854
Mohamed Ier, émir de Cordoue, fonde la forteresse de Magrit (nom primitif qui fait référence à la richesse des cours d’eau du sous-sol). Il érigea au IXe siècle une citadelle dominant la rivière Manzanares (où se trouve actuellement le palais royal) afin de protéger le territoire de Tolède des invasions castillanes. La ville se composait de l’alcazar ou almudaina (forteresse) et de la médina (la ville), de rues étroites typiquement arabes.
1085
Après la conquête de Tolède par Alfonse VI, Madrid se trouva définitivement dans la zone d’influence chrétienne.
XIIe siècle
Abandonnée par les Arabes et sous domination chrétienne, Madrid perdit progressivement, au cours du XIIe siècle, sa fonction militaire et se transforma en un grand village agricole. Isidro, qui sera postérieurement sanctifié et deviendra le patron de la ville, représente l’archétype de cette image du bon et honnête agriculteur.
XIIIe siècle
Le roi et sa Corte (cour) résidaient à Valladolid, à Burgos ou à Tolède, mais Madrid, située en pleine sierra, au cœur d’une zone de chasse, les attire. La Corte s’y déplace fréquemment pour s’y divertir et chasser.
1309
Les premières Cortes se tiennent à Madrid. Le roi Charles Ier (également Charles Quint, empereur du Saint Empire germanique), passionné de chasse, résida à Madrid sporadiquement.
1561
Ce fut Philippe II, catholique et austère, qui changea radicalement le destin de la ville. Durant l’hiver, il établit à Madrid la capitale de l’État et de l’Empire.
1621
Philippe IV accède au trône. Ce monarque, passionné des lettres et des arts, protégea des peintres comme Velázquez et Murillo et des écrivains comme Lope de Vega, Calderón de la Barca, Quevedo y Villegas et Tirso de Molina. Il fit construire la dernière muraille, qui protégea la ville jusqu’en 1868, avec cinq portes : Alcalá, Atocha, Toledo, Segovia et Bilbao.
1665
Charles II accède au trône à l’âge de 4 ans, sous la tutelle de sa mère Marianne d’Autriche. Roi sous influence (de sa mère, sa femme, ses ministres) tout au long de son règne, à l’état physique lamentable, il fut surnommé Hechizado (l’Ensorcelé). Stérile, son incapacité à avoir un héritier va causer de nombreux conflits de succession et précipiter la chute de la maison de Habsbourg.
1701-1714
Guerre de Succession entre les Bourbons et les Habsbourg. La paix d’Utrecht de 1713 reconnaît finalement Philippe V, un Bourbon, comme roi d’Espagne.
1738
La construction du Palais Royal commence à la place de l’ancien Alcazar, détruit par un incendie quatre ans plus tôt.
1759-1788
Règne de Charles III
La capitale se transforme de manière spectaculaire. Égouts, éclairage public, pavement des rues, construction de cimetières, Madrid devient une ville moderne. Les édifices de prestige se multiplient également. Le parc du Retiro ouvre au public en 1761, la construction du Palais Royal s’achève en 1764, la Casa de Correos voit le jour en 1768. On peut aussi citer les travaux du futur Paseo del Prado et la reconstruction de l’Hôpital Général (le futur musée Reina Sofia) en 1776, le Palais de Benavente en 1777, la création du Jardin botanique en 1781… Pour la postérité, Charles III laissera le souvenir d’un roi philanthrope.
Février 1808
Napoléon prétexte de vouloir faire passer par l’Espagne les troupes qui doivent combattre le Portugal, allié des Anglais. En fait, il occupe l’Espagne et force Charles IV à abdiquer.
2 mai 1808
Les Madrilènes se soulèvent contre l’armée napoléonienne.
Décembre 1813
Après la déroute de ses armées, Napoléon rend le trône d’Espagne à Ferdinand VII. Mais ce dernier va décevoir son peuple, son règne étant marqué par l’absolutisme et la répression.
1833
Ferdinand VII décède et c’est le temps du règne d’Isabelle II.
1830-1904
Isabelle II
Elle ne débute vraiment son règne qu’en 1843 après 10 ans de régence de sa mère et du général Espartero. Elle introduit la ley de desamortización (loi de confiscation) qui consistait à exproprier les biens de l’Église pour construire des bâtiments publics. Elle fait aussi construire le canal Isabel II, permettant l’approvisionnement en eau de tous les Madrilènes. Mais son règne est plutôt agité, marqué par de nombreux soulèvements. Très impopulaire, on la considère faible et incapable de comprendre les aspirations progressistes du pays. En 1868, une nouvelle révolution la contraint à l’exil en France. Après avoir abdiqué officiellement deux ans plus tard, elle finira ses jours à Paris.
