966
Bruoscella
Si la date « officielle » retenue pour la naissance de Bruxelles est 979, ses origines restent incertaines. Quelques vestiges romains attestent d’une présence bien antérieure au Moyen Âge mais ce qui deviendra Bruxelles n’apparaît qu’en 966 sous le nom de Bruocsella qui en germanique signifie « La maison sur le marais », en référence à un bâtiment construit sur l’îlot Saint-Géry, alors entouré par les bras de la rivière Senne. C’est là que naîtra le noyau urbain de la future ville.
1047
Fondation du chapitre de Sainte-Gudule
Le chapitre de Sainte-Gudule est fondé par le comte Lambert II de Louvain et sa femme Oda de Verdun, peu après le transfert de ses reliques de l’église dédiée à saint Géry vers une nouvelle collégiale qui portera son nom. La charte écrite pour l’occasion sera la première mention officielle de Bruxelles. Sainte Gudule deviendra un des deux saints patrons de la ville avec saint Michel.
1183
Création du Duché de Brabant
L’empereur Frédéric Ier Barberousse, dont la région est un fief, érige le Brabant en duché et nomme Henri Ier (1190-1235), comte de Bruxelles et de Louvain, duc de Brabant. Henri se lance dans la construction des premiers murs d’enceinte de Bruxelles. Il englobe ce qui deviendra le centre historique de la ville (Saint-Géry, la future Grand-Place, le Coudenberg, le chapitre de Sainte-Gudule). De nombreux vestiges sont encore visibles de nos jours (les Tours Noires et Anneessens et un large pan de mur et une tour rue de Villers, entre autres).
1225 -1306
Bruxelles grandit
Grâce à son port bien relié aux réseaux de rivières et de canaux, et à la réputation de ses artisans, la petite ville prospère. On démarre la construction de la Collégiale Sainte-Gudule qui remplacera un édifice roman. En 1229, Bruxelles reçoit une charte qui lui attribue libertés et privilèges. En 1306, une charte du duc de Brabant confirme l’autorité des « Sept lignages de Bruxelles » sur l’administration de la ville. Ces sept familles nobles dirigeront, d’abords seules, puis associées aux guildes (1390), la ville jusqu’en 1795.
1356 – 1455
Guerre de succession du Duché de Brabant
Signature de la « Joyeuse-entrée » qui organise la division du pouvoir en Brabant entre le duc et les « États de Brabant » (noblesse, clergé, tiers état). De nos jours, le terme « Joyeuse entrée » est encore utilisé pour désigner la première visite dans une ville d’un nouveau souverain qui accède au trône.
La même année, le duc Jean III de Brabant meurt et sa fille Jeanne prend la succession. Le comte de Flandre, Louis de Male, qui souhaite étendre son territoire, en profite pour contester la légitimité de la duchesse Jeanne et envahit Bruxelles. La ville est rapidement reprise grâce à l’échevin Éverard t'Serclaes. Celui-ci entrera en conflit avec le Sire de Gaasbeek qui lui tend une embuscade. Ses hommes de main l’attaquent et le laissent pour mort, la langue arrachée. Transporté à Bruxelles, il agonise non sans avoir reçu la visite de la duchesse Jeanne. En colère suite à cet assassinat, les Bruxellois se soulèvent et marchent sur le château de Gaasbeek. Avec eux, ils emmènent des provisions dont de nombreux poulets. Les Bruxellois gagnent leur surnom de kiekefretters, mangeurs de poulets. Entre-temps, la ville s’est agrandie et une deuxième enceinte est construite entre 1376 et 1379. Son tracé est équivalent à ce que nous appelons le « Pentagone » ou « petite ceinture » et forme pour la plupart les limites actuelles de la ville de Bruxelles. De la deuxième enceinte et de ses sept portes, il ne reste plus que la Porte de Hal, devenue musée. En 1401, la première pierre de l’hôtel de ville est posée. La construction se terminera en 1455.
