PALAIS AZEM

Après avoir visité une première fois ce palais ottoman, on y retourne ne serait-ce que pour goûter au calme et à la fraîcheur des lieux. Il est bien dommage que les guides ne parlent pas français tant on souhaiterait partager avec des connaisseurs l’émerveillement causé par les pièces exposées. Il a fallu quatre ans pour achever la construction de ce palais, entreprise entre 1749 et 1752, selon les volontés de Assaad Pasha al-Azem, le neveu de Suleiman Pasha. Incendié en 1925, le palais va abriter cinq ans plus tard l’Institut français d’archéologie. Il sera rendu à la famille Azem à l’indépendance, acheté par l’Etat syrien et transformé en musée en 1954. Son plan est conforme à l’architecture privée arabe de l’époque, avec salemlik et haremlik. Il comporte 17 grandes salles et 28 chambres dont 9 au premier étage.

La visite débute par la partie privée de la demeure, le haremlik, dont la belle cour est mise en valeur par des essences variées : tamaris, jasmins, orangers et citronniers, vigne...

Pour rompre la monotonie créée par les lignes blanches, noires et ocre des façades et le plan rectangulaire de la cour, l’architecte a composé avec une grande variété de formes : auvent, iwan, portique à colonnes, ornements des portes et des fenêtres, taille des bâtiments... Cette vaste cour dallée polychrome, agrémentée d’un bassin et d’une fontaine, dessert des pièces de taille variable mais de conception identique : une partie de plain-pied face à la porte d’entrée, et une partie surélevée haute d’un peu moins de cinquante centimètres.

L’intérieur comprend des boiseries peintes et des plafonds richement décorés. Parcourant la cour dans le sens des aiguilles d’une montre, on laisse à gauche les communs (non accessibles), puis on visite successivement les différentes pièces qui abritent les collections du musée. La salle de la Mariée est l’une des plus richement décorées du palais (au mur, décoration de marbre, de pierre et de bois). On peut y voir des vases à parfum et de curieux « hauts sabots en bois » (pour l’essayage des robes).

Dans la salle de la Belle-Mère, une chaise d’accouchement nous est présentée. La salle du Pèlerinage évoque le pèlerinage à La Mecque, dont Damas était l’un des points de rassemblement. Des photographies, un chameau portant le mahmal (un baldaquin dans lequel un magnifique exemplaire du Coran était en sécurité) et des exemples précieux d’ornementation du Coran font de cette salle une des plus remarquables du palais.

La salle du café populaire présente un théâtre d’ombres, un jeu de mangale (connu sous le nom d’awalé en Afrique) et les indémodables narguilés.

Après l’iwan, on accède au petit hammam, bel exemple de bain privé, avec pièce de déshabillage et succession de salles à température croissante. Au fond, on aperçoit le foyer qui permettait le chauffage du bain et de l’eau. En sortant du hammam, on accède à la salle de réception (le Qa’a) par une volée d’escaliers. Les trois consoles à mouqarnas, les plafonds, les porcelaines de Delft ainsi que le mobilier exposé sont particulièrement remarquables.

Le passage au salemlik s’effectue par la salle du djebel Druze. Parmi les très belles pièces exposées, de somptueux costumes et nombreux tissus traditionnels, dont certains – lors des fêtes druzes notamment – sont encore portés. Les pièces du salemlik, disposées autour d’un grand bassin ombragé, datent de la reconstruction du palais après l’incendie de 1925. Elles sont dédiées à l’artisanat : travail du dinandier, du cuir, du verre... On quitte le palais Azem par le couloir qui, de la rue, conduisait au salemlik.

Le souk Al-Bazouriyé commence à la sortie du palais Azem, qu’il relie à la rue Droite. C’est alors une véritable plongée dans les effluves enivrants d’Orient où se mélangent herbes, épices, confiseries et célèbres fruits de la Ghouta, dans une ambiance très animée. Sur la gauche de la rue, deux curiosités attirent l’attention : le hammam Noureddin et le khan Assaad Pasha.