CAPPELLA SISTINA
La plus connue des merveilles des musées du Vatican, surtout pour les splendides fresques de Michel-Ange qui décorent sa voûte.
Incontournable s'il en est, la chapelle Sixtine est l'un des espaces les plus visités des musées du Vatican. Comment parler, comment décrire cette chapelle ? La regarder et essayer de la décrypter semble être la meilleure des façons. Même si le temps de visite est limité, prenez le temps d'admirer son architecture et, surtout, son incroyable voûte. La chapelle se présente comme un très grand rectangle (40 m sur 13 m), avec une voûte très haute (21 m) et sans ornements architecturaux, ni chœur, ni chapelles latérales, ni transept. Rien ne distrait donc l’œil de la décoration picturale mondialement connue. Construite sur ordre de Sixte IV, de 1475 à 1481, la chapelle faisait corps avec le système défensif du palais. C’est pourquoi ses douze fenêtres sont si petites et très haut placées. La décoration de la chapelle fut exécutée en trois temps : le cycle de Sixte IV sur les parois latérales, la voûte commandée par Jules II à Michel-Ange et le fameux Jugement dernier du même Michel-Ange, voulu par Paul III.
La vie de Moïse et la vie du Christ. Elles recouvrent les parois latérales. Le schéma décoratif d’origine comportait une série de cadres peints à fresque, placés à mi-hauteur pour être visibles et déroulant sur la face sud l’histoire de Moïse, figure centrale de l’Ancien Testament et annonciateur de l’alliance entre Dieu et les Hommes ; sur la face nord, le cycle du Christ qui réalise cette alliance. Au-dessus, entre les fenêtres, les portraits des premiers papes. Une partie de ces œuvres a disparu pour faire place au Jugement dernier. Sixte IV fit appel aux plus grands artistes de son temps. L’œuvre de Michel-Ange est tellement impressionnante que l’on est tenté d’ignorer le reste, et ce serait dommage. Il faut voir en particulier dans le cycle de Moïse : le premier cadre en partant du Jugement dernier, auquel ont travaillé le Pérugin, Rosselli, Ghirlandaio et Rosselli (Voyage en Égypte), le deuxième et le cinquième de Botticelli (Jeunesse de Moïse et Punition de Coré, Dathan et Abiron) ; dans le cycle du Christ, le premier tableau du Pinturicchio et du Pérugin (Baptême du Christ), le deuxième de Botticelli (Guérison du lépreux et Tentation du Christ), le troisième de Ghirlandaio (Vocation de Pierre et André) et le cinquième du Pérugin (Le Christ remettant les clés à saint Pierre). Les tableaux qui ne sont pas cités sont de Cosimo Roselli.
La voûte. Elle a été réalisée par Michel-Ange entre 1508 et 1512. Le pape Jules II, réputé pour son autoritarisme, laissa toutefois Michel-Ange libre de traiter cet espace selon son inspiration. Les six fenêtres latérales déterminent sur la voûte neuf espaces consacrés à l’histoire de la création du monde. On reconnaîtra, en partant du chœur, c’est-à-dire du mur où se trouve le Jugement dernier : La Séparation de la lumière des ténèbres, La Création du soleil et de la terre, La Création des plantes, La Création de l’homme, qui est le tableau le plus connu de l’ensemble, La Création de la femme, Le Péché originel, Le Bannissement du Paradis, Le Sacrifice de Noé, Le Déluge, L’Ivresse de Noé. Entre chaque scène, Michel-Ange a peint des hommes nus, les célèbres Ignudi, qui sont, bien sûr, un hommage à la création, mais aussi une expression quasi sculpturale qui nous dit peut-être le regret de l’artiste de ne plus pratiquer son art préféré. Les quatre voûtes d’angle sont consacrées à quatre épisodes de la Bible : Judith et Holopherne, David et Goliath, Le Supplice d’Aman et Le Serpent d’airain. Enfin, entre les fenêtres, sont représentés les prophètes Jérémie, Ezechiel, Joël, Zacharie, Isaïe, Daniel et Jonas. Et, entre les prophètes, des personnages féminins : les Sibylles. Ces personnages, qui existaient dans les religions païennes et qui étaient supposés émettre à leur insu les messages des divinités, ont été récupérés dans la religion chrétienne comme des sortes d’auxiliaires prophétiques. Tout un décor architectural en trompe l’œil sépare ces différents éléments. L’ensemble a été restauré et nettoyé, il y a quelques années, ce qui a rendu aux couleurs une fraîcheur oubliée. Quelques nostalgiques s’en plaignent.
Le Jugement dernier. Le monde a changé, et Michel-Ange aussi. Il travaille au Jugement dernier entre 1534 et 1544 et le termine à 69 ans. Mais la Réforme a fait aussi éclater la chrétienté, et Rome a été mise à sac en 1527. Les papes portent la barbe en signe de pénitence, la Contre-Réforme est en marche. Paul III décide de frapper les imaginations par une évocation du péché et du salut. Michel-Ange lui-même est un être tourmenté. Ses poèmes de l’époque, car ce fut un grand poète de son temps, expriment à merveille ce sentiment douloureux. Œuvre violente, le Jugement dernier fit scandale. On en parla comme du Dies Irae de l’Église contre-réformiste. Elle choqua par la nudité des personnages au point que, plus tard, Paul IV en fit recouvrir certaines parties par Daniele da Volterra, qui y gagna le surnom de Braghettone, ce qui se traduit sans peine. On dit aussi que Michel-Ange y peignit son ennemi personnel, le maître des cérémonies du pape, Biagio da Cesena, parmi les damnés, en Midas, avec des oreilles d’âne (en bas à droite, enserré par un serpent). Ces anecdotes ont peu d’intérêt face à l’œuvre, laquelle vient d’être nettoyée, restaurée et libérée des rajouts pudibonds. Rappelons, s'il le faut, que les photos sont bien sûr interdites. La grande fréquentation de la chapelle atténue un peu son côté magique, certes, mais l'endroit est toujours impressionnant de beauté.
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