1430
La période bourguignonne
Philippe le Bon, duc de Bourgogne, hérite du Duché de Brabant. Commence une période prestigieuse pour la ville. Au fur et à mesure d’une politique d’alliances, rachats, conquêtes et mariages, commencée par Philippe le Hardi, le premier des ducs de Bourgogne, les Pays-Bas bourguignons sont constitués. Ils comprennent la Flandre, l’Artois, le Brabant, le Limbourg, le Hainaut, le Namurois, le Luxembourg, la Hollande et la Zélande. Bruxelles devient une capitale du duché et les travaux s’enchaînent. Philippe fait agrandir la Senne pour en faciliter la navigation et le commerce. Le Palais de Coudenberg est aussi agrandi pour pouvoir accueillir le duc et sa cour, la plus prestigieuse d’Europe occidentale. De ce palais somptueux, il ne reste plus que des ruines souterraines se trouvant sous la place Royale et que l’on peut visiter. Le duc se lance aussi dans une politique centraliste pour administrer son vaste État, ce qui créera quelques frictions avec les villes des Pays-Bas, habituées à leur autonomie.
1482
Bruxelles change de main
Marie de Bourgogne, petite-fille de Philippe le Bon et unique héritière de la lignée des ducs de Bourgogne, meurt d’une chute de cheval. Marie ayant épousé Maximilien d’Autriche, les Pays-Bas bourguignons passent donc dans le giron d’une nouvelle famille : les Habsbourg. C’est aussi pendant l’époque bourguignonne que seront créés les États généraux qui représentent les provinces du nord. Ces États généraux, où la noblesse a la première place, servira d’organe représentatif jusqu’à la Révolution française.
1516 - 1555
Charles Quint et époque des Pays-Bas espagnols
Le petit-fils de Maximilien d’Autriche, Charles, est déjà duc de Bourgogne à l’âge de 16 ans. Il hérite d’un immense territoire via sa mère, Jeanne de Castille. Il reçoit non seulement l’Espagne actuelle mais aussi tous les territoires du Nouveau Monde à peine découverts, « l’Empire où le soleil ne se couche jamais ». Charles est couronné Saint-Empereur germanique sous le nom de Charles Quint. Il rétablit Bruxelles comme capitale des Pays-Bas et le Palais de Coudenberg devient une de ses résidences principales. C’est pour lui qu’Erasme, qui séjournait alors à Anderlecht, rédige L'Institution du prince chrétien. Bruxelles attire artistes, artisans, scientifiques et financiers et éclipse toutes les autres villes du Brabant, y compris Louvain et Malines. C’est l’âge d’or de la tapisserie de Bruxelles dont les ateliers de Pieter van Aelst réalisent des œuvres d’art sur des cartons de Raphaël. Le règne de Charles Quint sera marqué par deux gros points noirs : son conflit avec les rois de France, François Ier puis Henri II et sa lutte contre la réforme protestante, un conflit interne qui, à terme, mènera à la scission des Pays-Bas espagnols. En 1549, l’Empereur vient à Bruxelles présenter son fils et successeur, le futur roi Philippe II. Pour marquer l’occasion, la ville organise un Ommegang, une grande procession, jusqu’ici religieuse, pour accueillir ce prince. Si fastueuse était cette procession qu’on lui a redonné vie en 1930. En 1555, fatigué par un long règne, Charles abdique lors d’une cérémonie au Palais de Coudenberg et se retire au monastère de Yuste. Son fils, Philippe, devient souverain des terres espagnoles et des Pays-Bas tandis que les États autrichiens et le titre d’empereur sont cédé à son frère Ferdinand. On parlera donc de « Habsbourg d’Espagne » et de « Habsbourg d’Autriche ».
