Découvrez NEW YORK (MANHATTAN) : Broadway fait son show

En 1866, Charles M. Barras, un imprésario new-yorkais qui cherche le moyen de remplir les 3 200 places de son théâtre le Niblo's Garden a une idée de génie. Apprenant qu'une troupe de danseuses françaises qui doit présenter un ballet féérique est au chômage, car le théâtre qui devait les accueillir a brûlé, il décide de les embaucher pour compléter sa pièce de théâtre gothique. Ainsi naît The Black Crook, un spectacle grandiose sous forme de mélodrame, qui raconte l'histoire de Rodolphe, un artiste sans le sou, qui tombe dans les mains d'un escroc, ancien maître de magie noire, mêlant allègrement intrigue théâtrale, machines, chansons et danse. L'innovation est totale. Le spectacle partira en tournée et tiendra l'affiche plus d'une année. The Black Crook sera repris huit fois au cours des décennies qui suivent. De nombreux producteurs vont lui emboîter le pas et proposer, à leur tour, des spectacles faisant toujours plus dans la démesure. L'histoire de la comédie musicale américaine est en marche. Si le musical est conçu pour divertir le plus grand nombre, il s'agit d'un art à part entière, avec son histoire, ses codes, son répertoire, ses chefs-d'œuvre et ses acteurs. Ce savant mélange d'art et de commerce, de divertissement et de réflexion, de comédie et de tragédie, de chant et de danse rencontre un succès croissant auprès d'un public toujours plus nombreux.

La naissance d'un mythe

Broadway fait référence à un lieu du quartier des théâtres situé à Manhattan, à New York. Ce quartier s’étend autour de Times Square, entre la 35e et la 50e rue, de part et d’autre de l’avenue la plus ancienne et la plus longue, qui traverse la ville en diagonale. La définition d’un « Broadway Theater » passe d’abord par sa taille, et non pas s’il se situe à un endroit en particulier ou en fonction de son style de spectacle. Il doit pouvoir accueillir 500 personnes ou plus. C’est le cas d’une quarantaine de théâtres. En deçà, on parle alors de « Off-Broadway Theater », et s’il en reçoit moins de 100, il s’agit d’un « Off-Off-Broadway Theater ». Les théâtres de Broadway rémunèrent également mieux les interprètes et les équipes techniques, principalement parce qu’ils peuvent vendre plus de places. Leurs grandes scènes permettent des productions plus élaborées, ce qui signifie un public plus large, mais aussi des billets plus chers. Au-delà de ce périmètre, environ 300 petits théâtres, installés dans des locaux les plus divers (hangars, lofts, garages, églises), proposent un répertoire en marge des succès confirmés.

Aux États-Unis, le théâtre a mis du temps à s’implanter, car il était regardé avec méfiance par les pionniers puritains. L’accent a tout d’abord été mis sur des numéros divertissants, sans paroles, qui s’adaptaient au plus grand nombre. La variety, tenait alors davantage du cirque ou de la foire que de la représentation théâtrale. Le vaudeville, un variety expurgé de ses vulgarités, puis les minstrels shows, des représentations composées de chansons, de danses et de sketchs qui mettaient en scène un groupe de musiciens noirs, incarnés par des artistes blancs aux visages noircis, qui imitaient l’accent des esclaves des plantations, ont fait évoluer le genre. Ces différentes formes contenaient les ingrédients principaux de la comédie musicale de façon éparse : l’intrigue théâtrale, la chanson, la danse, la farce. Au tournant du XXe siècle, de nouveaux noms sont apparus : Victor Herbert, qui balancera toute sa vie entre les propositions artistiques légères et classiques, George M. Cohan qui proposera l’hymne officieux du quartier des théâtres new-yorkais avec « Give My Regards To Broadway » et puis Florent Ziegfield, et ses Ziegfield Follies avec leur arme fatale les Ziegfeld Girls, incarnation de la beauté et de l’insouciance. Petit à petit s’est formé ce qui s’appelle le Book Musical : toutes les pratiques individuelles (claquettes, chant, danse) sont intégrées à l’intrigue dramatique. Plusieurs compositeurs émergent grâce aux chansons qu’ils écrivent pour les revues, tels Jerome Kern, George Gershwin ou Cole Porter. Pour Broadway, 1927 est une année charnière dans un monde où l’argent coule à flots pour la comédie musicale. Cette année-là, on construit 8 nouveaux théâtres et l’on crée une cinquantaine de nouveaux spectacles (le soir du 26 décembre, 11 premières ont eu lieu au même moment.) Malgré l’éclosion du cinéma parlant, le genre de la comédie musicale a très bien résisté à New York et a continué à attirer de plus en plus de curieux, jusqu’à atteindre son âge d’or au début des années 1950. Le premier blockbuster musical s’appelle Oklahoma ! Il a été joué plus de 2 000 fois à New York et revient sur les planches de Broadway en 2019. Un petit tour au Museum of Broadway et vous saurez tout sur le quartier des théâtres et le monde merveilleux des comédies musicales !

