CATHÉDRALE AGIOS IOANNIS THEOLOGOS

Cette cathédrale (Καθεδρικός Ναός Αγίου Ιωάννη/Kathedrikos Naos Agiou Ioanni tou Theologou, St. John's Cathedral) est le siège de l’archevêque orthodoxe de Chypre, conjointement avec la nouvelle cathédrale voisine. Fondée au XVIII^e siècle, elle est dédiée à Jean, dit « le Théologien », l’un des apôtres du Christ. Depuis l’indépendance (1960), c’est ici que se déroulent les grandes cérémonies officielles du pays. Le bâtiment a été érigé à l’emplacement d’une abbaye bénédictine du début du XIII^e siècle, elle-même bâtie sur un complexe fondé par des moines orthodoxes de Syrie au X^e siècle. Ce n’est que peu de temps avant la prise de la ville par les Ottomans (1570) que les Vénitiens confient le lieu au clergé orthodoxe de Chypre. Renommé « Saint-Jean-le-Théologien », l’endroit demeure d’abord un monastère. Dès 1592, c’est d’ailleurs un puissant centre de diffusion de l’hellénisme, toléré par les Ottomans. L’ancienne chapelle bénédictine est agrandie à partir de 1662, puis transformée en cathédrale en 1730.

Visite. D’inspiration gothique et byzantine, le bâtiment se révèle pourtant bien pataud : une simple nef de 22 m de longueur soutenue par de gros contreforts carrés et se terminant à l’est par une abside, un narthex (ouest) ajouté en 1779 et un clocher datant du milieu du XIX^e siècle. À sa décharge, le bâtiment fut remanié lors d’une grave crise interne de l’Église chypriote (1720-1730). On note trois remplois d’ornementations provenant de la chapelle bénédictine. Au-dessus de la petite entrée utilisée au quotidien, le linteau en marbre est gravé du lion de Venise, bien préservé. En revanche, au-dessus de l’entrée principale, sous le narthex, un autre linteau en marbre porte un bas-relief très abîmé : deux lions entourant les armes des rois de Chypre et de Jérusalem. Ce traitement différent de deux symboles du passé n’est pas un hasard. Aux yeux de l’archevêché, les Lusignan « volèrent » l’église aux orthodoxes ; les Vénitiens la leur « rendirent ». À l’intérieur, les voûtes et les murs sont entièrement recouverts de motifs de style byzantin réalisés entre 1736 et 1756. Il s’agit des plus anciennes peintures chrétiennes conservées à Nicosie. Parmi les milliers de personnages représentés, les scènes du plafond retracent l’histoire du premier évêque de Chypre, saint Barnabé, et la découverte de son tombeau à Salamine, près de Famagouste. L’iconostase est tout aussi chargée, recouverte de nombreux motifs à la feuille d’or.