TEKKÉ HALA-SULTAN

Profitant d’un cadre magnifique, au bord du lac salé, ce sanctuaire (Τεκές Χαλά Σουλτάνας/Tekes Chala Soultanas, Hala Sultan Tekkesi) est considéré par certains comme le quatrième lieu saint de l’islam, après La Mecque, Médine et Jérusalem. Il est dédié à Umm Harâm (v. 570-652) : appelée Hala Sultan en turc, celle-ci fut la nourrice du prophète Mahomet et l’épouse d’Ubâda ibn As-Sâmit, chef de guerre qui participa aux premières conquêtes arabes. Il comprend un tekké (lieu de culte soufi), le mausolée d’Umm Harâm et une mosquée (lieu de culte sunnite). Alors âgée, mais déjà considérée comme un personnage important de l’islam, Umm Harâm serait morte ici en 652… en tombant de son âne, alors qu’elle accompagnait son mari venu mater une révolte. Sa dépouille aurait été ramenée en Arabie. Mais d’après la croyance locale, Umm Harâm fut enterrée ici. Ce sont des derviches, des religieux appartenant à la branche mystique de l’islam, le soufisme, qui veillent sur la tombe. La plupart des bâtiments datent des XVIII^e et XIX^e siècles. Laissés à l’abandon depuis le départ forcé des Chypriotes turcs dans les années 1960, ils ont été restaurés sous l’égide des Nations unies. Et, depuis 2011, c’est la confrérie soufie des naqshbandis qui assure l’accueil des pèlerins.

Visite. La porte donne sur le jardin de Gülşen-Feyz (« roseraie de la plénitude »). De part et d’autre de l’entrée se trouvent les maisons où sont accueillis les fidèles : le haremlik, à droite, pour les femmes, le selamlik, à gauche, pour les hommes. Puis se dresse la mosquée coiffée d’un dôme. Elle fut érigée en 1813-1817 et le minaret, reconstruit en 1959. C’est derrière le mur donnant vers La Mecque (la qiba) que s’élève le tombeau d'Umm Harâm. Le sarcophage est recouvert de velours vert et protégé par une grille. Le mystère demeure quant à savoir s’il est vide ou non. Il est entouré de quatre tombes, dont celle d’Adila Khanum (1879-1929), épouse de Hussein ben Ali (1856-1931), chérif de La Mecque à l’origine de la dynastie jordanienne. Du côté opposé se trouve la fontaine (1797) réservée aux ablutions rituelles. Enfin, dans la partie orientale, le complexe abrite un cimetière utilisé jusqu’à la fin du XIX^e siècle. On peut aussi visiter le site archéologique de Vyzakia, 600 m au nord-ouest du sanctuaire, au bord de la route. Il s’agit des vestiges d’une ville s’est développée grâce au commerce du sel du lac au II^e millénaire av. J.-C. La cité prospéra entre 1750 et 1150 av. J.-C., non seulement grâce à « l’or blanc » du lac, mais aussi en exportant les minerais du Troodos.