SITE ARCHÉOLOGIQUE

Comparés aux autres sites archéologiques de Cyrénaïque, les vestiges de Taucheira font un peu pâle figure, mais le guide attitré des lieux depuis 12 ans, Abdel Mawla Mohamed el-Arfy, dans sa longue djellaba, aura à cœur de vous démontrer le contraire avec un enthousiasme touchant. Même les jolies petites fleurs jaunes qui jonchent le site dès le mois d’avril sont selon lui observables seulement là. On n’y trouve que les fondations de différents bâtiments publics ou privés. En revanche, le mur d’enceinte du site, qui date de l’époque byzantine, est un des mieux conservés de la région. Pour sa construction, on utilisa des pierres de bâtiments plus anciens. Le mur dessine un carré de 600 m de côté, fermé au nord par le rivage où dort le port submergé de Taucheira.

Passé l’entrée du site, en suivant le chemin, on parvient à la basilique byzantine orientale avec son abside et une colonne dressée. En se dirigeant ensuite 100 m vers le sud, on arrive au grand pavage de mosaïques du palais byzantin. La salle finit en abside, comme dans une basilique. On ne sait pas bien quelle était la fonction de l’édifice, mais certains archéologues pensent qu’il s’agissait d’une église. La mosaïque comporte notamment des inscriptions grecques qui disent « Paix est ton entrée, grand prêtre clairvoyant ». Les chrétiens byzantins s’adressent ainsi à Jésus, ce qui indique que cet édifice était peut-être une église byzantine. En des temps plus reculés, il est possible que ce bâtiment ait servi de citerne, ce qui viendrait contredire l’idée admise selon laquelle la ville devait son approvisionnement en eau uniquement à son oasis : Taucheira est la seule cité grecque de Cyrénaïque où l’on n’ait pas trouvé de trace d’un aqueduc.

On poursuivra vers le sud pour rejoindre le Decumanus, l’une des deux voies principales des villes romaines avec le Cardo qui se situe quant à lui à l’extérieur de l’enceinte byzantine et du champ de fouilles. On longera le Decumanus vers la sortie : on croise alors le mur massif du gymnase hellénistique gravé de noms grecs, ceux des gymnastes. Certaines de ses pierres massives ont été réutilisées dans le mur d’enceinte byzantin. Au fil des siècles, les pierres de bâtiments étaient réutilisées, c’est par exemple le cas de certaines pierres de la basilique orientale. Après le mur du gymnase, on arrive à la porte orientale de forme pentagonale.

Si l’on a le temps, on peut se diriger parmi les broussailles vers le bord de mer pour contempler la mer et voir les vestiges d’une avancée du port antique submergé.