LE QASR DE NALOUT

C’est le gardien, toujours aussi sympathique, qui ouvre et ferme le qasr. Il a réaménagé une des anciennes maisons du village où il expose un peu d’artisanat et des petits objets décoratifs qu’il réalise lui-même. Un effort de rénovation du qasr et de son village a eu lieu ces dernières années. De petites pancartes en anglais ont été apposées aux principaux édifices, dont une grande pancarte explicative sur le mur du qasr qui rappelle les efforts de ses habitants qui l’ont préservé des ravages du temps et l’ont restauré récemment. Des toilettes ont été aménagées dans un bâtiment au milieu du vieux village.

La présence de plusieurs sources naturelles à proximité a rendu le site propice à l’installation humaine, et les environs de Nalout comptent d’autres vieux villages. Le qasr, percé de petites lucarnes d’aération, est entouré d’un chemin qu’empruntaient les chameaux lestés par les paniers de denrées (figues séchées...). A l’entrée du qasr, remarquez les petits renfoncements sur les dalles de pierre, où étaient concassés les noyaux de datte, nourriture pour les chameaux. On a là une belle vue panoramique, malgré une décharge improvisée sur l’autre versant du djebel. Comme la plupart des qasr du djebel Nefousa, le qasr de Nalout domine les hauteurs, isolé par deux ravins. Une inscription en arabe sur le plafond de l’entrée indique qu’il fut reconstruit en 1240.

Le chemin pour y parvenir depuis la plaine était à pic, ce qui représentait évidemment un atout pour l’édifice défensif mais rendait pénible l’acheminement des récoltes d’olives et de céréales. L’emplacement et la petite taille de l’entrée du grenier fortifié avaient été spécialement prévus pour compliquer la tâche des possibles envahisseurs : on ne pouvait y pénétrer qu’en file indienne, à pied et non à cheval. Un passage souterrain y avait été creusé (à l’angle, à gauche de l’entrée), qui permit aux villageois de soutenir un siège contre les Ottomans. Ce qasr est le plus grand des greniers fortifiés conservés du djebel Nefousa ; à certains endroits il s’élevait jusqu’à 12 m. Répartis pour la plupart sur quatre étages, ses greniers s’empilaient parfois sur 10 étages (7 à présent) et l’on en comptait plus de 500 (il y en a encore environ 350). Le qasr n’est plus en activité depuis les années 1960. Une petite ruelle intérieure court à l’intérieur de l’édifice rectangulaire, entourée de chaque côté par les greniers. On remarquera sur certains d’entre eux les jolies décorations typiques de la région (mains par exemple, un motif courant dans la région, qui éloigne le mauvais œil), les anciennes grandes serrures de bois et, au rez-de-chaussée, les jarres qui conservaient l’huile d’olive, à demi enterrées.

Autour du qasr, les maisons sont abandonnées depuis longtemps : au début du XX^e siècle, les habitants leur avaient préféré les maisons troglodytiques et n’en entretenaient plus que la mosquée centrale, la mosquée Al-Aala, aujourd’hui encore en activité mais fermée aux visites. On peut en revanche aller voir, à proximité, l’école coranique. Une autre petite mosquée accompagnée également d’une école coranique aux plafonds voûtés soutenus par des rangs de piliers se trouve derrière le qasr. Une citerne avait été intégrée au bâtiment de la mosquée. Dans les deux cas, la forme des minarets en aiguille peints à la chaux est typique de la région. Le site comprend trois anciennes huileries : la première à proximité de la rue principale qui conduit au qasr. Elle est indiquée en anglais un peu avant la mosquée Al-Aala. La seconde est plus loin sur la gauche et la dernière, la mieux conservée, encore plus à gauche (vers la fin du vieux village, prendre à gauche). Les maisons abandonnées tombent en ruine. Certaines sont surmontées d’une voûte qui servait de grenier privé pour les denrées, d’autres ont une forme voûtée parce qu’elles étaient dans le prolongement d’un de ces greniers.