LA CITADELLE (JABAL AL QALA'A)
Monument symbolique de l'ancienne Philadelphie à voir pour son panorama sur la cité et ses collines hérissées d'immeubles de pierre
Monument emblématique de l'ancienne Philadelphie, la citadelle d'Amman mérite une visite que vous soyez amateur d'archéologie ou non. Elle offre un panorama extraordinaire sur la ville et ses collines hérissées d'immeubles de pierre beige serrés les uns aux autres. La ville basse et l'amphithéâtre romain s'étalent à vos pieds tandis que les minarets des mosquées cassent de leur verticalité l'uniformité architecturale de la ville. A la tombée de la nuit, les muezzins font retentir leur appel à la prière lancinant et les néons des mosquées teintent de vert le noir du ciel, comme une aurore boréale. Si vous êtes en voiture avec chauffeur, demandez-lui d'arriver par le nord (Salah Ad-Din al-Ayoubi St.) et profitez de points de vue incroyables sur la ville et la citadelle, qui se dresse majestueuse, au dernier moment. Le site est très agréable à arpenter et les familles jordaniennes s'y rendent pour pique-niquer le week-end. En été, vous veillerez à venir tôt le matin, afin de ne pas subir les heures brûlantes de la journée. Il faut compter entre 2 heures et une demi-journée de visite.
Histoire. La colline en forme de L était occupée bien avant que la citadelle ne soit construite. Une tombe datant de 1650 av. J.-C. y a été découverte, renfermant des poteries. Une inscription sur une tablette de calcaire a été retrouvée en très bon état de conservation sur le site en 1961. Ce texte, le plus ancien en langue ammonite, remonte à 800 av. J.-C. Les différentes civilisations ayant occupé la région depuis les Assyriens au VIIIe siècle av. J.-C. jusqu'aux Omeyyades au VIIIe siècle ont toutes laissé des traces sur la colline de Qala'a. Les Grecs ont beau avoir bâti la cité de Philadelphie, dont la puissance était connue dans tout l'empire, ils n'ont pas laissé de traces visibles sur le site. Il faut attendre le règne de l'empereur romain Marc Aurèle (160-181) pour que la ville change de visage et soit intégrée à la Décapole. Il reprend notamment le plan du temple d'Artémis à Ephèse, l'une des sept merveilles du monde. Les Byzantins y firent construire une église, tandis que les Omeyyades y ajoutèrent une mosquée et un palais.
La citadelle basse. Depuis l'accès au site, un chemin en pente douce monte jusqu'au sommet du plateau de la colline al-Qala'a. On y trouve quelques ruines mal renseignées et une grotte interdite d'accès, qui a servi d'habitation. On peut également observer les vestiges des fortifications romaines.
Le temple d'Hercule. Erigé alors que Geminius Marcianus (162-166) était le gouverneur romain de la Province d'Arabie, le temple d'Hercule recouvre peut-être un temple ammonite. Il mesure 30 x 24 mètres et un sanctuaire plus petit lui est adjoint. C'est le monument le plus ancien de la très puissante Philadelphie. Les Romains y vénéraient leur demi-dieu Hercule, l'homme aux 12 travaux. Une gigantesque statue se tenait à l'entrée du temple comme en témoigne le fragment de main qui gît aujourd'hui à ses pieds. Du temple, ne subsistent que les hautes colonnes et un fragment du linteau. Le marbre manquant aurait servi de matériau de construction à l'église byzantine voisine. Cependant, l'ensemble de l'édifice n'a pas été excavé et des découvertes sont peut-être à faire.
Le musée archéologique. La visite de ce musée vieillot s'impose si l'histoire antique de la Jordanie vous passionne : des pièces incroyables y sont exposées. Les collections sont présentées chronologiquement du Néolithique à l'occupation romaine. Les artefacts sont renseignés en anglais. Parmi les œuvres notables figurent les étranges statues anthropomorphes d'Ain Ghazal. Elles sont âgées de 10 000 ans et font partie des plus anciennes idoles au monde. Le corps est rudimentaire et abstrait, mais les détails des visages sont remarquables. On distingue très nettement la bouche et les narines, mais surtout les yeux en relief, peints en noir grâce à une incrustation de bitume. La matière a été modelée à la main sur un réseau de branches de roseau ligaturées leur donnant leur structure interne à la manière d‘un squelette. Le plâtre dont elles sont composées est ensuite cuit, attestant ainsi d'une maîtrise des hautes températures. La statue bicéphale est la plus remarquable. Au total, ce sont 15 statues du même type qui ont été découvertes à Ain Gazhal. Un exemplaire est prêté au Musée du Louvre et un deuxième au Louvre Abu Dhabi.
