Sol et Gran Vía
Sol et Gran Vía sont le noyau de la ville. La place de la Puerta del Sol (entièrement rénovée entre 2022 et 2023) est d’ailleurs le km 0 des routes d’Espagne. Zone très commerçante, les magasins restent ouverts tard le soir (22h), et peu d’entre eux ferment les jours fériés. Vous trouverez donc beaucoup d’hôtels dans la zone, mais ils seront souvent chers et leur qualité laissera à désirer. C’est le quartier où le Tout-Madrid se mêle : aussi bien les femmes riches que les prostituées s’y côtoient, sans grands problèmes. Très touristique, gardez toujours un œil sur votre sac, les voleurs sont à l’affût dans cette zone. Les larges trottoirs de la Gran Vía sont la scène parfaite pour une agréable balade de lèche-vitrines.
Jusqu’en 1570, la Puerta del Sol est en dehors de l’enceinte de la ville. Il semble que le nom de la place vienne d’un soleil sculpté sur la porte de ce qui était alors une muraille qui survécut jusqu’au XVIe siècle. La place a une forme elliptique et dix rues s’y rencontrent. Sous l’horloge du bâtiment de la Communauté autonome de Madrid, le Nouvel An est célébré par une foule en liesse. El Oso y el Madroño, statue emblématique de la ville de Madrid, a été ramenée à sa place d’origine après les longs travaux de la place : au début de la calle Alcala, c’est la star la plus photographiée de la ville. Ses deux protagonistes rappellent qu’autrefois de grandes étendues d’arbousiers peuplées d’ours et autres gibiers entouraient la ville. La Puerta del Sol a été le théâtre de grands événements. Le 2 mai 1808, c’est ici qu’a eu lieu le soulèvement contre Napoléon, la proclamation de la Constitution de Cadix en 1812 et la célébration de la IIe République en 1931. Aujourd’hui, cette place ornée de fontaines est très animée jour et nuit, et sert généralement de lieu de rendez-vous.
En remontant la calle Preciados, la Gran Vía est la rue la plus animée de la ville. L’idée de la Gran Vía, la « Grande Voie », de presque 2 km de long, surgit de la nécessité de relier la plaza de Cibeles et celle d’España, dans le but d’améliorer la connexion entre le centre de Madrid, le quartier de Salamanca et celui de Moncloa-Argüelles. On a dû démolir tout un quartier pour la percer. Le 4 avril 1910, le roi Alfonso XIII inaugure sa construction. Le premier tronçon, de 1910 à 1917, se situe entre la calle Alcalá et l’édifice de Telefónica. Il est l’œuvre de l’architecte Carlos Velasco qui lui donne une touche de glamour avec la construction d’édifices de style historiciste. Ensuite, avec l’extension de 1922 à 1925 jusqu’à Callao, le style français et bourgeois est privilégié. La Gran Vía a un côté Broadway ou Cinquième Avenue de New York. Le quartier est truffé de magasins, de bars et de cafés, mais surtout de cinémas et de théâtres. Tous les cinémas n’ont pas été conservés, néanmoins les bâtiments persistent, et ont été reconvertis en salle de spectacles ou en grands magasins.Plaza España et Moncloa
Cette zone regroupe les quartiers de Moncloa et d’Argüelles, jusqu’à la plaza de España : c’est-à-dire la partie ouest du centre de la capitale. Plutôt résidentielle, on y trouve des immeubles anciens, ne dépassant pas les trois ou quatre étages, ce qui en fait un quartier très agréable pour se promener. Au nord, les étudiants partagent les grands appartements et aiment sortir dans les bars dansants toujours animés. Au sud, les familles aisées occupent ces luxueux logements d’époque et profitent des magasins dans ce quartier privilégié.
La Plaza de España a été créée à la suite de la démolition du quartier général des Armées de José Bonaparte (ancien couvent de San Gil sous Carlos III). Dans le but d’élargir le centre de la capitale, plusieurs édifices ont été élevés et ont ainsi donné naissance à la zone de la Plaza de España : Torre España (1957), Edificio España (1953). Ces deux grandes constructions sont importantes pour la ville, elles sont en effet les deux premiers gratte-ciel de la capitale. Au beau milieu de la place, les touristes aiment photographier les statues de Don Quijote de la Mancha et son fidèle Sancho Panza, le monument dédié à Miguel de Cervantes (1929). L’axe principal, la calle Princesa, nous offre un échantillon de magasins que l’on retrouve dans le centre, mais aussi des petites boutiques où l’on peut dénicher de belles créations de couture à des prix raisonnables. En se dirigeant vers l’est, on trouvera le romantique téléphérique qui nous permet de traverser le grand parc de la Casa de Campo. Vers Moncloa, zone plus étudiante, les bars dansants créent l’ambiance grâce aux soirées Erasmus, tous les jours de la semaine !Plaza Colón et Salamanca
Plaza Colón. À la jonction des paseos de la Castellana et de Recoletos, la colonne surmontée de Christophe Colomb domine le principal centre culturel municipal de Madrid, dont l’entrée se trouve sous le rideau d’eau assourdissant. De l’autre côté de la place, des entrées permettent de gagner le parking souterrain et l’office de tourisme situé sous la place. À côté de la statue de Colomb, remarquez le jardin de la Découverte (el Descubrimiento). De grands pans muraux représentent des événements marquants de la découverte de l’Amérique. Cette œuvre de Joaquim Vaquero Turcios fut inaugurée par Juan Carlos et la reine Sofía en 1977. De l’autre côté de l’avenue, une femme plantureuse, sculptée par Botero, se prélasse en regardant passer les voitures.
