« Souriante Sainte-Anne… nos yeux se reposent agréablement sur ses cocotiers et ses bananiers, leur feuillage vert aux teintes délicatement variées, qui déparent de jolies petites anses de sable blanc protégées de la mer par des rochers. » Le capitaine de frégate français Cyrille Laplace fut assurément séduit par cette île où il venait de jeter l’ancre, le 14 mai 1830. On avait demandé au futur amiral, qui faisait le tour de la Terre sur l’ordre du ministre de la Marine, de confirmer la position géographique des îles Séchelles, les cartes de l’époque étant souvent imprécises. Nommée par le navigateur français Nicolas Morphey le jour de la Sainte-Anne 1756, l’île offrait un mouillage rassurant, à l’écart des récifs et des mangroves de l’inquiétante Mahé. Laplace utilisa donc Sainte-Anne comme camp de base, prenant des observations avec un théodolite depuis le sommet conique de l’île, alors propriété de Charles Savy, dont la grande plantation vivait chaque soirée en musique. Les officiers français trouvèrent leurs hôtes féminins délicieux et si, comme le remarqua Laplace, « leur danse n’était pas aussi performante qu’en Europe, leur désir et leur absence de prétention me firent fermer les yeux sur tous les autres points de comparaison qui ne jouaient pas en leur faveur ». La maison et la plantation de Savy étaient situées sur le plateau de la côte ouest, la même zone qui avait attiré les premiers colons français. Car c’est ici que tout a commencé… Le 27 août 1770, les vaisseaux Duc de Praslin, Comte Saint-Florentin et Télémaque débarquèrent les premiers habitants des îles Seychelles, les premiers succès agricoles (manioc, riz, maïs, café, légumes…) de cette colonie ayant amené d’autres colons à étendre cet établissement sur Mahé. Sainte-Anne la pionnière. « Assurément le meilleur endroit de ces îles pour un établissement », avait remarqué le capitaine d’un vaisseau anglais qui visita les Seychelles pour vérifier ce que les Français y faisaient. Il nota que le commandant français Delaunay y faisait pousser du maïs, du riz, du tabac, du café, du coton et des légumes. Ce fut un ancien soldat de la Compagnie française des Indes, Pierre Hangard, qui reprit ensuite cette île prospère, où il s’enrichit rapidement en vendant des tortues de terre et d’autres marines aux bateaux visitant les îles. Un trafic illicite qui irritait le commandant de Mahé, Gillot : « Aussi longtemps que l’isle Sainte-Anne restera sous le contrôle de cet homme […], elle sera utilisée pour faire des transactions secrètes avec tous les bateaux. […] Hangard et Ouinet vont les voir discrètement avant qu’ils aient mouillé, pour répandre toutes sortes de calomnies à mon sujet. » Île agricole à ses débuts, Sainte-Anne devint aussi très vite une île stratégique, commandant l’entrée du port principal de Mahé. Ainsi, durant les guerres napoléoniennes, des vigies situées sur le sommet de l’île donnaient-elles l’alarme dès qu’elles apercevaient des vaisseaux ennemis, et, à deux occasions, lesdites vigies furent aux premières places d’une bataille entre un bateau français et un bateau anglais dans le bras de mer séparant Sainte-Anne de Mahé. Dans les premières décennies du XIXe siècle, l’île offrit aussi un mouillage protecteur aux baleiniers américains et anglais qui chassaient alors le cachalot, Charles Savy ayant d’ailleurs dénoncé les débordements de certains équipages. Deux baleiniers anglais firent ainsi une descente dans sa maison, qu’ils mirent à sac, terrifiant les femmes et passant à tabac quelques-uns des esclaves. L’activité baleinière autour des Seychelles disparut autour de 1870, mais elle connut une renaissance éphémère en 1914, lorsque la compagnie mi-écossaise mi-sud-africaine Saint-Ebba établit une station baleinière sur l’île. Opérant avec trois navires, principalement au large de l’île Denis et de l’île aux Vaches (Bird), la compagnie tua cent vingt-deux grands cachalots et une baleine franche, produisant près de deux mille barils d’huile en une année seulement. Mais le naufrage du bateau, en octobre 1915, eut raison de cette activité, la compagnie ayant été placée en liquidation peu après. Avec la Seconde Guerre mondiale, Sainte-Anne connut une nouvelle page de son histoire fertile. Utilisées par la Marine britannique pour ravitailler les bateaux en carburant, et par la Royal Air Force pour ses escadrilles de Catalina (appelés bateaux volants car pouvant se poser sur l’eau), les Seychelles firent alors de cette île un lieu de stockage de ce précieux carburant. Destinés à protéger l’entrée du port, un détachement de la RAF y installa en 1942 des canons sur ses hauteurs, lesquels auraient empêché un bombardier de s’approcher suffisamment près pour détruire les installations de Cable & Wireless, à Victoria. La guerre passée, l’île conserva son rôle de dépôt de carburant, puisque la Compagnie pétrolière des Seychelles y stocka longtemps son pétrole dans des citernes qui, il n’y a pas si longtemps, cassaient la belle image de cette île lorsqu’on la survolait, sur la route de Praslin.

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Sainte Anne. Serge Marizy - Office du tourisme des Seychelles
Baie de Sainte Anne. Denis Kabanov - Shutterstock.com
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