MOSQUÉE SELIMIYE
Monument le plus prestigieux de Nicosie : une ancienne cathédrale érigée entre 1209 et 1326 sur le modèle de Notre-Dame de Paris.
Cette mosquée (Selimiye Camii) est le monument le plus impressionnant de Nicosie. Il s’agit de l’ancienne cathédrale catholique Sainte-Sophie, chef-d’œuvre de l’art gothique érigé à partir de 1209, qui fut transformée en lieu de culte musulman en 1570 et nommée en l’honneur du sultan ottoman Sélim Iᵉʳ. Sur les deux clochers surmontant la façade sont installés deux minarets s’élevant à 50 m de hauteur. Entre eux sont suspendus deux immenses drapeaux : celui de la Turquie et celui de l’autoproclamée République turque de Chypre Nord. Pour le reste, le bâtiment de 82,50 m de longueur conserve l’apparence générale de la cathédrale d’origine, un site prestigieux où les rois francs de Chypre étaient couronnés. Çà et là demeurent des motifs végétaux sculptés qui ne furent pas jugés impies par les Ottomans. Toutefois, presque tous les symboles ostensiblement chrétiens, a fortiori les représentations humaines, ont été détruits ou martelés : vitraux, fresques, gargouilles, croix sculptées, etc.
Notre-Dame de Paris comme modèle. La cathédrale catholique a elle-même été érigée à l’emplacement de la cathédrale orthodoxe grecque Agia Sofia (Sainte-Sophie), dont la présence remontait au moins au XIe siècle. Retardée par des séismes, la construction du nouveau bâtiment prit plus d’un siècle et des maîtres venus de France participèrent au chantier qui s’acheva en 1326. Le résultat n’est pas sans évoquer la cathédrale Notre-Dame de Paris, érigée à la même période (1163-1345) et dans le même style : elle a servi de modèle aussi bien pour le plan général que pour la façade. Cette dernière date de 1326. Elle est percée par une grande baie en rosace où le vitrail a été remplacé par des tessons de couleur laissant pénétrer la lumière à l’intérieur. Elle est précédée d’un remarquable porche realisé quelques années plus tard. Celui-ci est surmonté, à gauche, d’une tour d’où étaient sonnées les cloches. Une autre tour, prévue à droite, ne fut jamais construite. Le porche s’ouvre sur trois portails sculptés en marbre à partir de matériaux provenant du site antique de Salamine de Chypre, près de Famagouste. Toutes les niches des trois portails ont perdu les statues de saints qui les ornaient.
Figures « impies ». Le portail central conserve les seules représentations humaines de l’édifice. Celles-ci sont sculptées au niveau des voussures du tympan et sur une petite partie du tympan lui-même. Enduites de plâtre en 1570, ces œuvres ont été redécouvertes en 1949. Les voussures sont décorées de guirlandes de feuillages, de bouquets d’églantier et, surtout, de 88 statuettes intactes : vingt-huit rois, trente saints et trente évêques. En bas de la partie centrale du tympan, trois autres personnages sont visibles : deux à terre et un autre renversé en arrière. Ils appartenaient à une représentation de la Transfiguration, épisode durant lequel le Christ change d’apparence pour révéler sa nature divine à ses disciples. C’est une influence orthodoxe locale : ce thème est rarement traité dans les églises latines, mais fréquemment observé dans les églises byzantines. Enfin, au niveau du seuil de l’entrée, remarquez les plaques de marbre gravées de noms, monogrammes et symboles. Il s’agit de graffitis de pèlerins chrétiens des XIVe et XVe siècles.
Élégantes voûtes en arc brisé. L’intérieur a été réaménagé pour les besoins du culte musulman : sur sa confortable moquette, la mosquée peut accueillir 2 500 fidèles. Elle n’est toutefois plus utilisée que pour de grandes fêtes religieuses comme l’Aïd el-Adha (sacrifice d’Abraham) et l’Aïd el-Fitr (fin du ramadan). Mais on reconnaît bien le plan typique des cathédrales françaises du XIIIe siècle : nef, chœur sans transept et abside. La grande nef date de la deuxième partie du XIIIe siècle. Elle se compose de la nef centrale avec deux bas-côtés (axe ouest-est) et de quatre travées (axe nord-sud) délimitées par deux rangées de cinq larges et hautes colonnes. Ces dernières sont soutenues par des contreforts extérieurs dont les colonnes fasciculées sont encastrées sur les murs des bas-côtés. Grâce à un élégant système de voûtes en arc brisé, cette disposition a permis d’élever le plafond de la nef centrale à 24 m de hauteur, mais aussi d’ouvrir de hautes fenêtres sur les bas-côtés (en partie obstruées depuis 1570, elles accueillaient les vitraux). La symétrie générale de la nef a été rompue par l’ajout d’une chapelle sur le bas-côté sud au XVe siècle. Celle-ci devait servir de base à une flèche ou à un clocher qui ne fut jamais construit.
Mihrab et minbar. Si la cathédrale est orientée à l’est, la transformation en mosquée a entraîné un changement de perspective vers le sud-est, en direction de de la qibla, l’emplacement de la Kaaba de La Mecque. La qibla est signalée par le mihrab. Cette niche sculptée constitue l’élément central des mosquées. Elle est ici installée dans l’ancienne chapelle du bas-côté sud. Créé dès 1570, ce magnifique mihrab est orné de faïences et peintures aux couleurs éclatantes. En face du mihrab, la grande estrade à balustrade est le dakka, espace réservé au muezzin et aux personnalités importantes. Et, à la droite du mihrab, se trouve le minbar, second élément le plus important d’une mosquée. C’est du haut de cette chair que l’imam dirige la prière et fait son sermon (khutba) lors des grandes prières collectives. Le minbar est lui aussi richement décoré. Terminez la visite à l’extérieur, en allant admirer les splendides arcs-boutants du chevet autour de l’abside.
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Avis des membres sur MOSQUÉE SELIMIYE
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.
L'extérieur est très beau mais l'intérieur sans grand charme.
Tout le quartier est sympathique à visiter