1566 – 1585
Guerres de religion
Encore plus férocement opposé au protestantisme que son père, Philippe tente de mettre au pas les rebelles protestants par la force et envoie le duc d’Albe qui sèmera la terreur à travers les Pays-Bas. Tout le territoire est en proie aux conflits religieux. À Bruxelles, les principaux représentants de la noblesse, soutenus par la majorité de la population présentent leurs griefs à la gouvernante des Pays-Bas, Marguerite de Parme. Méprisés et traités de gueux par les partisans du roi, ces nobles organiseront un « banquet des gueux » le 5 avril 1566 où, déguisés pauvrement, ils adopteront la devise « gueux jusqu’à la besace ». Le 5 juin 1568, les Comtes d’Egmont et de Hornes, deux nobles catholiques mais opposés à la politique répressive du roi, sont exécutés sur la Grand-Place après avoir été condamnés pour trahison. Cet évènement marque le début de la guerre de Quatre-Vingts Ans qui se terminera sur l’indépendance des provinces du nord, les actuels Pays-Bas. Bruxelles sera même une république calviniste pendant quelques années. En 1585, après un siège d’un an, les Espagnols en reprennent possession.
1598 - 1648
Accalmie sous les archiducs Albert et Isabelle
Philippe II cède la souveraineté des Pays-Bas à son neveu, l’archiduc Albert, et à son épouse Isabelle. Ceux-ci travaillent au triomphe du catholicisme, à la reconstruction économique et aux grands travaux (notamment le creusement du canal Bruxelles-Willebroek). Mais l’archiduc, mort en 1621, n’ayant pas laissé d’héritier, les Pays-Bas méridionaux retourneront à l’Espagne, et les hostilités reprennent. Les cessions par traité dessinent le tracé de la Belgique actuelle : perte du Brabant-Septentrional et de la Flandre-Zélandaise au profit des Provinces-Unies, abandon de l’Artois, d’une partie de la Flandre et du Hainaut à la France. Le traité de Westphalie, en 1648 la sépare des dix-sept provinces.
1695
Bombardement de Bruxelles
Ce siècle de malheurs pour les Pays-Bas espagnols s’achève par le bombardement de Bruxelles et de sa Grand-Place par le roi de France Louis XIV. Du 13 au 15 août 1695, les troupes du Maréchal de Villeroy font pleuvoir les boulets de canon sur la ville, détruisant un tiers de son bâti. Miraculeusement, l’hôtel de ville a tenu, mais le reste de la Grand-Place est en ruines. Il faudra à peine 3 ans pour que les « Nations » (les métiers reconnus de Bruxelles, représentant le pouvoir bourgeois) alliées aux « Lignages » (les familles patriciennes) sous l’autorité du prince-gouverneur et de l’amman (le haut-juge local), ne reconstruisent la Grand-Place.
1713 - 1731
L’époque autrichienne
Par le Traité d’Utrecht, les souverains espagnols cèdent les Pays-Bas méridionaux aux Habsbourg d’Autriche. Voulant également imposer un système centralisé, l’autorité autrichienne entre vite en conflit avec les Nations, jalouses des libertés accordées depuis la Joyeuse Entrée. Même si le commerce se développe grâce à une politique protectionniste de la part des souverains autrichiens, le mécontentement gronde. En 1731, le Palais du Coudenberg, le fastueux palais de Philippe le Bon et Charles Quint, est entièrement détruit. Il ne sera jamais reconstruit. L’impératrice Marie-Thérèse nomme son beau-frère, Charles de Lorraine, gouverneur des Pays-Bas autrichiens. Bon vivant, Charles se plaira à Bruxelles et lancera des travaux pour embellir la ville. On lui doit l’essentiel des constructions classiques qui existent encore : son palais sur l’actuelle place des Musées, l’aménagement de la place Royale, la conversion de la « Warande », l’ancienne réserve de chasse, en parc et ce qui deviendra la place des Martyrs. Il restera gouverneur jusqu’à sa mort en 1780. Cela coïncide avec la mort de Marie-Thérèse et l’accession au trône de Joseph II. Despote éclairé, il veut centraliser et réformer son État, cela passe par des prises de décision sans consultations. Ces réformes menées au pas de charge vont mécontenter tout le monde : nobles, bourgeois, clergé…
1747
Manneken Pis volé !
