Parcs et jardins : des poumons verts dans la ville
Madrid réjouira le visiteur en quête de nature. La ville, qui se parcourt aisément à pied, possède des parcs et des jardins aux ambiances diverses, espaces de détente fréquentés par de nombreux Madrilènes. Notons tout d’abord le Parc du Retiro, vaste oasis de 125 hectares avec sculptures, parterres et pièce d’eau, qui fut créé au XVIIe siècle. Le promeneur profite du coucher de soleil depuis les jardins de Sabatini, plus intimistes, construits dans les années 1930 le long de la façade nord du Palais Royal. Tout proches, les jardins del Campo del Moro, s’inspirent des jardins anglais du XVIIIe siècle et distillent un charme unique, avec leurs sculptures néoclassiques et leur vue sur le Palais Royal. Face à l’entrée de ces jardins, le visiteur découvrira les jardins de Oriente, parterres conçus tout autour de la statue de Philippe V. Le Casa de campo constitue quant à lui un vaste parc urbain de 17 km². Ancienne réserve de chasse royale, il comporte un parc d’attractions, mais aussi des espaces verts et boisés tout à fait agréables pour flâner. Les passionnés et les curieux ne manqueront pas le jardin botanique royal. Datant du XVIIIe siècle, il conserve plus de 5 000 espèces locales et exotiques visibles dans ses parterres et ses serres, dont une collection de palmiers, de bonsaïs. Le parque del Oeste (parc de l’Ouest) est un lieu de détente et d’histoire, dépaysant et unique. Véritable forêt urbaine, il abrite une biodiversité exceptionnelle. Ancienne décharge aménagée en jardin au début du XXe siècle puis champ de bataille pendant la Guerre civile, – il reste encore des casemates dans les espaces boisés – il est aussi connu pour sa roseraie et le temple égyptien de Debod, sauvé de l’immersion des eaux lors de la construction du barrage d’Assouan. Enfin à une trentaine de kilomètres de Madrid, le train touristique de la Fraise vous emportera à la découverte des jardins d’Aranjuez, site classé au Patrimoine mondial de l’UNESCO pour son paysage culturel.
Green capital ? Entre avancées et rétropédalages
L’impact sanitaire et environnemental des émissions de polluants atmosphériques est aujourd’hui bien documenté. Celles-ci sont principalement dues, dans la capitale espagnole, au trafic routier. Pour combattre cette pollution et permettre aux habitants de mieux respirer, la municipalité conduite par Manuela Carmena entre 2015 et 2019 a mis en place des actions fortes. La zone zéro émission, mise en place en 2018 dans le cadre du projet « Madrid Central » s’étend dans l’ensemble du centre-ville, sur une superficie de 472 hectares. Concrètement les véhicules les plus émissifs sont interdits dans la zone, à l’exception de celles des résidents, des taxis et des camions de livraison. Parallèlement, la ville déploie une offre élargie pour favoriser les modes alternatifs « doux », développer les pistes cyclables, les vélos en libre-service, la location de véhicules électriques. Le projet « Muévete en Verde » (« déplace-toi en vert ») lancé en 2017, conduit à la végétalisation des toits… de 130 bus de la ville (lignes 27 et 30 dans un premier temps). L’idée vient d’un paysagiste espagnol, Marc Grañen, développée ensuite dans le cadre de l’appel à projet. Ces toits végétaux visent à la fois la réduction du bruit et de la température, la filtration de la pollution, l’accueil de la biodiversité, le stockage du CO2, sans oublier le côté esthétique et son impact sur le bien-être des habitants. On estime par exemple que ces toitures ambulantes pourraient réduire la température intérieure des bus de 3 à 4 degrés pendant la période estivale et que 1 m² de toit paysagé pourrait absorber 20 kg de CO2 par an. Il suffit de faire le calcul sur un réseau total de 1 900 bus, soit environ 20 000 m² de toiture : cela constituerait un stockage de 400 tonnes de CO2. Parmi les autres actions mises en œuvre lors de la dernière décennie dans la capitale, citons également la piétonnisation de certaines rues (autour de Puerta del Sol, de l’Opéra) et des expérimentations piétonnes sur la Gran Via, ou encore la couverture du périphérique de Madrid (M30)… par un jardin, le long de la rivière Manzanares. L’efficacité énergétique des nouvelles constructions mais aussi la création de potagers urbains ou jardins communautaires sont des axes de développement. Fin 2017, la Ville a commencé à déployer sur son territoire le tri des déchets organiques, dans le cadre du programme « Acierta con la organica ». En 2018, Madrid fut désignée la ville la plus verte d’Espagne, aux côtés de Vitoria-Gasteiz. Selon l’ONG Greenpeace, le plan « Madrid Central » a permis en un an la réduction de 20,4 % de la concentration de dioxyde d’azote (NO2) dans 21 des 24 stations de mesure ». Un effet « boule de neige » qui aurait incité à l’action d’autres grandes villes du pays, telles que Barcelone. Mais voilà, la nouvelle municipalité a apporté un coup d’arrêt au programme. En effet, le conservateur José Luis Martínez-Almeida, élu en juin 2019 à la tête de la capitale, détricote progressivement les actions mises en place, et ce, en dépit d’une communication « verte ». On assiste à un véritable rétropédalage, avec notamment un assouplissement de la zone zéro émission, la suppression de pistes cyclables, l’augmentation du nombre de parkings publics et la baisse des prix du stationnement, la remise en question des projets de piétonisation… La durabilité de la ville, qui a accueilli la COP 25 en décembre 2019 subit un véritable revers, au grand dam des associations de protection de l’environnement. Les problématiques environnementales continuent à se conjuguer dans la ville : îlots de chaleurs, gestion des déchets (taux de recyclage insuffisant, émissions de dioxyde de soufre et de furanes issues de l’incinérateur du Valdemingómez), pollution atmosphérique. Le tout-voiture semble encore bien prégnant dans les mentalités, et certaines réticences avaient d’ailleurs accompagné la mise en œuvre du projet Madrid Central. Cependant des consultations citoyennes avaient aussi mis en exergue des solutions : piétonisation, amélioration du tri des déchets urbains, développement d’une agriculture urbaine, etc. L’avenir dira comment la ville surmontera ses ambivalences pour parvenir à mettre en œuvre des actions efficaces et dans la durée. En 2021, a été lancé un projet de « ceinture verte », en faisant pousser des milliers d'arbres tout autour de la ville (et en s'appuyant sur les espaces verts déjà existants), pour lutter contre le réchauffement climatique.