1875
Après quelques années instables, où les luttes entre mouvements républicain et royaliste sont de plus en plus dures, le régime monarchique est restauré avec l’intronisation d’Alphonse XII, après une tentative de Première République et un régime militaire.
1879
Parallèlement, l’activité industrielle se développa. Avec l’essor de la classe ouvrière apparurent de nouveaux partis politiques : le Parti communiste espagnol (PCE) et le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE).
Fin du XIXe siècle
La sensibilité artistique se caractérise par une architecture éclectique qui récupère et intègre des éléments gothiques, classiques et baroques : le palais de Linares, la cathédrale de la Almudena, la Banque d’Espagne et le ministère de l’Agriculture actuel. Le gouvernement procéda à un premier ensanche (élargissement) de Madrid à partir du casco historico (vieille ville). Autour de ce noyau central furent aménagés de nouveaux quartiers résidentiels destinés à la classe aisée : Argüelles-Moncloa, Chamberí, Salamanca, Recoletos ou Embajadores.
1898
À Madrid, le début du XXe siècle fut également surnommé le Siècle d’argent par référence au Siècle d’or espagnol. On peut notamment citer deux mouvements littéraires majeurs : la génération de 1898, avec, notamment, Miguel de Unamuno, Ramon del Valle-Inclán, Pío Baroja, Azorín et Antonio Machado (1875-1939) ; et la génération de 1927 avec Juan Ramón Jiménez, Joan Miró, Fedérico García Lorca et Ramon Gómez de la Serna. Le Café Gijón, connu pour avoir accueilli des tertulias (débats, discussions littéraires) de grands noms de la littérature espagnole, a été ouvert à cette époque.
1919
Alphonse XIII inaugure le métro en 1919. À cette période, la Casa de Campo, parc qui appartenait à la famille royale, devint publique, tout comme le Retiro l’était devenu au cours de la Première République.
1924
La Gran Vía est achevée pour débloquer le centre historique, d’une capitale alors tourmentée par les attentats anarchistes, les grèves et les tensions sociales.
1931
À la suite des élections municipales de 1931, la Seconde République espagnole est proclamée. À cette époque, la croissance de Madrid s’étend vers le nord avec le Paseo de la Castellana, dont le premier tronçon fut inauguré en 1933.
1936
C’est le début de la guerre civile, qui oppose le camp des républicains de gauche et d’extrême gauche et des nationalistes et des rebelles putschistes, orientés à droite et à l’extrême droite et menés par le général Franco. Quand survint la guerre civile, Madrid fut largement républicaine et constitua un bastion antifranquiste jusqu’à la fin de la guerre.
1939
Les franquistes gagnent une ville qui a beaucoup souffert ; les destructions furent nombreuses et beaucoup de Madrilènes s’enfuient par peur des représailles. Franco s’installe à Madrid, plus précisément dans le palais d’un petit village des environs : El Pardo. C’est le début de la dictature.
Années 1940 et 1950
Avec le régime franquiste émerge une nouvelle façon de concevoir Madrid. Jose Maria Vidagor, architecte, ex-anarchiste converti au syndicalisme national franquiste, voulut arrêter l’extension de Madrid pour en faire une capitale destinée à l’élite. Mais, dès 1950, l’industrie crée de nombreux emplois et Madrid devient un important pôle d’attraction pour l’ensemble de l’Espagne. L’exode rural ne fait alors que commencer. Le district de Madrid annexe les villages alentour qui, du même coup, perdent leur mairie : Vallecas, El Pozo, Hortaleza, Fuencarral... La municipalité de Madrid passe de 60 km² à 600 km².
Années 1960
La décennie des années 1960 marque l’amorce d’un mouvement d’ouverture du pays vers le reste du monde. Les premiers touristes entrent en Espagne. À Madrid, le prix du mètre carré monte en flèche.
1975
Franco meurt et le système dictatorial s’effondre. Conformément à une décision prise dès 1969, le pouvoir est confié au prince Juan Carlos de Bourbon, petit-fils d’Alphonse XIII, qui prend le titre de roi et engage presque aussitôt l’Espagne dans la voie de la démocratisation.
1978
Adoption par référendum d’une nouvelle Constitution.
1979
Élections législatives anticipées, remportées par l’Union du centre démocratique (UCD), et son leader, Adolfo Suárez.