Des grenadiers français dérobent Manneken Pis. Il sera vite retrouvé mais pour apaiser les Bruxellois, le roi Louis XV lui fait confectionner un costume de gentilhomme de brocard et de fil d’or. Le costume est accompagné d’une épée. Le roi le décore de l’Ordre de Louis XIV et lui accorde aussi le titre de Chevalier de l’ordre de Saint-Louis. Ce costume est le plus ancien que l’on puisse voir au musée des Costumes de Manneken Pis.
1789 – 1790
La parenthèse de la révolution brabançonne
La Révolution française trouve très vite écho en Belgique. Les garnisons autrichiennes sont défaites dans des combats de rue. Conséquence, les États belges unis sont proclamés en janvier 1790. Cela sera de courte durée. Les dissensions internes entre « progressistes » et « conservateurs » ont raison de la jeune révolution. Le 10 décembre 1790, l’armée autrichienne reprend le contrôle et le nouvel empereur du Saint-Empire, Léopold II, règne à nouveau sur ces contrées.
1794 – 1815
Époque napoléonienne
Définitivement vaincus à la bataille de Fleurus par l’armée révolutionnaire française, les Autrichiens capitulent. Assimilée à la France, la Belgique se voit appliquer les principes révolutionnaires puis le code napoléonien. Bruxelles entre dans la révolution industrielle et dans une courte période de prospérité, notamment dans le secteur du textile et de la chimie, malgré sa rétrogradation en simple « chef-lieu de département de la Dyle ». La suprématie de la langue française est établie, tout comme la centralisation administrative. Le Grand Béguinage de Bruxelles est supprimé et disparaîtra complètement. L’église Saint-Géry est également détruite en 1798. L’espace restera vide jusqu’à la construction des halles. En 1801, Napoléon Bonaparte, alors Premier consul, ordonne la création du musée des Beaux-Arts de Bruxelles, recevant de nombreuses œuvres du Louvre.
Les Belges participeront aux campagnes napoléoniennes et aux armées des Alliés (Anglais et Prussiens) à Waterloo. Des voix s’élèvent contre l’écrasement de la culture néerlandaise en Flandre.
1815 – 1830
Union forcée avec les Pays-Bas
Après la défaite de l’armée napoléonienne à Waterloo, le Congrès de Vienne décide d’attribuer les territoires de la Belgique aux Provinces-Unies. Les ancien Pays-Bas espagnols se retrouvent sous le nom de « Royaume-Uni des Pays-Bas ». Bruxelles devient co-capitale du nouveau royaume avec La Haye. La révolution industrielle prend de l’ampleur et la concrétisation d’un très ancien projet, un canal qui relierait Charleroi à Bruxelles, et donc vers Anvers via le canal de Willebroek, est lancé en 1827. Malgré une politique volontariste de la part de Guillaume d’Orange, le souverain néerlandais, les deux siècles de séparation entre le sud et le nord ont forgé des différences profondes entre la bourgeoisie industrielle (encouragée par le régime) au sud, et commerçante au nord, différences religieuses, différences linguistiques.
1830 – 1834
Révolution belge et début du royaume de Belgique
Le 25 août 1830, La Muette de Portici est jouée au Théâtre de la Monnaie. Cet opéra de Daniel-François-Esprit Aubert qui raconte la révolte des Napolitains contre la domination espagnole comporte un aria, « Amour sacré de la Patrie », qui va faire exploser les frustrations accumulées depuis 1815. La révolution éclate. Des volontaires issus d’autres parties du pays (notamment de Liège) rejoignent les révolutionnaires bruxellois. Les patriotes chassent l’armée hollandaise et un gouvernement provisoire se constitue en régime de monarchie constitutionnelle. Un Congrès national vote la Constitution le 7 février 1831, garantissant de nombreuses libertés aux citoyens. Avec cette constitution, le jeune État belge devient d’un des plus libéraux pays d’Europe. Le 21 juillet, Léopold Ier de Saxe-Cobourg-Gotha prête serment sur cette nouvelle constitution et devient le premier roi des Belges.
