CHÂTEAU DE TRIPOLI
Il est appelé en arabe Assaray el-Hamra, « le sérail rouge », à cause de sa couleur ocre. Sa morphologie actuelle correspond aux restaurations italiennes menées entre 1922 et 1935 sur le sérail ottoman, mais il existait déjà là un édifice à l’époque romaine et le tracé de sa façade est pour ainsi dire inchangé depuis le XVIe siècle, les Espagnols et les chevaliers de l’ordre de Malte l’ont reconstruit à la place d’une forteresse musulmane. Dès l’époque byzantine, il a été le plus important bâtiment défensif de la ville, au regard de sa taille (13 000 m²), son imposante stature et sa position stratégique en bordure de l’ancienne Tripoli, face à la mer qui léchait encore sa façade nord avant la colonisation italienne. Les Byzantins, qui avaient renforcé les défenses de la ville et de sa forteresse, subirent en effet un siège d’un mois face au conquérant arabe Amr ibn el-Ass avant que celui-ci ne parvienne à prendre la place (642-643). Amr ibn el-Ass n’avait pas rencontré pareille défense de la part des Byzantins au cours de toute son avancée victorieuse vers l’ouest le long du littoral libyen. Dès qu’ils prirent possession des lieux, les Arabes réaménagèrent la forteresse. Les nouveaux maîtres des lieux en feront par la suite le centre de leur pouvoir à Tripoli.
Le Castello espagnol. En 1510, les Espagnols détruisent la forteresse lors de l’attaque de la ville. Ils construisent à la place leur Castello. Dans les années 1530, les chevaliers de l’ordre de Malte, à qui les Espagnols ont laissé la ville, procèdent à une réfection du bâtiment auquel ils adjoignent, dans les années 1540, deux forts au sud et à l’ouest, percés d’ouvertures pour leurs armes à feu : le fort Saint-Georges et le fort Saint-Jacques, reliés par une plate-forme. Un troisième fort vient compléter l’ensemble. Ainsi renforcé, le Castello espagnol est la pièce maîtresse de la défense des chevaliers contre les attaques ottomanes. Ces dernières sont malgré tout victorieuses et, à partir de 1551, les nouveaux maîtres de Tripoli s’emploient successivement à agrandir le bâtiment. La chapelle Saint-Léonard des chevaliers de Malte qu’il renfermait devient alors une mosquée à neuf coupoles. Du XVIIe siècle au XIXe siècle, un fossé construit tout autour du château le sépare plus que jamais de la ville.
Le sérail des Qaramanli. Comme par le passé, le château devient la résidence des gouverneurs successifs du sultan ottoman. La famille Qaramanli demeure dans le château tout le long de son règne (1711-1835) et l’agrandit pour pouvoir abriter les nombreux appartements princiers des membres de la famille. Une grande salle où le pacha Qaramanli reçoit les représentants des pays étrangers est également rajoutée au bâtiment qui se présente comme un enchevêtrement d’espaces officiels et d’espaces privés, reliés par de petits passages voûtés et cours intérieures, et comprenant aussi un harem et un bagne pour les esclaves chrétiens, des entrepôts, etc.
La résidence des gouverneurs italiens. Les Italiens s’étant rendus maîtres de Tripoli avec l’aval des Français et des Britanniques, la menace d’une agression venant de la mer disparaissait, et avec elle l’utilité défensive historique du château. En 1934, le gouverneur italien Italo Balbo (1934-1940) décide de déplacer la résidence des gouverneurs de l’actuel Qasr ech-Chab vers le château, point de rencontre entre la ville arabe (la vieille ville d’aujourd’hui) et la ville italienne, afin de témoigner symboliquement de l’union des Libyens et des Italiens dans le fascisme, situation tout autre dans les faits. Italo Balbo installe ses bureaux dans l’ancien fort Saint-Georges.
Le château de Tripoli est à présent le siège du département des Antiquités libyennes, et sa visite par les touristes devrait être prochainement autorisée à nouveau.
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Avis des membres sur CHÂTEAU DE TRIPOLI
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