1979-1986
Enrique Tierno Galván
Le Madrid des années 1980 est marqué par le maire Enrique Tierno Galván (1918-1986) qui était appelé avec affection le Vieux Professeur par les Espagnols. Maire socialiste de Madrid de 1979 à 1986, cet ancien professeur universitaire, réhabilita les vieux quartiers. Surtout, c’est lui qui va encourager le développement de la Movida madrilène, ce mouvement de contre-culture qui va se développer après la chute de la dictature. Galván favorise sans réserve les nouvelles tendances artistiques et, sous sa présidence, la mairie finance nombre de projets, notamment des concerts gratuits.
1982-1983
L’avènement du système des communautés autonomes transforme la configuration territoriale et politique de l’Espagne. Madrid ne s’intègre à aucune des deux régions destinées à l’accueillir : Castille-et-León ou Castille-La Manche, et en 1982-1983, naquit la communauté autonome de Madrid qui réunit la ville et ses environs proches.
1986
La mort de Enrique Tierno Galván, alors qu’il était encore en fonction, est vécue comme un choc par tous les Madrilènes. C’est José Alvaro del Manzano, un membre de Allianza Popular (qui deviendra ultérieurement le Parti populaire, PP), qui est élu. Contrairement à Galván, il réduit considérablement le budget de la culture et axe sa politique sur la construction d’infrastructures économiques (nouvelles routes, ministères…).
Années 1990
Mais la nouvelle génération se réapproprie la ville et dès le milieu des années 1990, un mouvement alternatif émerge. Chueca, Malasaña et Lavapiés, encore en pleine ébullition, sont alors les quartiers leaders de ces transformations.
2004
Le jeudi 11 mars au matin, Madrid est frappée par la vague d’attentats la plus meurtrière de son histoire. Dix bombes explosent dans quatre trains de banlieue, en pleine heure d’affluence, causant la mort de 191 personnes, bilan alourdi par 1 482 blessés. À trois jours seulement des élections législatives, le gouvernement de José María Aznar pointe du doigt l’organisation terroriste basque ETA. Or, le vendredi, l’organisation séparatiste nie toute responsabilité dans les attentats. Le jour des élections, le groupe terroriste Al-Qaïda revendique ces attentats. L’engagement de l’Espagne dans le conflit contre l’Irak aurait motivé ces actes de barbarie.
15 Mai 2011
Mouvements des Indignados ou du 15M à Madrid et dans les principales villes espagnoles. Des dizaines de manifestations sont organisées pour la réforme du système gouvernemental espagnol et contre la domination des banques.
Juin 2014
Le 2, le roi Juan Carlos Ier annonce qu’il abdique en faveur de son fils Felipe. Le 18, la loi pour permettre la transmission de la couronne est signée. Felipe devient alors roi le 19 juin à minuit et prête serment. Il devient alors le roi Felipe VI.
2019
Changements de têtes à Madrid. En juin, la maire de gauche Manuela Carmena, élue en 2015 avec le soutien du parti de gauche Podemos, est remplacée par le candidat de droite de Parti Populaire (PP) José Luis Martínez-Almeida. Pourtant deuxième de l’élection derrière la maire sortante, il passe un accord avec les partis Ciudadanos et Vox pour accéder aux responsabilités. En août, Isabel Díaz Ayuso est quant à elle élue à la tête de la Communauté de Madrid, grâce là encore à une alliance PP-Ciudadanos.
4 mai 2021
Après avoir rompu sa coalition minoritaire et provoqué de nouvelles élections (par peur de subir une motion de censure), la présidente de la communauté de Madrid Isabel Díaz Ayuso (PP) est largement réélue (44,76% des voix) et rate de peu la majorité absolue.
28 mai 2023
L'ancien avocat et membre du Parti Populaire (PP) José Luis Martínez-Almeida est réélu maire de Madrid, cette fois en finissant premier du scrutin avec 44,5 % des suffrages.
Juillet 2023
Le Parti Populaire de Alberto Núñez Feijóo remporte les élections législatives d'une courte tête devant le socialiste et chef du gouvernement sortant Pedro Sánchez. Insuffisant cependant, sans majorité absolue, pour créer un gouvernement. Le pays se retrouve dans une situation de blocage inédite, jusqu'à ce que Sánchez réussisse à réunir une majorité avec ses alliés de la coalition d'extrême gauche Sumar, le 16 novembre. Par ailleurs, entre juillet 2023 et janvier 2024, l'Espagne est à la présidence du Conseil de l'Union européenne.