Constantine, qui a fêté en 2000 ses deux mille cinq cents ans d’histoire, est vraiment une des plus belles villes d'Algérie et une des plus attachantes aussi. Avec une agglomération qui compte près d'un million d'habitants, elle est, derrière Alger et Oran, la troisième plus grande ville d'Algérie.C'est la ville d’origine d’Abdelhamid Ben Badis, théologien nationaliste et fondateur de l’Association des oulémas d’Algérie (« l’Algérie est notre patrie, l’islam est notre religion, l’arabe est notre langue »), des écrivains Kateb Yacine et Malek Haddad, de l’historien Benjamin Stora, d’Enrico Macias, du journaliste Paul Amar ou de Smaïn. Le maréchal Juin, ou l’écrivain Rachid Boudjedra qui l’évoque souvent dans ses romans, y ont passé leur jeunesse.Constantine a conservé nombre de ses activités artisanales, dont les plus importantes sont la broderie sur velours qu’on retrouve sur les belles mais onéreuses robes de mariage, la dinanderie, la chaudronnerie, la sculpture sur bois ou la poterie. Autre particularité de Constantine : sa musique. On la jouait autrefois dans les fondouks, elle est surtout connue à travers le malouf, une musique d’origine arabo-andalouse, qui se différencie de celle de Tlemcen ou d’Alger par le rythme et la structure de ses noubas. Les autres styles musicaux sont l’ouasfane et le z’jel (musiques sacrées de confréries religieuses), le f’kiret ou le benoutat (femmes), le hawzi qui vient de l’Ouest ou le mahdjouz (littéraire, osé).Constantine a été capitale de la culture islamique du 5 avril 2015 au 5 avril 2016. Grâce à cet événement qui a attiré des milliers de visiteurs, de nombreuses rénovations et chantiers ont été entrepris dans le centre-ville. La casbah a connu des améliorations architecturales et un nouveau pont très design d'une longueur de 756 m, le pont Salah Bey, a été inauguré en juillet 2014 ; il permet de relier les zones urbaines de la ville séparées par les gorges du Rhumel.Un tramway a lui aussi été inauguré en juillet 2013 pour désengorger la circulation dans le centre, autant de rénovations qui font aujourd'hui de Constantine une des plus belles villes d'Algérie, où il fait vraiment bon vivre.Histoire. « Ce n’est sans doute pas à son passé si fertile en péripéties que Constantine doit l’atmosphère qu’on y respire de drame et de passion. J’en crois plutôt responsable ce Rhumel qui a suscité les épithètes les plus hyperboliques : saisissant, fantastique, formidable, vertigineux, dantesque, et j’en passe ! » L’Afrique du Nord, Gabriel Audisio.Édifiée sur un plateau rocheux scarifié par de profondes et étroites gorges creusées par des rivières, dont le tumultueux oued Rhumel, Constantine bénéficie d’une situation remarquable qui lui a valu d’être de toutes les batailles – elle aurait soutenu quatre-vingt-deux sièges.À l’époque où le rocher principal de Constantine ne faisait qu’un avec celui de Sidi M’Cid, où s’élève le monument aux morts, le Rhumel n’était qu’un torrent de surface qui coulait à l’ouest du centre-ville. À force de buter sur la falaise sud, il s’est forcé un passage souterrain. Au cours de millénaires, la galerie ainsi formée s’est écroulée en ne laissant que quelques arches de pierre encore visibles. Aujourd’hui, la gorge fait 1,8 km de longueur pour une profondeur de 135 à 200 m, à l’est du principal rocher dont le sommet s’élève à 650 m d’altitude.On ne peut rester indifférent à cette « ville fantastique, quelque chose comme l’île volante de Gulliver » (Alexandre Dumas, Le Véloce, 1847), où les hommes peuvent « regarder les aigles voler de dos »… Selon une légende, Constantine serait l’œuf d’un formidable vautour. « L’indomptable » de Kateb Yacine, mais aussi « la ville où les corbeaux volent sur le dos pour ne pas la voir », a été très tôt occupée notamment par des australopithèques qui ont laissé quelques outils sur le plateau du Mansourah.Au paléolithique, les hommes ont aménagé des grottes comme celles qu’on peut encore voir à proximité du pont Sidi M’Cid ou la grotte de l’ermite Ben Makhlouf.Beaucoup plus tard, vers le IVe siècle av. J.-C., les Numides y vivaient dans une cité qu’ils appelaient Sarim Batim puis Kirtha, « ville » ou « taillée à pic » en phénicien.« À l’est du fleuve Triton, vivent les Maxyès, peuple de laboureurs sédentaires possédant maisons. Selon la tradition, une moitié de leur tête est rasée, l’autre moitié arbore une longue chevelure. Ils se teignent le corps au henné. Ils prétendent descendre des Troyens. La région où ils vivent, montagneuse, plus boisée que le territoire des nomades, plat et sablonneux, comme d’ailleurs le reste de la Libye vers le couchant, abonde en fauves et animaux sauvages de grande taille : lions, éléphants, ours, ânes cornés, bracochères, cynocéphales, serpents… », rapporte Hérodote à propos des peuples numides du Ve siècle av. J.-C. D’après Polybe, historien grec, le premier roi de ce peuple fut Navarase.La deuxième guerre punique (218-202 av. J.-C.) durant laquelle les troupes de Masinissa, guerrier numide et fils du roi Gaia, combattent aux côtés de Scipion, verra la défaite de Carthage. Cette dernière est contrainte de reconnaître Masinissa roi de Numidie. Il récupère alors le royaume de son père et fait de Cirta sa capitale qui fédérera une partie de l’Afrique du Nord. Masinissa régnera de 202 à 148 av. J.