ENCLAVE DE KOKKINA/ERENKÖY
Territoire de 19 km² isolé depuis 1964, occupé par l’armée turque et gardé par les casques bleus. Visible depuis la route.
Sur la côte de Tillyrie, cette enclave de 19 km2 est une étrangeté qui ne se visite pas. On peut toutefois l’apercevoir depuis les hauteurs, sur la route vers Kato Pyrgos, environ 4 km après Pachyammos. Appelée Kokkina/Κόκκινα en grec (ce qui veut dire « rouge ») et Erenköy ou Koççina en turc, ce territoire est cerné par une zone tampon gardée par les casques bleus. Il s’agit d’un ancien village portuaire chypriote turc qui fut le théâtre d’une bataille de trois jours en août 1964. Aujourd’hui rattachée à l’autoproclamée République turque de Chypre Nord, l’enclave est occupée par l’armée turque depuis 1974. Tout commence en 1963, quand les habitants chypriotes turcs des villages voisins viennent se réfugier ici pour échapper aux paramilitaires chypriotes grecs de l’EOKA (Organisation nationale des combattants chypriotes). Le 6 août 1964 marque le début de la « bataille de Tillyrie ». L’EOKA et les forces gouvernementales encerclent et attaquent le village défendu par des miliciens de la TMT (Organisation turque de résistance). Ces derniers reçoivent alors le soutien de la Turquie qui lance son armée de l’air non seulement contre les forces chypriotes grecques, mais aussi contre les villages voisins, notamment Pachyammos, Pomos et Kato Pyrgos. Le 9 août, un cessez-le-feu est décrété et les casques bleus s’interposent.
Napalm et résistance. La bataille de Tillyrie a fait entre 200 et 300 morts, en majorité des civils chypriotes grecs tués par des bombes au napalm lâchées sur Pachyammos. Les positions tenues par les deux camps le 9 août 1964 délimitent toujours le territoire et sa zone tampon. Et les casques bleus sont toujours là. Au sein de l’enclave, toutefois, plusieurs choses ont changé. Tout d’abord, ce ne sont plus des militants de la TMT qui occupent les lieux, mais des soldats de l’armée turque, qui sont ravitaillés par bateau ou par hélicoptère. Ensuite, du fait de l’isolement du village, tous les habitants sont partis en 1976. Une grande partie s’est établie dans la zone Nord, dans le village de Gialousa, qui a pris le nom turc de Yeni Erenköy (« nouvelle Erenköy »). Enfin, depuis 2010, l’ancienne route entre l’enclave et le lieu-dit Mansoura s’ouvre parfois. Ainsi, chaque 8 août, les familles des anciens habitants accompagnés d’officiels viennent de zone Nord en car pour célébrer ici la « résistance d’Erenköy ». Le même jour, à Pachyammos, se tient une autre cérémonie en souvenir des victimes des bombardements turcs.
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