LE CHAMP DE MARS

Au pied du fort Adélaïde, le Champ-de-Mars fut un terrain de manœuvres militaires avant d'être un champ de courses. Il fut transformé en hippodrome le 25 juin 1812, afin de permettre aux administrateurs anglais et aux propriétaires des plantations sucrières français de partager un loisir commun où effacer les rancœurs. De nos jours, c'est l'un des lieux publics les plus fréquentées de Maurice. Aux mois un peu moins chauds, entre mi-mars et mi-décembre, c'est la folie ! Joueurs impénitents ou zougadères, comme on dit ici, les Mauriciens raffolent des courses hippiques et s'y rendent en nombre tous les samedis dès 10h alors que la première course ne commence qu'à 12h30.

Sur le Champ de Mars, les différences culturelles s'effacent, les paris s'engagent, les tribunes croulent sous une foule à majorité masculine, les cahutes des marchands ambulants exhalent des odeurs appétissantes... Quand la course commence, les parieurs se précipitent vers les barrières et un immense silence se répand dans la foule. Mais quand les chevaux s'approchent de la ligne d'arrivée, une onde extraordinaire envahit l'esplanade et les personnes placées en retrait se mettent à sautiller pour essayer d'apercevoir le vainqueur. Celui-ci sera salué par des cris de victoire ou de déception, dans une atmosphère incroyablement électrique !

Du côté des loges, les hurlements sont moins forts, les élans se font plus discrets. On est en terre bourgeoise, lieu des rendez-vous d'affaires et des mondanités. Les femmes portent des chapeaux, le champagne pétille dans les coupes. C'est qu'on joue gros, parfois plus d'un million de roupies. Ici, aux courses plus communes, on préfère les quatre classiques que sont : la Coupe de la duchesse d'York, la Barbé Cup, la Coupe du duc d'York et surtout la Maiden Cup qui se déroule exceptionnellement un dimanche (et non un samedi) de septembre. Cette dernière épreuve est la plus physique et la plus prisée. Spécialement préparés pour celle-ci, les chevaux y courent chaque fois deux tours, soit 2 400 mètres. Ce jour-là, la pelouse est remplie et la foule peut rassembler plus de 100 000 spectateurs.

Comment voir une course ? En plus de l'esplanade commune qui permet d'assister aux courses gratuitement et de tout près (la particularité du Champ de Mars est que la piste est proche du public), on peut opter pour la loge publique ou, encore mieux, pour une des loges privées. Ces dernières offrent des conditions optimales, en surplomb de la piste, avec vue également à l'arrière sur le rond du paddock pour admirer les chevaux avant l'effort.