-C.À la mort de Masinissa, en 148, le royaume est partagé entre ses trois fils. En 112, le benjamin, Jugurtha, fait voler ce pacte qui arrangeait les Romains et entame la réunification de la Numidie. Le rocher subit alors le siège des troupes de Jugurtha qui y avait isolé son frère Adherbal soutenu par les Romains. En 109, la guerre contre Jugurtha éclate. Trahi par Bocchus, le roi des Maures, ce dernier est capturé dans la plaine de Chullu, actuel Collo, et remis à son ennemi Sylla. Il meurt en prison à Rome en 104 av. J.-C.Cirta est alors sous domination romaine. Au IIIe siècle, elle est la capitale de la confédération cirtéenne qui regroupe Milev (Mila), Chullu (Collo), Rusicada (Skikda) et Cuicul (Djemila).Cirta se retourne contre Rome en 311 apr. J.-C., mais elle sera sévèrement punie par Maxence qui la détruit. L’empereur romain Constantin la reconstruit en 313 et lui laisse son nom. Au Ve siècle, les troupes de Genséric le Vandale passent par Ksentina puis les Byzantins occupent la région jusqu’à l’arrivée, au VIIe siècle, des Arabes menés par Abdul Muhajir qui arrivait de Kairouan. Du Xe au XIIe siècle, Constantine dépend du royaume fatimide puis hammadite de Bejaïa. À l’époque, la ville comptait une déjà forte communauté juive, composée de Juifs berbérisés, de Juifs chassés d’Espagne et de Juifs livournais qui seront regroupés dans le seul quartier de Charra au XVIIIe siècle. Au XVe siècle, des marchands génois s’installent dans des fondouk. À la fin du même siècle, les Turcs se voient opposer la résistance des Hafsides mais l’emportent au XVIe siècle et choisissent Qasentina comme siège du beylicat de l’Est. À la fin du XVIIIe siècle, Salah Bey (1725 en Turquie, assassiné par Hassan Pacha en 1792) transforme la ville en réelle capitale et y fait construire les medersas de Sidi El-Kettani, d’El-Kettania et de Sidi El-Akhdar.En 1830, les Constantinois décident de s’opposer aux Français qui viennent de débarquer à Sidi-Fredj et se placent sous le commandement de Hadj Ahmed Bey (vers 1784 à Constantine-1850), le bâtisseur du palais du bey. En 1836, Clauzel tente à deux reprises de forcer la porte d’El-Kantara mais ses troupes sont repoussées jusqu’au 12 octobre 1837, date à laquelle une canonnade commandée par le lieutenant-colonel Lamoricière perce la brèche, là où sont actuellement les places du 1er-Novembre et des Martyrs. Pendant la bataille de rues qui suit, des habitants de Constantine tentent de s’enfuir, certains meurent précipités dans le vide. Le général comte de Damrémont est tué par un boulet de canon devant la ville qu’il devait prendre. Le général Valée, grand vainqueur d’Ahmed Bey, sera gouverneur général jusqu’en 1840. Par une ordonnance de juin 1844, Constantine est séparée entre ville européenne à l’ouest, où tout est reconstruit, et ville musulmane qui monte vers le quartier juif près de la casbah. En 1870, l’application du décret Crémieux marque le début de sporadiques poussées d’antisémitisme dont la dernière, qui opposa communauté musulmane et communauté juive en août 1934 sous le regard presque indifférent des Européens, a profondément marqué la ville.Au début du XXe siècle, Émile Morinaud, député-maire de Constantine jusque dans les années 1930, entreprend de grands travaux dont les grands ponts Sidi Rached et Sidi M’Cid et les ascenseurs, l’élargissement des rues dans le quartier européen et la création du boulevard de l’Abîme, le dessin des squares Panis et El-Kantara, la construction de bâtiments publics, etc., qui changent à jamais la physionomie du centre-ville perché en nid d’aigle.Après la Seconde Guerre mondiale, le soulèvement algérien commence dans le Constantinois par les émeutes de Sétif et de Guelma le 8 mai 1945. Les événements de l’été 1955 consomment la rupture entre les populations musulmanes et les Européens.Le 3 octobre 1958, le « plan de Constantine » défini par le général de Gaulle prévoit l’amélioration, tardive, des conditions de vie des Musulmans avec la distribution de terres aux fellahs, la construction de nombreux logements ou la scolarisation des enfants dont seulement 10 % fréquentaient alors une espèce de sous-école qui leur était destinéeJusqu’en 1962, la ville et sa région sont au milieu des « événements ».Le 22 juin 1961, Cheikh Raymond (Leyris) est assassiné en bas de chez lui. La mort du maître constantinois du malouf, une musique issue de l’héritage arabo-andalou, marque la rupture entre Européens et Juifs d’une part et Musulmans d’autre part.Durant l’été 1962, le nouvel État algérien est secoué par une crise autour du pouvoir, le conflit entre les wilayas et l’armée des frontières. La prise de Constantine consomme la dominance des forces de la base de l’est sur les wilayas.

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Photos et images de CONSTANTINE

Un des six ponts de Constantine. Nour EL REFAI- iStockphoto
Université des Frères Mentouri. Sébastien CAILLEUX
La ville de Constantine surplombe les gorges de Rhumel. Sébastien CAILLEUX
Pont suspendu de Sidi M'Cid. Sébastien CAILLEUX
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