux États-Unis. Peu après, les autorités israéliennes décidèrent de donner libre accès à tous les manuscrits. D’où, en 1993, l’édition en microfiches de la totalité des photographies. Depuis les années 1990, davantage de textes déchiffrés ont été publiés que durant les quarante années précédentes, et des traductions plus ou moins exhaustives des manuscrits sont désormais largement disponibles. Mais le difficile travail d’examen et de déchiffrage de ces rouleaux se poursuit encore aujourd’hui. Les technologies les plus récentes ouvrent de nouvelles opportunités pour avancer dans la connaissance de ces textes, notamment via l'étude ADN des peaux utilisées pour les parchemins qui permettraient d'en déterminer l'origine.
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Avis des membres sur LES GROTTES DE QUMRÂN
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