Quartier huppé par excellence, Salamanca est la zone la plus chic et la plus chère de la ville. Situé au nord du parc du Retiro, et à l’est de l’axe de la Castellana, il est à deux pas du centre, sans être dérangé par les foules de touristes. En effet, l’exclusivité est le mot d’ordre. La grande calle Serrano est l’hôte des marques les plus prestigieuses de la capitale et offre un panel de magasins de jeunes designers où chacun y trouve son bonheur. Loin des foules, les restaurants raffinés, les hôtels intimistes et les clubs privés peuplent le quartier habité par la jeunesse opulente et les grandes familles. Le marquis de Salamanca a donné son nom au quartier : un entrepreneur et politicien qui a marqué la capitale. Dans la partie nord du quartier, on trouvera des dizaines de petits palais avec de grands jardins, mais difficiles à apprécier à cause des grands murs qui les protègent des regards indiscrets. Ces grandes bâtisses du XIXe siècle appartenaient anciennement à des notables. Aujourd’hui, la majorité abrite les logements officiels des ambassadeurs destinés à Madrid. La résidence de l’ambassadeur de France se trouve ainsi au numéro 124 de la calle Serrano. Il reçoit tous les ans pour le 14 juillet les Français établis à Madrid.
La Latina, Plaza Major et Lavapiés
Juste au-dessous de la Puerta del Sol, ces quartiers populaires regorgent d’une richesse culturelle impressionnante. C’est le cœur historique de la capitale, où vous retomberez dans l’histoire de Madrid, avec par exemple la muraille arabe, ou l’architecture du style de la Maison d’Autriche des XVIe et XVIIe siècles. La Plaza Mayor, joyau de ce style, est d’ailleurs l’une des plus belles du pays. Inaugurée en 1619, elle a été élevée sur les ruines de la Plaza de Juan de Herrera. Le palais royal, dont la construction a duré plus de 100 ans, fut conçu selon les ordres de Felipe V de Bourbon en 1734, d’après les plans de Filippo Juvara, Giovanni Battista Sachetti et Francesco Sabatini. Ce dernier donna d’ailleurs son nom au joli parc adjacent au palais. Le premier monarque qui vécut dans celui-ci fut Carlos III. Aujourd’hui, il ne sert plus que de musée et est parfois la scène de réceptions officielles.
Le quartier est très vivant : ce n’est pas pour rien qu’il réjouit les groupes d’amis cherchant un lieu où passer d’interminables soirées baignées de cañas et de tapas, sans pour autant débourser des fortunes. Cette zone est tous les jours témoin d’un gigantesque mélange culturel : des étudiants aux hommes d’affaires en cravate, tous y trouvent leur compte. Concentration de sites touristiques, parcourir cette zone à pied est un réel plaisir. Si vous arrivez à y rentrer, le marché San Miguel est un havre de gourmandise et un ravissement pour les yeux : une variété interminable de délicatesses vous y est proposée. Vins, macarons, huîtres, saumons, sushis, viandes de Galice, fruits exotiques... impossible de tout énumérer.Huertas et Paseo del Prado
Si, pour séjourner, Huertas est un quartier pratique pour les touristes, il est néanmoins difficile d’y dormir, car les nuits sont généralement bruyantes. On privilégiera les établissements situés dans les rues adjacentes à la calle Huertas. N’oubliez pas que vous êtes en plein cœur du Madrid touristique, entre Sol et le Paseo del Prado. Les étudiants viennent souvent passer leurs soirées dans ce quartier où l’on trouve un bar à tous les coins de rue. Souvent bon marché, de la musique internationale, et beaucoup d’étudiants Erasmus, c’est un endroit parfait pour passer une excellente soirée et faire des rencontres. De plus, la plus grande discothèque de la ville se trouve à deux pas de cette rue : Kapital. Sept étages et sept ambiances différentes. Peu appréciée des autochtones, elle accueille plutôt les jeunes et les étrangers.
Pendant que les fêtards se reposent le jour, les autres trouveront leur bonheur au niveau culturel sur le Paseo del Prado : on y trouve les trois musées les plus importants de la capitale. Le Prado, le Thyssen, et le Reina Sofía sont concentrés autour du Paseo del Arte, au bout duquel on trouve la tristement célèbre station de train d’Atocha. La visite vaut le coup, même si ce n’est que pour y faire un petit tour. Le jardin tropical qu’elle abrite est singulier, et les tortues qui y vivent ne semblent pas être dérangées par les touristes.
