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Qasr Libya - Olbia-Theodoria, Libye
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Les cinquante mosaïques du musée proviennent d’un parterre d’église. Elles étaient disposées dans un grand rectangle qui en comptait cinq en largeur et dix en longueur. Leur exposition aux murs du musée respecte la disposition originelle : le groupe numéroté de 1 à 5 se situait – dans le même ordre – tout en haut du rectangle, celui numéroté de 6 à 10 était juste en dessous, et ainsi de suite (les panneaux n° 42 et 43 sont inversés par rapport au plan original de l’archéologue S. Stucchi, disponible à la petite boutique de souvenirs du site de Cyrène).

Certains panneaux renvoient à la fondation historique de l’église et de la ville : le panneau n° 3 est la représentation des portes de la ville rebaptisée « Polis Nea Theodorias » (la nouvelle cité Theodorias) ; le panneau central n° 23 célèbre la fondation de l’église par l’évêque Makarios.

D’autres présentent tout un bestiaire d’animaux domestiques (taureaux, chevaux…) ou sauvages (léopards, aigles, ours, lions, autruches) ainsi que des scènes de vie quotidienne (cavaliers, musiciens…). Le caractère hétéroclite des thèmes abordés dans ces mosaïques pose un problème d’interprétation, certains renvoyant à un imaginaire païen, d’autres se référant clairement à la symbolique chrétienne. Parmi cette dernière : la personnification par des personnages masculins des quatre fleuves du Paradis de l’Ancien Testament : Gehon (le Nil, personnage tenant un sistrum, instrument de musique utilisé dans le culte d’Isis en Egypte, n° 7), Physon (n° 9), Euphrate (n° 17) et Tigre (n° 19). Autre volet allégorique, la personnification par des figures féminines des trois termes consacrés de la fondation des églises byzantines : Ktisis (signifiant « fondation », n° 4), Kosmesis (« ornement de l’univers », n° 2), Ananeosis (« restauration, renaissance », n° 8). Les nombreuses figurations de poissons (symbole du Christ), le paon en majesté (âme du chrétien, n° 33) et le bateau des pêcheurs (n° 49) peuvent également se référer au même univers symbolique.

D’autres encore sont à la croisée des univers gréco-romain et chrétien : le panneau n° 28, qui a été identifié comme une façade de basilique mais qui ressemble à un temple ; la nymphe Kastalia, nymphe de la source prophétique de l’oracle de Delphes sur le mont Parnasse (n° 18) se trouvant entre l’Euphrate et le Tigre (n° 17 et 19).

Enfin, tout un pan des figurations se réfère à l’univers de la mythologie gréco-romaine : monstres marins (n° 45 et 47) et triton (n° 40), nymphe Kastalia (n° 18), satyre (n° 37). Les scènes de bords du Nil (poissons, oiseaux aquatiques et lotus, n° 6, 10, 20, 30) renvoient à l’influence de l’école d’Alexandrie.

Le panneau n° 48 est celui qui a le plus retenu l’attention des archéologues. Il s’agit d’une des rares représentations du phare d’Alexandrie, la septième merveille du monde antique. Construit au IIIe siècle av. J.-C., sur l’île de Pharos qui était reliée au rivage par un pont, il s’est effondré à la suite d’un tremblement de terre, vers le XIVe siècle. Sa position originelle, au pied du parterre des cinquante mosaïques, semble indiquer qu’il s’agit de l’œuvre d’artistes venant d’Alexandrie ou travaillant à partir de modèles alexandrins.

Au sol est exposée une mosaïque découverte dans la même église. On y voit notamment une scène de chasse aux renards, un crocodile entraînant dans le Nil une vache par le mufle, alors que son propriétaire la retient par la queue, et une inscription célébrant la pose de la mosaïque par « le nouvel Evêque Théodore », qui a certainement succédé à l’évêque Makarios avant la fin de l’aménagement de la basilique.

En face du musée se trouve l’entrée d’une église byzantine qui a été intégrée dans la structure de la forteresse ottomane puis italienne. Au moment des premières fouilles, elle servait de refuge à une tribu semi-nomade des environs. Une autre mosaïque y est conservée.

L’église où ont été découvertes les mosaïques se trouve en contrebas, en descendant le chemin au bout de la cour. On peut monter sur des tréteaux qui y sont installés afin d’imaginer la splendeur passée du grand parterre des cinquante mosaïques, dont il ne reste que les pourtours.

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