ABBAYE DE BELLAPAÏS
Ancienne abbaye catholique française du XIII siècle. Magnifiques ruines gothiques et vues grandioses sur la côte. Incontournable.
Cette ancienne abbaye catholique française (Bellapais Manastırı, Αββαείο Μπελαπάις/Avvaeo Belapaïs) est le monument le plus romantique de Chypre. Surplombant Kyrenia, à 220 m d’altitude, ses magnifiques ruines gothiques du XIIIe siècle offrent un panorama grandiose sur la mer et les verdoyants villages des alentours.
Grandeur et décadence. Au VIIe siècle, le site pourrait avoir servi de refuge aux évêques byzantins fuyant les raids arabes. Mais les premiers à s’y installer durablement furent les chevaliers catholiques de l’Ordre du Saint-Sépulcre, après la prise de Jérusalem par Saladin en 1187. C’est pour ces moines-soldats augustins que le roi de Chypre Amaury II de Lusignan fonde l’abbaye vers 1198-1205 sous le nom de Notre-Dame de la Montagne. Mais, dès 1206, le lieu est confié à l’ordre des prémontrés, des chanoines venus de Laon (Picardie) et suivant eux aussi la règle de saint Augustin. Ainsi, le monastère sera longtemps appelé « abbaye blanche » en référence à la tenue des religieux. Ce qui va assurer sa renommée, c’est la donation du chevalier Roger Normand, en 1246 : un trésor provenant du pillage de Constantinople par les croisés en 1204. Ce seigneur normand de Sicile offre à l’abbaye 600 pièces d’or byzantines et, surtout, une relique supposée de la Vraie Croix, celle sur laquelle fut mis à mort le Christ. Les pèlerins accourent. Pour profiter de cette manne et du prestige de l’abbaye, les Lusignan se font nommer abbés. Les bâtiments que l’on peut voir aujourd’hui datent de cette période : entre 1267 et 1284, Hugues III de Chypre fait construire l’église et le dortoir, puis Hugues IV, le cloître, le réfectoire ainsi que ses propres appartements (1324-1359). En 1373, l’abbaye est pillée par les Génois. Commence alors un long déclin. Le complexe est délaissé par les Lusignan. Après la prise de l’île par les Vénitiens, en 1489, subsiste une petite communauté de moines aux mœurs de plus en plus relâchées : les femmes y sont tolérées, puis s’y installent ; des témoins évoquent la polygamie et des novices choisis parmi les garçons nés de ces unions. Pour cette attitude très « tolérante », le site est alors appelé abaie lapais (« abbaye de la paix » en vieux français). Ce qui donnera plus tard bella paese en italien, par évocation des « beaux paysages » des alentours, puis finalement Bellapaïs. Après la conquête ottomane (1571), le monastère est confié au clergé orthodoxe chypriote. Mais celui-ci s’en désintéresse. L’abbatiale sert d’église paroissiale et les bâtiments annexes sont utilisés comme carrière. Il faut attendre la fin du XIXe siècle pour que les premières mesures de conservation soient prises par les Britanniques. Lors des premiers jours de l’invasion de 1974, c’est ici que sera transféré l’hôpital de Kyrenia. Un an plus tard, le dernier prêtre orthodoxe est chassé de Bellapaïs.
Visite L’abbaye conserve cinq bâtiments : église (sud), cloître (centre), réfectoire (nord), dortoir et salle capitulaire (est). Et à l’emplacement des anciens entrepôts (ouest) se trouve aujourd'hui le restaurant Kybele. L'église a subi peu de modifications depuis sa consécration vers 1280. Son nom grec conserve le souvenir de l’abbaye blanche des prémontrés : Panagia Asproforousa, « Vierge à la robe blanche ». Longue de 27 m et haute de 11 m, l’abbatiale est dominée par un clocher-mur percé de quatre baies où ne subsiste qu’une cloche. À l'intérieur, de belles voûtes d’ogive évoquent certaines églises françaises du XIIe siècle. Par sa simplicité, l’architecture révèle en effet une influence de l’ordre de Cîteaux : un narthex, une nef à deux travées avec un transept non saillant qui se prolonge par une abside. Les ornementations sont rares et postérieures : une chaire finement sculptée (XIVe siècle), des fresques italiennes sous le porche (XVe siècle). Parmi les éléments orthodoxes subsiste l’iconostase en bois sculpté (1884). Mais les icônes les plus précieuses (XVIIe siècle) se trouvent au Musée byzantin, à Nicosie. Le cloître, plus tardif (mi-XIIIe siècle), témoigne du style « gothique rayonnant » avec ses arches aux rampages d’une grande finesse. Notez ce sarcophage romain en marbre sculpté (IIIe siècle) qui servait de lavabo aux moines. Les dix-huit arches ont été préservées, mais la galerie ouest a été démolie au XVIIe siècle, en même temps que le cellarium (entrepôt). Le réfectoire, vaste bâtiment (30 x 10 m), est le mieux conservé avec sa chaire en saillie et sa rosace finement ouvragées, ses six voûtes intactes auxquelles répondent six fenêtres offrant une vue complètement dégagée sur la côte. Au-dessus de la porte, se trouvent trois blasons sculptés : le lion des Lusignan, la croix des rois de Jérusalem et les deux éléments précédents combinés pour former les armes du royaume de Chypre. Dans le dortoir (20 x 8,5 m), les pierres autrefois recouvertes d’enduit laissent apparaître les marques de fabrique des ouvriers qui les ont taillées : certaines en forme de N, d’autres proches d’un K, d’autres encore évoquant la croix des chevaliers de Jérusalem, puis des combinaisons aux graphies plus élaborées. Ces marques permettaient de quantifier le travail des tailleurs afin de les rémunérer. Enfin, la salle capitulaire (8,5 x 8,5 m) est située dans le prolongement sud du dortoir. C’est là qu’étaient prises les décisions concernant la communauté monastique. Un passage permettait d’accéder aux ateliers de la crypte et à la sacristie de l’église. Au centre, se dresse une colonne byzantine en marbre qui soutenait huit arches.
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Avis des membres sur ABBAYE DE BELLAPAÏS
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.
Ce n'est pas le plus beau site que j'ai fait durant mon voyage.
La visite est assez rapide, je vous conseil de le faire en fin de matinée comme ça vous pouvez profiter des nombreux resto du village.
Dans un village typique et fort agréable il y avait une abbaye qui au fil du temps a subi quelques dégâts. Mais ce qu'il en reste est magnifique: la cathédrale, les espaces du monastères ont été très bien restaurés. C'est super!!!......