Le quartier, aussi appelé Barrio de la Letras (quartier des lettres), est le berceau de la littérature espagnole. Bon nombre d’artistes espagnols y établirent leur résidence pour être situés au cœur des tertulias. C’est ainsi que pendant le Siècle d’or espagnol (Renaissance et baroque, XVIe-XVIIe siècles), de grands noms y ont séjourné de longues périodes : Lope de Vega, Quevedo ou Góngora. Cette ébullition culturelle est à l’origine de la création de plusieurs théâtres : celui de Lope de Vega, le Teatro Español ou encore celui de la Zarzuela.Chueca, Malasaña et Chamberí
Chueca, Chamberí et Malasaña sont trois quartiers voisins dont l’essence est très différente, mais qui convivent en toute tranquillité. L’un est l’emblème de l’homosexualité, l’autre très castizo, et le dernier plutôt alternatif. Séjourner ici est idéal pour les fêtards, mais vous trouverez également des hôtels plus tranquilles.
Chueca renaît depuis la fin des années 1990, grâce à l’initiative des nouvelles générations, et notamment de la communauté homosexuelle qui s’y installe progressivement. Par leur présence, les nouveaux arrivants bousculent la vie du quartier qui était un peu en désuétude. Chueca est donc devenu le quartier gay par excellence, le barrio rosa ou quartier rose, connu à travers le monde en à peine une décennie. Mais Chueca ne se limite pas à sa population, car tous les hétéros adorent eux aussi ce quartier. Il se situe près de la Gran Vía, entre les rues Fuencarral et Barquillo. Son centre névralgique est la place de Chueca, très vivante en soirée. C’est le quartier le plus tendance, le plus pointu en termes de mode. Il est aussi très cosmopolite. Pubs, boîtes de nuit et bars nocturnes sont à l’image de cette évolution et un mélange attrayant d’ancien et de moderne, de classique et de futuriste. Deux rues aux boutiques « tendance » séparent ce quartier de celui adjacent de Malasaña. Les rues Hortaleza et Fuencarral constituent à elles seules un petit marché de créations de jeunes stylistes, d’objets design et de musiques électroniques. Sa gay pride est connue à travers le monde pour être la meilleure, mais aussi parce que la fête dure près d’une semaine fin juin, début juillet et se propage dans toute la ville.
Dans les années 1980, Malasaña, un quartier tranquille, devint le noyau de la Movida madrilène. Situé au nord de la Puerta del Sol, c’est là que se rassemblaient les agitateurs dont Pedro Almodóvar, par exemple, est un digne représentant mondialement connu. La zone de Malasaña se situe entre la Gran Vía, les rues Fuencarral et San Bernardo, et la glorieta de Bilbao. On le surnomme ici Maravillas (merveilles). Le jour, c’est un quartier calme et populaire, qui accueille de plus en plus d’immigrants. Les rues tranquilles laissent croire que l’on déambule dans un village assoupi. Des places avec des enfants qui jouent, des petits commerces, des restaurants de quartier en font un merveilleux endroit. Mais le soir, cela change et la fête prend le dessus. Les tapas et les bars attirent les étudiants venus de la grande université Complutense. De tradition rock’n’roll, ce quartier est également le lieu des DJ aux sonorités électro et techno. Les bars à « tapas » y sont très communs. Le centre névralgique du quartier, la Plaza Dos de Mayo est très animée dès que la nuit tombe. Manuela Malasaña a donné son nom à une rue et au quartier tout entier. Malasaña est lui aussi un quartier à la mode pour les créateurs. Les petites boutiques de vieux vêtements ou de jeunes créateurs de mode y sont nombreuses. La calle del Pez est une rue emblématique. Le quartier regorge également de galeries ou de locaux alternatifs et de squats d’artistes... Il faut se perdre dans ses rues pour découvrir les artistes du moment et leur élan créatif.
Chambérí, zone plus pija (huppée), ressemble un peu à la Latina, mais avec moins de mouvement. Pendant l’occupation des troupes de Napoléon de la capitale, au début du XIXe siècle, les soldats décidèrent d’appeler la place centrale du quartier, Chambéry, en honneur à la ville française de Savoie. Cette zone appartenait dès le XVe siècle à l’ordre des Templiers, c’est pour cela que vous y trouverez de nombreuses églises et de très jolies bâtisses. Ici, on cherche à passer un bon moment avec des amis, sans pour autant sortir jusqu’à des heures trop tardives. Zone très traditionnelle, dite castiza, où les bonnes pratiques font foi, c’est aussi l’un des endroits très agréables de Madrid pour sortir dîner ou prendre un verre.
Dans Chueca, Chambérí et Malasaña, se mêlent les immeubles et appartements à la décoration traditionnelle, les commerces anciens et historiques, aux nouveaux établissements ultra design, à l’esprit pop, minimaliste ou déluré. Côte à côte, des magasins vintage, des outlets, des restaurants, des associations culturelles et artistiques, des boutiques où de jeunes designers proposent des collections inimitables.