La folie Broadway

Broadway est un monde spécial. D'incroyables histoires y ont ainsi pris place, incarnant les extravagances new-yorkaises. Ainsi, fin 2018, certains fans étaient prêts à débourser la somme folle de 40 000 US$ pour un billet de Springsteen on Broadway, alors que l'artiste achevait sa résidence à Broadway, après 236 shows. Une Irlandaise, qui avait attendu 4 jours sur le trottoir à l'extérieur du Richard Rodgers Theatre pour acheter des billets pour voir Hamilton, s'est aperçue au dernier instant qu'il lui manquait 20 dollars, un officier de police new-yorkais lui a alors proposé les dollars manquants. Et il n'est pas rare de trouver des aficionados dans la file d'attente pour acheter des tickets, qui ont parcouru plusieurs milliers de kilomètres uniquement pour obtenir le précieux sésame. Le Fantôme de l'opéra, resté à l'affiche jusqu'en 2023 et quittant Broadway 36 ans après ses débuts, détient toujours le record de la comédie musicale la plus jouée sur Broadway. Les recettes mondiales ont dépassé les 5,6 milliards de dollars et Broadway à lui seul a généré plus de 845 US$ millions de ce succès. La reprise (revival) la plus ancienne de Broadway est Chicago, qui se produit toujours, depuis sa création en 1996. Il y a des dizaines de spectacles à l'affiche, donc choisissez bien… Et ne faites pas votre choix uniquement en fonction d'un artiste en particulier, car les acteurs changent souvent ou n'ont pas toujours le rôle phare. Pour découvrir les plus grands succès, fiez-vous aux résultats des Tony Awards, les Oscars pour les pièces de Théâtre. N'ayez pas peur de ne pas comprendre les paroles en anglais : il est inutile d'être bilingue pour suivre le show, il suffit simplement de goûter le spectacle et de vous laisser transporter quelques heures. Toutefois, si vous ne comprenez pas bien l'anglais, évitez les spectacles qui doivent leur succès à leurs dialogues de génie plus encore qu'à leur mise en scène forcément spectaculaire, tels que The Book of Mormon. L'autre solution est de sélectionner les comédies musicales basées sur des films. Car le revival a la cote. Avec des œuvres qui ont fait leurs preuves, il permet ainsi un investissement moins lourd et une moindre prise de risque. Choisissez ensuite bien votre siège et arrivez au moins 30 minutes en avance. Vous pouvez aussi réserver votre restaurant en avance aussi ! Ou alors choisissez de vivre à l'américaine, et optez pour un burger à 17h. Une fois le spectacle fini, ou lorsque votre acteur favori a terminé de jouer, tentez une approche vers les stage doors, pour solliciter les artistes avant leur départ et leur arracher un autographe.

Bien choisir son show

Si vous optez pour un spectacle très populaire, il est impératif de réserver au préalable, sous peine de ne pas trouver de place le jour J. Il est toujours possible d'acheter son billet directement à un stand TKTS qui propose des prix très intéressants et défiant toute concurrence. Mais, même si cette solution est intéressante en termes de tarifs, cette dernière est moins pratique, car les places sont limitées et la demande est importante. Il est donc conseillé de se rendre au stand TKTS une heure avant son ouverture. Le stand de Times Square est situé sous les fameux escaliers rouges de la place Father Duffy Square. Le Richard Rodgers Theatre est pris d'assaut chaque soir pour assister au spectacle Hamilton, qui raconte l'ascension d'Alexander Hamilton, un immigré orphelin des Caraïbes que l'on suit de son enfance jusqu'à son engagement dans l'indépendance des États-Unis et sa nomination aux plus hautes fonctions de l'État. Lors de ses premières représentations, Hamilton a souvent été considéré comme révolutionnaire à cause de son style musical qui, pour la première fois dans l'histoire de la comédie musicale, lorgne (un peu) vers le hip-hop. Gagnant de onze Tony Awards, Prix Pulitzer 2016 pour le théâtre et cité à plusieurs reprises par Hillary Clinton dans ses discours officiels, ce spectacle connaît un énorme succès, la pièce est particulièrement demandée et les tickets restent globalement chers. Une application Hamilton existe permettant de participer à une loterie qui attribue des places pour la modique somme de 10 US$. Mis à part la loterie, pour obtenir les tarifs les plus avantageux, vous devez impérativement anticiper l'achat de votre ticket plusieurs semaines avant la date choisie ou, à défaut, attendre les éventuels désistements dans la file d'attente devant le théâtre.

