LA VIEILLE VILLE DE GHAT
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Quoique moins impressionnante que celle de Ghadamès, la vieille ville de Ghat aux murs de toub (brique sèche) mérite elle aussi vraiment une visite. Depuis des temps reculés et jusqu’au XIXe siècle, ses habitants ont vécu de l’activité agricole de l’oasis et du commerce transsaharien dont Ghat était un relais essentiel. Dans les années 1980, les habitants furent relogés dans la ville nouvelle. Partiellement habitée, notamment par des Touaregs nigériens qui viennent travailler ici en saison, la vieille ville peut être l’occasion de promenades agréables et, du haut du fort, d’un beau point de vue sur la ville. Vous pouvez y passer une bonne heure, à déambuler au hasard des ruelles. Si certaines pierres des perrons semblent avoir été creusées, c’est parce que les femmes y écrasaient les noyaux de dattes pour nourrir les animaux.
Voici ce qu’en dit Henry Duveyrier, grand voyageur français, lorsqu’il y séjourne en 1861 :
« D’après la tradition locale, la fondation de Ghat daterait de quatre ou cinq siècles au plus… (Mais) Pline nous apprend… que parmi les peuples, les villes et les lieux dont la conquête a valu les honneurs du triomphe à Cornelius Balbus, figure le nom de Rapsa, qualifiée oppidum. L’oppidum des Romains était une ville, avec enceinte fortifiée, dans une position stratégique… Ghat est loin d’avoir comme ville l’importance qu’elle a comme marché, car elle compte à peine 600 maisons et 4 000 habitants.
La ville a une forme circulaire. Au centre se trouve une petite place nommée Eseli, de laquelle rayonnent six rues qui divisent la cité en six massifs de maisons et vont aboutir à six portes ouvertes dans le mur irrégulier qui sert d’enceinte…
La construction dominante de la ville est le Mesid ou école ; l’unique mosquée a un minaret assez élevé. Les maisons sont à deux étages comme celles de Ghadamès, mais dans des dimensions moins vastes. Vue du dehors, Ghat semble et est en effet bâtie sur un petit mamelon qui domine le pays circonvoisin du Sud-Sud-Est au Nord-Nord-Ouest. Elle est elle-même dominée, à peu de distance du mur d’enceinte, par les derniers contreforts de Koukkoumen, petite ligne de collines, entre le Tassili et l’Akakous, qui sépare la vallée d’Ouararet de celle du Tanezrouft… La population de Ghat est un mélange de toutes les populations qui, depuis sa fondation, s’y sont donné rendez-vous dans un intérêt commercial : blancs, noirs, métis, hommes libres, esclaves, Arabes, Berbères… » Duveyrier H., 1864, Les Touareg du Nord. Paris, Challamel Aîné.
Si la population de Ghat était bigarrée, elle n’en était pas moins extrêmement hiérarchisée. En haut de la pyramide se tenaient les chefs Touaregs de la tribu des Touaregs Kel Azjer, qui magnaient les armes contrairement aux tribus vassales. A Ghat, cette aristocratie militaire ne prélevait cependant pas de tribut sur les caravanes qui venaient commercer au grand marché où étaient notamment vendus les esclaves noirs. L’abolition de l’esclavage porta un coup sévère à l’activité commerciale de la ville.
Petite ville mais grand carrefour, Ghat est âprement disputée par les puissances ottomane, française et italienne aux XIXe et XXe siècles car elle se situe sur l’une des grandes voies de passage commerciales entre le Sahel (alors appelé Soudan) et, au nord, Ghadamès puis Tunis ou Tripoli.
Le fort créé par les Turcs abrite ensuite Italiens puis Français. Grimpez en haut de ses murailles, d’où l’on ne se lasse pas de contempler l’étrange image des murs de toub souvent sans toits de la vieille ville qui contrastent tant avec le nouvel habitat uniforme de la nouvelle ville s’étendant à l’est avec les montagnes de l’Akakus pour horizon.
Les bijoux touaregs. Cinq ou six boutiques de bijoux touaregs ont élu domicile dans la vieille ville, notamment celle des Quelawaw, où l’on est bijoutiers de père en fils. Les bijoux sont en argent ou en nickel, anciens ou neufs, et chaque croix correspond à l’un des hauts lieux du monde touareg que leurs orfèvres se feront un plaisir de vous détailler (on trouve bien sûr celle de Ghat). La confection des bijoux est une affaire d’hommes, tandis que l’artisanat du cuir est celle des femmes.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
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Avis des membres sur LA VIEILLE VILLE DE GHAT
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