A droite de la salle, des crânes vieux de 7 000 ans proviennent de la cité antique de Jericho, la plus ancienne ville au monde. Ils ont été recouverts d'argile pendant un rite funéraire. Toutes les vitrines voisines exposent des vestiges trouvés à Jericho, dont des crânes trépanés.
Dans la section « Iron Age II », admirez la statue de Yerah « Azar, fils de Zakir, fils de Sanipu », sculptée 700 à 800 ans av. J.-C. Ce roi ammonite révèle par ses traits et son symbolisme l'influence de la puissante Egypte voisine de l'époque, notamment la fleur de lotus qu'il porte dans sa main gauche croisée sur son ventre, un symbole royal utilisé par les pharaons du nouvel empire égyptien, copiés par les Assyriens et les Araméens. Elle porte par ailleurs des vêtements de dignitaires araméens, témoignant des diverses influences régionales au moment de sa création.
Le musée abrite également une reproduction de la stèle de Mesha. Son texte rédigé dans une variante du phénicien raconte comment le dieu moabite Chemosh se mit en colère contre son peuple pour s'être laissé séduire par Israël et comment il est venu en aide au roi Mesha pour libérer les Moabites du joug du peuple juif. Cette stèle fut découverte en 1868 par un missionnaire allemand dans le village de Dhiban. Cette découverte suscita les appétits britanniques, français et allemands pour en devenir propriétaire. L'archéologiste français Clermont-Ganneau parvint à faire l'empreinte de la stèle avant que celle-ci ne soit détruite par les Bédouins en colère devant la pression exercée par les Ottomans pour que la stèle soit vendue aux Allemands. Un exemplaire de la reconstitution de la « pierre de Moab » faite à partir de fragments originaux partiels est détenu par le Musée du Louvre.
Enfin, le musée abrite également de superbes sarcophages anthropomorphes en argile utilisés à l'Age du Fer, entre les XIIIe et VIIIe siècles av. J.-C.
L'église byzantine. Au nord-est du temple d'Hercule, en se dirigeant vers la terrasse supérieure, on parvient aux ruines d'une église byzantine de dimensions assez modestes. Elle daterait du Ve ou VIe siècle et aurait été édifiée avec une partie des pierres du temple d'Hercule. Une série de mosaïques a été mise au jour. Les fouilles menées par intermittence laissent penser que la ville byzantine s'étendait sur toute la colline. Une vingtaine de mètres plus loin se trouve une grande citerne ronde profonde de 5 mètres. Elle pouvait contenir 1 000 m3 d'eau de pluie et alimentait le Palais omeyyade. Juste à côté se trouvent les restes d'un pressoir à olives.
La mosquée omeyyade. La mosquée adjointe au palais omeyyade fut érigée vers 730 sur le point le plus haut de la colline. Il ne reste malheureusement rien des plafonds voûtés. Seules 7 rangées de colonnes agencées autour d'une cour centrale et une partie du mur sud subsistent encore.
Le palais omeyyade. Ce monument aurait été construit vers 720 par les Omeyyades, sous le règne du calife Hisham. Véritable témoignage du faste de l'époque, il comprenait neuf quartiers résidentiels ouvrant sur une cour centrale. Seule la salle d'audience a résisté au tremblement de terre de 749. Elle est construite sur les fondements d'une ancienne église byzantine (d'où la forme en croix) et recouverte d'un dôme en bois ajouté en 1998. On peut encore admirer les motifs géométriques finement sculptés dans la pierre, hérités des traditions byzantines. Le palais était pourvu de thermes, dont les canalisations datent de l'époque romaine. Derrière le hall, une cour débouche sur une allée de colonnes qui devait être le cœur du quartier administratif. Au bout de l'allée se trouvent une autre place et les vestiges du véritable palais des Ommeyades. La répartition des quartiers montre la hiérarchie existante dans la ville, terminée par une cour à portiques aboutissant à la salle du trône.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
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Avis des membres sur LA CITADELLE (JABAL AL QALA'A)
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.
Lieu chargé d'histoire, une vue à 360° sur la ville blanche.
Et si vous avez l'occasion d'y être lors d'un appel à la prière, vous entendrez ce dernier résonner partout entre les colline. Saisissant !
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