PANAMÁ CANAL RAILWAY COMPANY
Ce voyage spectaculaire entre Panama City et Colón dure une heure et se déroule dans une ambiance de luxe et de confort : moquette, sièges en cuir, hôtesses et café offert. Un petit air de « Tropical Express » ! Vous remarquerez vite les habitués : la plupart, commerçants de la Zone libre de Colon, se retrouvent pour jouer aux cartes. Des plateformes panoramiques ont été prévues pour les touristes. Les paysages de la forêt le long du canal sur une partie du trajet et du lac Gatún sont un enchantement ; on regrette alors que le train file si vite !
Histoire. La découverte de filons d’or en Californie en 1848 et la « ruée » qui s’ensuivit, sont à l’origine de la création de la voie de chemin de fer reliant Panamá et la future ville de Colón. A cette époque, la route naturelle à travers les grandes plaines nord-américaines est dangereuse. Faire le tour du continent en passant par le Cap Horn est aussi une aventure longue et périlleuse. En raison de son étroitesse, la traversée de l’isthme s’impose donc comme la route la plus rapide pour se rendre au Far West (celle du Nicaragua est également utilisée, via le Río San Juan et le lac Nicaragua).
C’est ainsi que des milliers de chercheurs d’or en provenance de l’est des États-Unis et d’Europe débarquent au nord de l’isthme. Très vite les Panaméens s’organisent pour profiter de ce flux d’aventuriers en leur faisant remonter le Río Chagres à bord de petites embarcations. Il faut alors trois jours pour rejoindre la localité de Cruces (engloutie en 1908 sous le lac Gatún). De là, il faut encore trois jours de marche à travers la jungle pour rejoindre le Pacifique. Le célèbre Camino de Cruces, ce chemin pavé au XVIe siècle pour transporter les richesses des colonies espagnoles, reprend alors du service. Les intrépides, armés de pelles, pioches et revolvers, devront encore débourser quelques dollars pour transporter leur matériel à dos de mule, sans toutefois être sûrs d’arriver vivants en raison d’un climat malsain, d’insectes agressifs et de détrousseurs… Arrivés à Panamá, s’ils n’ont pas dépensé l’argent qu’il leur reste dans les bars et bordels qui fleurissent dans la capitale, les voyageurs s’entassent dans des navires direction San Francisco… les pépites sont au bout !
Dans ce contexte, William Henry Aspinwall, Henry Chauncey et John Lloyd Stephens – les deux premiers sont à la tête d’une compagnie maritime assurant le transport postal sur les lignes New York-Colón et Panamá-San Francisco –, présentent un ambitieux projet de chemin de fer à travers l’isthme. Objectif : faire transiter rapidement tous ces chercheurs d’or, mais aussi café, cacao, indigo, argent… Ce mode de transport moderne (on ne comptait à l’époque qu’une poignée de lignes dans le monde) suscite un vif engouement. La Panama Railroad Company est créée et en avril 1850, Stephens signe avec Diego de Paredes, gouverneur de Nouvelle Grenade, une concession pour la construction et l’exploitation de l’ouvrage. Les travaux commencent deux mois après et attirent des ouvriers de Jamaïque, Grenade, Martinique, Italie, France, Irlande, Inde, Chine… La ville de Panamá profite de ces travaux titanesques et un terminus est fondé sur l’Atlantique en 1852, Aspinwall, rebaptisé Colón.
Mais le travail est difficile dans la moiteur tropicale, la boue et les marécages, et les maladies font des ravages : en cinq ans 12 000 ouvriers auraient perdu la vie sur le chantier. Un mort par traverse, exagèrent à peine certains !
Le premier train circule en janvier 1855. Les 75 km de voie sont un succès technologique : quatre heures suffisent pour passer d’un océan à l’autre, contre six jours autrefois. L’entreprise est des plus rentables : 30 000 passagers par an et des tonnes de marchandises transitent dans le train le plus cher du monde au kilomètre (le billet coûte 25 US$, payables en or). Les actions de la Panamá Railroad Company s’envolent pour être un temps les plus chères de la bourse de New York…
Mais en 1869, l’achèvement de la voie ferrée reliant l’est et l’ouest des États-Unis, marque la fin de l’âge « d’or » de la ligne panaméenne. Celle-ci retrouvera un rôle primordial lors des travaux de construction du canal, permettant aux Français puis aux Américains, propriétaires successifs de la ligne, d’acheminer rapidement hommes et matériaux d’un côté à l’autre de l’isthme, et surtout d’évacuer les tonnes de terres excavées.
Le 5 novembre 1903, les responsables de la ligne joueront un rôle héroïque dans la séparation du Panamá de la Nouvelle Grenade en refusant de faire partir le train pour Panamá, empêchant les soldats colombiens d’arriver à temps pour contenir la rébellion.
Avec la mise en service du canal en 1914, puis la construction de la route Panamá-Colón durant la Seconde Guerre mondiale, la voie ferrée, moins rentable, cesse temporairement de fonctionner. Avec le boom du transport par containers maritimes à la fin des années 1990, la société Panamá Canal Railway obtient une concession de 50 ans pour l’ouvrage qu’elle remet en service en novembre 2001. Le train transporte aujourd’hui par milliers ces grosses boites d’un côté à l’autre de l’isthme entre les ports de Cristóbal et de Balboa. La ligne transisthmique est aussi devenue une belle attraction touristique avec un train couleur rouge et or, qui offre dans le plus grand confort un voyage inoubliable le long du canal !Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
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Avis des membres sur PANAMÁ CANAL RAILWAY COMPANY
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