MUSÉE DU PRADO
Connu dans le monde entier, le musée du Prado est un passage obligé depuis plus de 200 ans. Impossible de ne pas le visiter !
Impossible de passer par la capitale espagnole sans visiter ce célèbre musée (qui a d'ailleurs fêté ses 200 ans en 2019), qui rassemble l'une des plus grandes collections d’œuvres espagnoles (Velázquez, Zurbarán, Goya, Murillo, Ribeira, El Greco…), mais aussi européennes du XIIe jusqu'au XIXe siècle (Rubens, Raphaël, Titien, Tintoret, Dürer, Van der Weyden) ainsi que des œuvres antiques grecques et romaines.
Le bâtiment lui-même fut conçu par Juan de Villanueva, architecte madrilène, en 1786. Il fut alors commandé par le fameux roi Charles III (surnommé le roi maçon, en raison du nombre d’édifices qu’il fit construire) comme élément du « Salon » du Prado. La promenade, construite à l’époque, attirait les Madrilènes importants qui y parlaient mariage, affaires… Charles III, homme des Lumières, fit construire le long de la promenade l’observatoire astronomique, le jardin botanique et l’actuel musée qui aurait dû servir à l’étude de l’histoire naturelle. Pendant l’invasion napoléonienne, l’édifice servit de quartier général à la cavalerie française. C’est en 1819 que Ferdinand VII, sur une idée de Joseph Bonaparte, l’inaugura en tant que musée d’art regroupant les collections des rois d’Espagne. Les œuvres furent protégées avec des sacs de sable au rez-de-chaussée pendant la Guerre civile, avant d'être transférées à Valence, puis à Genève. Mais à l'heure de la Seconde Guerre mondiale, elles ont retrouvé leur place. Rafael Moneo a ensuite réaménagé le musée en l’agrandissant en octobre 2007. Aujourd’hui, le Prado est tout simplement l'une des plus grandes pinacothèques du monde, avec près de 10 000 œuvres, dont seulement le dixième est exposé au Prado.
En effet, près de la moitié de la collection est dispersée dans d’autres musées et dans des institutions officielles à travers le monde. Les collections de peintures espagnoles et italiennes sont uniques et très impressionnantes, sans oublier un bon nombre de peintres majeurs très bien représentés comme Rubens, Bosch, Van Dyck.
Pour les plus pressés. Si vous ne disposez que de peu de temps pour visiter le Prado, concentrez-vous sur les salles de peinture espagnole, notamment celles accueillant les œuvres du Greco, de Velázquez ou encore de Goya. Les tableaux les plus célèbres sont La Sainte Trinité du Greco, Las Meninas de Velázquez ou encore Les fusillades du 3 mai (Tres de Mayo) de Goya. Prenez un plan à l'accueil qui vous indiquera où sont situés ces immanquables chefs-d'œuvre du musée madrilène.
Peinture espagnole. Le maniérisme réagit contre l’ordre figé et serein du Cinquecento italien en déformant et en exagérant les traits des personnages représentés. Nous avons un bel exemple de ce style dans la Descente de la Croix de Pedro Machuca et dans le Madonnas de Luis de Morales. L’allongement des figures sera porté à son extrême par Dhominikos Theotokopoulos, dit El Greco. Né en Crète en 1541, il vécut en Italie puis s’installa à Tolède pour peindre des tableaux religieux. La plus grande partie de ses œuvres se trouve d’ailleurs à Tolède, mais le Prado possède un de ses tableaux les plus connus et énigmatiques : El Caballero de la mano en el pecho (le gentilhomme à la main sur la poitrine). Le XVIIe siècle, âge d’or de la peinture espagnole, fut fécond en peintres de premier ordre.