Devenue capitale, Bruxelles change de visage. De nombreux francophones, dont des réfugiés français, s’y installent. Peu à peu, la ville devient de plus en plus francophone. L’industrialisation gagne les faubourgs de la capitale, notamment Molenbeek qui, par sa position au bord du nouveau canal Bruxelles-Charleroi, devient une ville champignon. Si la vie politique est rythmée par le Parti libéral et le Parti catholique, à Bruxelles, le courant libéral domine et en 1834, l’Université libre de Bruxelles, basée sur le principe du Libre examen, est fondée par Pierre-Théodore Verhaegen.
1865 – 1908
Les grands travaux
Pendant le règne de Léopold II, de nombreux grands travaux sont entrepris pour moderniser la jeune capitale et qui changeront complètement son aspect. Sous l’impulsion du bourgmestre Jules Anspach, on procède au voûtement de la rivière Senne et à la création des grands boulevards sur un modèle haussmannien en 1867. En 1866, c’est le début de la construction du Palais de justice et en 1880, le parc et les arcades du Cinquantenaire sont achevés pour célébrer l’anniversaire de la Belgique. La ville est ornée de plusieurs grands boulevards (comme l’avenue Louise) et de parcs. Victor Horta donne ses lettres de noblesse à l’Art nouveau qui s’implante à Bruxelles.
Grâce à l’extraction du charbon, l’industrie et les richesses arrachées au Congo (d’abord propriété de Léopold II avant de devenir colonie de la Belgique en 1908), la Belgique devient un des pays les plus riches du monde.
1914 – 1930
De la Grande Guerre à la crise économique
L’empire allemand viole la neutralité belge le 2 août 1914. Le pays est rapidement envahi et le gouvernement se retire en France, au Havre. Le roi Albert Ier (1909-1934), maintient la résistance et sa souveraineté sur le réduit territorial dans le nord-ouest du pays délimité par l’Yser. Cela, tout au long d’une guerre de tranchées atroce. Pendant ce temps, Bruxelles est sous occupation allemande. Si la ville n’a pas à subir de gros combats, ni de destructions significatives, l’occupation est rude : rationnement, déportation d’habitants pour du travail forcé… Dès le début de l’occupation, le bourgmestre Adolphe Max refuse de collaborer avec les Allemands. Il passera toute la durée de la guerre en prison. Réinstallé en 1918, il restera à la tête de la Ville de Bruxelles jusqu’à sa mort en 1939. La guerre a fait sentir l’injustice linguistique vis-à-vis de soldats flamands, qui ne comprenaient pas ou mal les ordres de leur hiérarchie francophone. Cela sème les graines d’un mouvement nationaliste flamand.
Au sortir de la Grande Guerre, la Belgique se voit attribuer par le traité de Versailles les cantons allemands d’Eupen et Malmedy. Elle adopte le suffrage universel et des mesures sociales sur les conditions d’embauche, de salaire et de grève. À Bruxelles, l’Art nouveau est remplacé par l’Art déco, un style qui marque tout autant la capitale.
La grande crise économique des années 1930 provoque l’émergence de mouvements fascistes comme Rex, côté francophone et le VNV, côté flamand, qui fourniront les cadres politiques de la collaboration avec l’occupant allemand.
