MUSÉE NATIONAL DU PALAIS
S'il n'y avait qu'un seul endroit à visiter à Taïwan, ce serait sans doute celui-ci. Cinq mille ans de civilisation chinoise sont conservés dans ce sanctuaire de l'art qu'est le musée national du Palais. À flanc de colline, le bâtiment semble rentrer dans la roche, au point que les Taïwanais disent avoir caché leurs trésors nationaux dans des abris anti-atomiques creusés dans la montagne... Et toute plaisanterie a un fond de vérité puisque seules 15 000 pièces de la collection, qui compte 650 000 pièces - soit deux fois le patrimoine du Louvre -, sont exposées. Le reste est précautionneusement gardé dans des galeries creusées dans la montagne ! Pour apprécier le musée et ses porcelaines, bronzes, poteries, objets de culte, vêtements, peintures, cloisonnés, il faut compter au moins une journée de visite. Certains guides sont francophones, renseignez-vous auprès de l'accueil. Après la visite, le petit parc Chih Shan, en contrebas du bâtiment principal du musée (sur la gauche), est un lieu de détente agréable, et les bâtiments en bois qui l'ornent sont particulièrement réussis.
L'odyssée des trésors du palais. L'histoire de cette collection est épique, riche en rebondissements et en contrariétés. Il est d'ailleurs miraculeux que certaines pièces n'aient pas été endommagées, pillées ou égarées. La gigantesque collection a vu le jour au début de la dynastie Song (960-1279). L'empereur Tai-Zu, fervent défenseur et amateur des arts, fonde l'académie Hanlin pour encourager les talents chinois. Son frère, l'empereur Tai-Zong, prolonge le dessein de son aîné en offrant à cette collection des galeries de conservation, notamment la galerie impériale, renfermant des livres rares, des calligraphies et des peintures. Cette galerie devient le musée du Palais du Nord des Song ; elle est transportée à Nankin sous les Ming et ne revient à Pékin que sous les Qing (1644-1911). Cette longue dynastie a été marquée par des empereurs passionnés d'art, qui se sont employés à centraliser toutes les merveilles de leur pays, et surtout Qianlong qui a régné de 1736 à 1795. Le fonds du musée national du Palais est par conséquent majoritairement composé de collections impériales de cette dynastie, la dernière de Chine.
En 1924, les nationalistes pénètrent la Cité interdite et expulsent Pu-Yi et sa cour. Une équipe d'experts en histoire de l'art est alors sommée de dresser un inventaire de la collection impériale. Sept ans sont nécessaires à ces spécialistes pour répertorier tous les trésors. Entre-temps, courant 1925, les nationalistes fondent le Palais national de Pékin dans lequel sont exposées certaines pièces. En 1931, les Japonais ont la mainmise sur la Mandchourie et menacent Pékin. Pour éviter que la collection ne tombe aux mains de l'envahisseur, les œuvres d'art sont soigneusement empaquetées dans plus de 20 000 caisses. C'est le début d'un long périple : elles vont être déménagées, trimbalées, secouées, pendant plus de quinze ans et sur plus de 12 000 km. Transférée dans un premier temps à Nankin, la collection fait cap sur l'ouest lorsque les Japonais menacent le Sud. En 1935, la collection est partiellement montrée aux Occidentaux à Londres, certains craignent alors que les Anglais ne profitent de l'incertitude de la situation pour ne pas restituer les objets. Mais cette exposition résonne, en Europe, comme un ultime hommage à la grande civilisation chinoise attaquée sur tous les fronts et qui est proche de la rupture. En 1948, durant la débâcle, avant que les communistes ne contrôlent le pays, la collection est désolidarisée, et seules 4 800 caisses sont expédiées vers Taïwan. Elles sont entreposées à Taichung, dans le centre de l'île, et ne sont montrées au public qu'à partir de 1965 dans le délocalisé musée national du Palais. Certains de ces chefs-d'œuvre transmis depuis sept mille ans partent pour l'étranger : en 1991 et 1996, pour une exposition itinérante aux États-Unis et à Paris, en 1998, dans les galeries nationales du Grand Palais pour une exposition appelée « Trésors du musée national du Palais, Taipei, Mémoire d'Empire ». Les collections exposées font l'objet d'un roulement environ tous les deux ou trois mois.
Plus qu'un simple musée d'art, le musée national du Palais est un véritable garant de l'héritage culturel chinois. À titre d'exemple, il propose une expertise des œuvres d'art chinois, et travaille étroitement avec les spécialistes les plus célèbres d'histoire et d'art de Chine, augmentant sans cesse la collection, et apportant de nouveaux éléments d'information concernant les pièces exposées ou en réserve.
Les collections. Il est impossible de décrire les œuvres exposées en temps réel, elles sont susceptibles d'avoir été remplacées entre-temps. Sachez toutefois que le musée s'arrange pour présenter des collections représentatives de la culture chinoise dans toute sa diversité. Ainsi, des pièces datant du Néolithique (dont des jades et des bronzes magnifiques) aux objets plus récents (notamment ceux qui appartenaient aux empereurs des dynasties Ming et Qing) en passant par les céramiques Tang et les peintures Song. En général les 3 étages du musée sont divisés en deux parties, exposant chacune un art particulier. Et on comprend pourquoi la Chine continentale jalouse tant cette collection unique... Après avoir exploré les richesses du musée, prenez le temps de vous détendre dans le parc Chih Shan, situé en contrebas. C'est un endroit idéal pour se reposer et réfléchir à la richesse culturelle que vous venez de découvrir.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
Avis des membres sur MUSÉE NATIONAL DU PALAIS
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.