Depuis les années 1980, Walt Disney a investi le Musical dans lequel il exploite des histoires qui ont fait leurs preuves sur grand écran. Les 20 millions de dollars investis dans Le Roi Lion en 1997 ont été vite amortis. Récompensée aux Tony Awards, Le Roi Lion - The Lion King est la comédie musicale la plus connue de Broadway et présente une parfaite adaptation du film de Disney. Le spectacle dure environ 2h45 et il a lieu au Minskoff Theater. Autre proposition Disney, la comédie musicale Aladdin vous propose de vous plonger dans le monde des Mille et Une Nuits. S'il n'y a pas de perroquet ou de singe parlant sur scène, la mise en scène est somptueuse. À vous de deviner comment le tapis volant se déplace miraculeusement devant vos yeux… Ce spectacle dure 2h25 et il a lieu au New Amsterdam Theatre.

Le spectacle Chicago raconte l'histoire de deux femmes emprisonnées pour cause de crimes passionnels, qui évoluent entre meurtre, corruption et show-biz. La comédie musicale a reçu six Tony Awards, un Grammy et deux Olivier Awards. Elle est présentée à l'Ambassador Theatre.

Les amateurs du Magicien d'Oz se précipiteront voir Wicked au Gershwin Theatre pour vivre l'histoire d'un nouveau point de vue, celui des sorcières du pays d'Oz. Femmes fortes, amitiés chamboulées et pouvoir fantoche, le succès de la pièce tient par les thèmes qu'elle aborde, par l'univers du Magicien d'Oz qu'elle reprend et par le bouche-à-oreille du public.

Si vous avez envie de voir un spectacle plus original, découvrez Stomp, une création chorégraphique et musicale acoustique, qui s'appuie sur les objets du quotidien pour les transformer en percussions. Le spectacle se joue dans une petite salle de l'Orpheum Theatre. Plus décapante encore, The Book of Mormon, la première comédie musicale écrite par Matt Stone and Trey Parker, les créateurs de South Park, à l'affiche depuis 2011, mais qui n'a rien perdu de sa truculence. L'histoire de deux missionnaires mormons, l'un sérieux et dévoué, l'autre maladroit et pourtant de bonne volonté, qui sont envoyés en Ouganda pour convertir les citoyens à la religion mormone. Lorsqu'ils arrivent en Afrique, ils découvrent alors une communauté aux prises avec la pauvreté, le sida et la violence. Gagnant de neuf Tony Awards, dont le prix du meilleur spectacle musical en 2011, cette comédie musicale hilarante est devenue un classique de Broadway. Le spectacle est proposé au Eugene O'Neill Theatre.

Autre spectacle, My Fair Lady, joué pour la première fois sur Broadway en 1956 et inspiré d'une pièce de George Bernard Shaw écrite en 1954, qui a également été adaptée au cinéma avec Audrey Hepburn dans le premier rôle. On y suit l'histoire d'Eliza Doolittle, une jeune femme issue d'un milieu pauvre au fort accent cockney qui fait la rencontre d'Henry Higgins, linguiste qui va tenter de la débarrasser de ses manières populaires pour la faire entrer la haute société londonienne. Enfin Moulin Rouge ! The Musical, dont les premiers shows ont commencé en juillet 2019 et qui aligne pas moins de 70 hits, des années 1940 à nos jours, comprenant des chansons d'Elton John, de Sting, de Katy Perry, des Rolling Stones, de David Bowie ou de Bob Dylan.

Pour aller plus loin dans la découverte, poussez la porte des écoles de comédie musicale. La New York Film Academy propose des ateliers de danse et de chant de courte durée (1 à 4 semaines), animés par certains des artistes se produisant sur les scènes de Broadway. Le Broadway Dance Center n'est pas réservé qu'aux danseurs aguerris. Cette école de danse, l'une des plus grandes écoles au monde, propose aussi une initiation pour débutants, dans tous les styles, qui vous permettra de vous retrouver pour quelques heures dans la peau d'un performer de Broadway.

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