MARCHÉ DE BATI

Le lundi se tient l’un des marchés les plus connus d’Ethiopie et qui a donné son nom à une gamme pentatonique et à de nombreuses chansons. Bati est un nom magique, évocateur de mille senteurs, rencontre immémoriale de peuples très différents – Afar, Oromo ou Amhara – venus des basses terres où serpente la rivière Awash ou des hauts plateaux du Wollo et du Choa. Bati est un Wenna Dega, c’est-à-dire une moyenne altitude et la température est très clémente. Le marché est en fait composé de trois marchés très différents : celui des céréales (tef, orge, blé, avoine et autres), celui des bestiaux (moutons, chèvres, zébus aussi bien que chameaux et ânes) et le marché tout public où l’on trouve des variétés de miel extraordinaires, du très bon beurre, des encens très bon marché et naturels, des habits de coton tissés et brodés, des pagnes colorés très beaux, des bijoux faits main très beaux, des couteaux ciselés sur des forges de fortune de très bonne qualité avec étui en peau de chèvre atteignant parfois des tailles impressionnantes, des argiles médicinales réservées aux femmes, des tomates vertes, des oignons rouges, des mesob en vannerie équipés de couvercle qui sert à présenter les plats, des paniers et différentes sortes d’alcool de miel ou de kosso ainsi que toutes sortes de choses et bien sûr un tas de chinoiseries colorées entassées sous des toiles pour se protéger du soleil.

Avant 10h du matin, il fait moins chaud et il y a moins de monde, car les gens marchent parfois plus de 5h depuis leur domicile pour rejoindre le marché. Les nomades sont priés de laisser leur Kalachnikov à la maison – ce qu’ils font d’ailleurs. Il n’y a pas de problème de sécurité mais c’est bien d’être accompagné d’un gars du pays ou d’un traducteur sympathique, cela peut aider à prendre des photos par exemple, ou à négocier des prix décents, quitte à acheter plus de choses pour un prix moins élevé. Quand vous avez conclu un marché, serrez la main du marchand et dites « Gezo ». Vous trouverez des bijoux en nickel mais aussi en argent, comme de jolies pièces de monnaie à l'effigie de Marie-Thérèse d'Autriche datant du XVIII^e siècle qui servaient de monnaie de commerce locale, souvent montées en pendentif au cou des femmes oromo.

À la fin du marché, quand la chaleur est écrasante, on peut voir les hommes se désaltérer de tella (bière traditionnelle assez légère)... et avec un peu de chance, viendra un azmari accompagné de sa femme et de son instrument. Il est aussi possible d'acheter une botte de khat et de l'offrir à des amis éthiopiens.