1939
Bruxelles pendant la Seconde Guerre mondiale
La Belgique est à nouveau envahie et encore une fois, Bruxelles subit les privations non seulement du point de vue matériel mais du point de vue des libertés. L’Université libre de Bruxelles se saborde avant d’entrer dans l’illégalité, la résistance s’organise. Malgré l’opposition du bourgmestre Jules Coelst, les lois antisémites de l’Allemagne nazie sont appliquées et les juifs bruxellois sont raflés et déportés vers les camps de concentration. Pendant la guerre, Bruxelles sera bombardée trois fois et avant de quitter la ville face à l’avancée des Alliés, les Allemands incendient le Palais de Justice où étaient conservées les archives de l’occupant.
1958 – 1967
La Belgique joyeuse
Au sortir de la guerre, la Belgique arrive à se remettre assez rapidement, Pour soutenir la reconstruction, surtout dans l’exploitation des mines de charbon, le pays fait appel à une main-d’œuvre étrangère, notamment italienne dans le cadre d’un contrat « bras contre charbon ». En 1958, l’Exposition universelle est organisée à Bruxelles sur le plateau du Heysel, pendant le début de règne du jeune roi Baudouin. Cette exposition sera le cadre d’un bouleversement urbanistique jamais vu depuis les grands travaux de la fin du XIXe siècle. De nombreux quartiers et immeubles de valeur (dont la maison du Peuple d’Horta ou les Halles centrales) sont rasés pour faire place à des bâtiments modernes, à des viaducs, des parkings… La jonction ferroviaire entre la Gare du Nord et la Gare du Midi éventre littéralement la ville. Cette folie immobilière débridée sous couvert de modernisation nécessaire prendra un nom dans le vocabulaire de l’urbanisme : « bruxellisation ». L’expo se déroule dans l’euphorie des Trente Glorieuses et de cette période de la « Belgique joyeuse », il reste l’Atomium.
À la suite de la signature du Traité de Rome qui crée les communautés CEE et Euratom, leurs institutions s’installent à Bruxelles. C’est le début du destin international de Bruxelles qui devient une des capitales européennes. En 1967, c’est l’OTAN qui transfère son siège de Paris à Bruxelles.
1964
Une immigration choisie
Toujours en manque de bras, la Belgique signe des accords avec le Maroc et la Turquie pour favoriser l’immigration d’une nouvelle main-d’œuvre. Si les immigrants turcs s’installent plutôt à Schaerbeek et Saint-Josse, les Marocains se retrouvent à Molenbeek, Anderlecht et la partie sud-ouest de Bruxelles. Une immigration qui contribuera au caractère multiculturel de la ville.
1989 – 1993
Création de la Région de Bruxelles-Capitale et fédéralisme
Depuis 1977 et la signature du Pacte d’Egmont, la Belgique se réforme pour mieux coller aux réalités linguistiques et sociaux-économiques du pays. La Belgique se divise en communautés et en régions. Les 19 communes de Bruxelles deviennent une région à part entière. Sont créées une commission communautaire française, une flamande et une commission commune pour gérer les aspects communautaires (notamment l’enseignement) dans la jeune région. En 1993, la Belgique devient officiellement un État fédéral.
2016
Les attentats du 22 mars
Le 22 mars, Bruxelles est touchée au cœur par un attentat islamiste. Une heure et quart après l’explosion de deux bombes à l’aéroport de Bruxelles, un kamikaze se fait exploser à son tour dans une rame de métro à la station Maelbeek, en plein quartier européen, faisant respectivement 18 et 17 morts et près de 200 blessés. La ville en ressort traumatisée et un millier de militaires sont déployés dans les rues.
2021-2024
Nouveaux projets
Les travaux du piétonnier du centre-ville sont enfin terminés. La cerise sur le gâteau : la réouverture du Palais de la Bourse et l'installation en son sein du Belgian Beer World, le «musée» de la bière en 2023. Au premier semestre 2024, la Belgique prit la tête, avec succès, de la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne. Un semestre qui s'était conclu non seulement par les élections européennes mais aussi par les élections fédérales et régionales dont l'issue n'a toujours pas accouché d'un nouveau gouvernement au moment où nous écrivons ces lignes.