Beaucoup d’entre eux s’installèrent en Italie, où l’Espagne possédait des territoires, et suivirent les tendances artistiques italiennes. C’est le cas de José de Ribera, qui utilisa constamment dans ses tableaux le clair-obscur et le ténébrisme (larges surfaces de couleurs sombres mises en valeur par un brin de lumière) à la manière du Caravage. Francisco Ribalta, auteur du magnifique Christ embrassant San Bernardo, utilisa les mêmes techniques, ainsi que Zurbarán. Ce dernier est surtout connu par ses natures mortes et ses portraits de moines et de saints. Diego Velázquez est l’artiste qui représente le mieux l’âge d’or espagnol. Peintre de la chambre du roi, il peignit des portraits des monarques, mais aussi des scènes mythologiques et religieuses très proches du quotidien et de la réalité sociale. Le triomphe de Bacchus devient Les Ivrognes (Los Borrachos), La Forge de Vulcain se transforme en forge villageoise et la légende d’Arachné est incarnée par des fileuses (Las Hilanderas). Sa meilleure œuvre est sans doute Las Meninas, où Velázquez s’est représenté peignant le roi et la reine, face au spectateur. On aperçoit le couple royal dans le miroir du fond, ce qui nous oblige à rechercher leur position exacte et à imaginer le sujet que l’artiste peint. Goya, quant à lui, est le meilleur représentant de la peinture espagnole du XVIIIe siècle. Il se spécialisa d’abord dans les cartons pour tapis et devint peintre de la chambre du roi en 1789. Il témoigna avec ses fameux Tres de Mayo de la sanglante répression par l’armée française de l’insurrection populaire qui avait éclaté la veille en plein cœur de Madrid. Ce superbe tableau deviendra le symbole de toutes les formes de répression. Le peintre fit preuve d’une grande insolence : il peignit la famille de Charles IV sous un jour peu flatteur et la Maja desnuda, une nue qui fit scandale à l’époque.
La dernière étape de l’œuvre de Goya est plutôt sombre. A la fin de sa vie, le peintre, souffrant de sa surdité, réalisa une série de tableaux expressionnistes. Des personnages cruels et monstrueux remplissent alors les toiles sombres et inquiétantes de ses « peintures noires ».
Peintures hollandaise et flamande. L’importance et la variété des collections de peintures italiennes et hollandaises des XVIe et XVIIe siècles s’expliquent par le fait qu’une partie de ces pays était à l'époque sous la domination espagnole. Sainte Barbe de Robert Campin et La Descente de la Croix (El descendimiento de la Cruz) de Van der Weyden sont deux chefs-d’œuvre. Le peintre le plus étonnant est sans doute Jheronimus Bosch, dit El Bosco. Son Jardin des délices et son tableau Les Sept Péchés capitaux (Los Siete Pecados capitales) appartenaient aux collections privées de Philippe II. Le Prado possède presque 100 toiles du peintre flamand du XVIIe Peter Paul Rubens, dont l’Adoration des mages et Les Trois Grâces qui sont à voir absolument. N’oubliez pas non plus l’inquiétant Triomphe de la mort de Bruegel le Vieux et l’Artémise de Rembrandt.
Peinture italienne. Le musée du Prado possède également une remarquable collection de peinture italienne, qui se trouve surtout au premier étage du musée, en passant par la porte de Goya. De Botticelli, le Prado possède trois beaux panneaux en bois : L'Histoire de Nastagio degli Onesti, qui racontent une histoire du Décaméron de Boccace. Citons d’autres œuvres majeures, comme l’Annonciation de Fra Angelico et, pour le Cinquecento, La Sainte Famille de l’agneau ou encore le Portrait du cardinal de Raphaël. Nous pouvons aussi admirer ici des œuvres de l’école de Venise (Giorgione, Bellini, Lotto, etc.), mais le maître incontesté reste Titien, peintre de la cour de Charles Quint. Il représenta le roi juste avant la bataille des protestants rebelles dans Charles Quint à la bataille de Mühlberg. Les salles de Véronèse et du Tintoret se trouvent presque toujours vides, ce qui permet de les contempler tranquillement. Le rococo italien est représenté par Tiepolo.
Peinture française. A l’arrivée sur le trône des Bourbons au XVIIIe siècle, l’influence française se fit immédiatement sentir. Le Prado contient donc une exceptionnelle collection de peinture française qui se trouve au premier étage ; notamment huit tableaux de Poussin, parmi lesquels Le Parnasse et Paysage avec Saint Jérôme, d’une grande sérénité. Le magnifique Paysage de l’embarquement de sainte Paule à Ostie est dû à Claude Lorrain. Antoine Watteau et Jean Ranc représentent le rococo du XVIIIe français.
Peinture allemande. L’art allemand est lui plutôt mal représenté ici, même si les œuvres exposées sont de grande qualité. L’Autoportrait d’Albrecht Dürer, réalisé à l’âge de 26 ans, La Chasse en l’honneur de Charles Quint de Lucas Cranach, et le Portrait de Charles III par Raphaël Mengs sont trois œuvres à contempler.
A noter, jusqu'en mars 2024, le musée présente une exposition d'art contemporain « On the Reverse » ainsi que d'autres rétrospectives d'art espagnol.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
Avis des membres sur MUSÉE DU PRADO
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.
Attention, photos interdites ... et personnel pas toujours très aimable.
De nombreuses œuvres réputées y sont exposées.