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MUSÉE NATIONAL DE TRIPOLI

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Place Verte, Tripoli, Libye
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Ne quittez pas Tripoli sans avoir visité le Musée national, conçu en collaboration avec l’Unesco, qui rassemble les richesses du patrimoine archéologique libyen au fil de salles dédiées à la préhistoire, aux peuples libyens de l’Antiquité, aux périodes punique, romaine, byzantine et islamique, et dont un étage est consacré à la période contemporaine. Les salles de la statuaire romaine sont particulièrement somptueuses. Chaque salle comporte des explications générales en anglais des périodes et sujets, mais les différentes collections sont légendées en arabe seulement, le musée ayant ouvert pour les Libyens à une époque (1988) où les touristes étaient bien rares. Comme vous le remarquerez d’ailleurs, les Libyens le visitent volontiers, et il n’est pas rare d’y croiser des classes d’écoliers ou de lycéens venus avec leurs professeurs. Compter deux bonnes heures pour une visite exhaustive. A l’époque de la colonisation, les Italiens avaient détruit une partie du château de Tripoli pour y faire passer la route du littoral, sous l’actuelle porte d’entrée du musée !

Dans le hall d’entrée, sur la gauche, trône un grand mausolée provenant de Ghirza (IIIe siècle), et des bas-reliefs découverts sur le même site sont accrochés aux murs. Les Libyens romanisés des riches fermes de Ghirza sculptaient leurs monuments funéraires d’évocations de leur vie quotidienne : vignes avec grappes de raisins, palmiers-dattiers, animaux de la ferme… A droite, une belle statue de Vénus fut rapatriée d’Italie en Libye en 2000. Sur le mur derrière la statue, le panneau central peuplé d’animaux marins d’une mosaïque romaine est entouré d’une frise montrant des scènes de jeux dans l’amphithéâtre de Leptis Magna (IIe siècle apr. J.-C., villa de Dar Buk Amera à Zliten). On y remarquera une série de musiciens, ceux qui jouaient à l’ouverture des jeux. On remarquera aussi les deux condamnés à mort attachés sur de petits chars et destinés à être dévorés par deux féroces panthères. Selon certains archéologues, ces deux prisonniers de guerre seraient des Garamantes, peuple guerrier du Fezzan qui vint à l’aide d’Oea (Tripoli) contre Sabratha en 70 apr. J.-C. et dont les combattants furent sévèrement punis par les Romains après la défaite d’Oea, comme l’illustrerait cette frise. Sur le mur de gauche, une peinture de Tripoli au XVIIe siècle. Dans deux niches, deux statues proviennent des thermes de Leptis Magna : à gauche le dieu Apollon, à droite un athlète.

Au fond du hall, une grande carte du pays permet de visualiser, grâce à des signaux lumineux, la localisation des différents sites archéologiques, le tracé des routes caravanières ou les vingt musées du pays. Avant d’emprunter la porte à gauche menant vers les salles consacrées à la préhistoire libyenne, on ne manquera pas de jeter un œil à la petite Volkswagen que conduisait le colonel Kadhafi à l’époque de la révolution.

Les salles 2, 3 et 4 abritent une collection de grands silex de la période acheuléenne (Paléolithique inférieur) ; des outils employés par les hommes moustériens et atériens (Paléolithique moyen), qui se sont succédé dans la grotte de Haua Fteah en Cyrénaïque, habitée il y a 80 000 ans ; une carte pédagogique sur les âges préhistoriques ; un tronc d’arbre fossilisé trouvé dans le Sahara libyen (au centre de la salle 2) ; à la sortie de la salle 2, une photographie de peinture rupestre de pasteurs Uan Amil, avec leur mèche de cheveux en avant (5500-4000 av. J.-C., Akakus) ; un gros pot en céramique découvert dans l’Akakus et datant de - 8000 à - 3700 ; dans la salle 4, des reproductions de gravures rupestres de l’époque néolithique du Messak Settafet et du wadi Matkhendush et le squelette d’un enfant préhistorique découvert par le professeur Mori dans le wadi Tachwinet.

La salle 5 est consacrée aux traces laissées par les premiers Libyens : au centre de la pièce, une sépulture royale de la tribu des Garamantes, grande tribu fondatrice de la ville de Garama dans le Fezzan (actuelle ville de Germa) qui attaqua Leptis Magna au Ier siècle ; au fond à gauche, les moulages des sculptures de Suluntah (Cyrénaïque, période romaine) dont on ne sait à quel rite funéraire autochtone elles étaient consacrées ; sur le mur avant la sortie, des frises de mausolées de Ghirza (IIIe-IVe siècle) ornées de grappes de raisins et de scènes de la vie agricole, dont un homme menant un troupeau de dromadaires.

La salle 6 abrite quelques-uns des rares vestiges laissés par la civilisation punique : statue de lion trouvée à Oea (Tripoli), stèle funéraire avec le signe de la déesse Tanit, têtes de divinités puniques, peut-être celles de Baal Hammon et de sa femme la déesse Tanit.

La salle 7 expose une maquette de l’agora et du temple de Zeus à Cyrène (au centre de la pièce), les statues de Dionysos (à droite, avant la salle 8) et de la déesse Fortune (à gauche, avant la salle 8) de Leptis Magna.

Dans la petite salle 8, une fine sculpture des Trois Grâces (IIe siècle, Cyrène) ; une statue d’Athéna (Leptis Magna) ; deux bustes funéraires (IVe siècle av. J.-C.) provenant de la nécropole de Cyrène, avec et sans visage. De tels bustes ornaient la plupart des sépultures découvertes dans la vaste nécropole cyrénéenne. On ne les trouve nulle part ailleurs dans le monde gréco-romain. Elles figurent peut-être la déesse Perséphone, qui passait la moitié de l’année sur terre, avant de rejoindre son époux dans le royaume des Enfers.

La salle 9 présente une statuaire impressionnante provenant de Leptis Magna et de Sabratha. Elle est divisée en trois sections. La maquette au milieu de la première section est celle du forum et de la basilique édifiés sous le règne de Septime Sévère à Leptis Magna. Au fond à droite, une statue de Diane chasseresse occupe l’angle, flanquée à droite par la déesse Aphrodite se drapant, et, à gauche, par la statue de l’Artémis d’Ephèse, datant du règne d’Hadrien et mise au jour dans le sanctuaire de l’amphithéâtre de Leptis Magna.

La déesse de la Fécondité présente trois rangées de mamelles et un torse aux signes du zodiaque. Le mur est orné d’une splendide mosaïque des quatre saisons personnifiées par de jeunes femmes aux coiffures champêtres, encadrées par des scènes nilotiques (villa romaine de Dar Buk Amera de Zliten). Les statues des deux mécènes d’origine punique de Leptis Magna sont exposées dans des niches : à droite, celle d’Hannibal Tapapius Rufus, qui offrit à Leptis Magna son marché et son théâtre ; au fronton de la mezzanine, l’inscription en langue latine et en langue punique qui se trouvait au-dessus d’une des portes du théâtre de Leptis Magna et qui célèbre son mécène Tapapius Rufus.

Dans la seconde section de la salle se trouve un beau pavement de mosaïque avec, au centre, un médaillon à tête de nymphe marine (villa des Néréides, à Tajura) ; sur le côté gauche sont alignés les bustes des empereurs romains Hadrien, Marc Aurèle et Lucius Verus, ainsi que ceux de leurs épouses.

La dernière section expose la maquette du forum et une grande photographie du théâtre de Sabratha. Sur le mur de droite, une mosaïque de la Villa du Nil (Leptis Magna) présente des cupidons se dirigeant vers le port à bord d’une frégate, une autre des pêcheurs dans une scène nilotique (sur les bords du Nil), une autre encore, provenant de la maison d’Orphée (Leptis Magna), où Orphée charme les animaux avec sa lyre. Ces mosaïques datent des IIe et IIIe siècles, et témoignent de l’opulence dans laquelle vivaient les notables de Leptis Magna. Entre les arcades du mur de gauche de la salle, on peut voir trois médaillons à têtes de Méduse provenant du forum sévérien de Leptis Magna. Au sortir de la pièce, sur la gauche, on remarquera une mosaïque de l’époque byzantine avec deux cavaliers engagés dans une chasse au lion, puis l’Egide protectrice à tête de Méduse (IIe siècle) qui protégeait des invasions l’arc d’Antonin à Leptis Magna.

Au 1er étage dans la salle 10, au centre de la rangée de statues (mur de droite) se trouve la gracieuse statue de Caracalla enfant, celui-là même qui, parvenu à l’âge adulte, tua son frère Geta pour régner en solitaire (il sera empereur de 188 à 217 avant de se faire assassiner) et fit d’ailleurs disparaître la plupart des statues de ce dernier. On trouve cependant l’une des rares représentations préservées de Geta dans la salle 11, que l’on ira voir avant de visiter les vitrines de la salle 10 avec leur collection de pièces de monnaie et de lampes à huile. En allant vers la salle 11, on passe devant des amphores puniques (du IVe au Ier siècle av. J.-C.).

La salle 11 est consacrée à l’arc de Septime Sévère (203 apr. J.-C.) à Leptis Magna dont la maquette se trouve au centre de la pièce. Au mur sont exposés les décors originaux en marbre de l’attique (sommet de l’arc au-dessus duquel étaient posées des statues) et l’original d’une Victoire ailée tenant la couronne de laurier et la palme de la victoire qui ornait les angles des arcades. Sur le mur de l’entrée, Septime Sévère et sa femme assistent au sacrifice d’un taureau. Sur le mur suivant (en face, à droite en entrant), Septime tenant les mains de ses deux fils, Caracalla et Geta. Sur le mur à gauche en entrant, la procession victorieuse de l’empereur avec sa femme Julia Domna sur un quadrige.

Au fond, la salle 12 réunit des vestiges de l’époque byzantine, notamment quelques photos des mosaïques colorées de l’église de Qasr Libya (Cyrénaïque). Les fenêtres d’église byzantine incorporées au mur proviennent de l’église El-Khadra (ville de Tarhuna).

Au 2e étage, on aborde la période islamique (salles 15 à 19). Dans la salle 16 se trouvent les maquettes de la mosquée En-Naga à Tripoli et des six tombeaux de Zouwayla des Bani Khattab, chefs du Fezzan du Xe au XIIe siècle. Le début de la salle 19 est consacré au château de Tripoli, avec une maquette et, au fond, sa représentation sur une carte du Moyen Age. Plus loin dans la salle, derrière des poteries et lampes à huile conservées dans des vitrines, on ira voir une porte de mosquée datant de 1699. On verra ensuite, jusqu’à la salle 21, des reconstitutions d’intérieurs : intérieur d’une maison de Ghadamès, une longue vitrine avec des mannequins vêtus des différents costumes traditionnels des régions de Libye (Benghazi, Tripoli, Mourzouk, habit touareg, etc.).

La salle 21 est consacrée aux Touaregs.

La salle 26 présente un pressoir à olives et une grande jarre destinée à recueillir l’huile, tous deux caractéristiques du djebel Nefousa ; un bas-relief provenant d’un mausolée de Ghirza (IIIe-IVe siècles) dépeint les travaux des champs (labour, récolte).

La salle 27 donne d’intéressantes informations sur les différents types de puits traditionnels que l’on trouve en Libye, ainsi que sur certaines techniques de productions agricoles locales.

L’histoire contemporaine commence au 4e étage par une salle qui raconte la lutte des tribus libyennes contre les Italiens. Armes, photographies et objets personnels des héros nationaux : Omar Moukhtar, qui sera exécuté par les Italiens en 1931, ou Suleyman el-Baroni. Les salles suivantes sont dédiées à la gloire de Kadhafi (série de photographies datées du leader acclamé par le peuple et les tribus, ou encore rencontrant ses homologues arabes) et aux réussites du régime de la Jamahiriya dans les domaines économique et social, où est mise en avant la promotion de la femme : femme en armes mais aussi femme scolarisée. Egalement une traduction en anglais de la Déclaration de l’autorité du peuple (1977). La visite du musée s’achève par une petite exposition d’histoire naturelle : géologie, fossiles, spécimens de la faune libyenne empaillés.

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