RUE DES FAÇADES

Y accéder. En poursuivant le Siq, juste après le Trésor, la gorge, d'abord étroite, s'élargit et descend vers le centre de la cité antique. Elle mène aux tombeaux royaux (sur la droite) et à la Rue des Colonnades (sur la gauche).

Visite. La rue démarre sur la droite du Trésor. Les hautes parois de grès rose s'ouvrent en V pour déboucher sur le cirque de Pétra. Elles sont parcourues d'une quarantaine de tombeaux, parfois creusés et sculptés sur plusieurs niveaux. Certains de ces tombeaux sont des grottes naturelles remaniées qui ont servi d'habitations troglodytiques à l'époque assyrienne, soit au II^e millénaire av. J.-C.

Le Triclinium. Immédiatement sur la droite, au départ de la Rue des Façades, une large ouverture rectangulaire dans la roche attire le regard. On distingue toujours l'escalier (interdit d'accès) qui permettait de gagner l'entrée de ce qui est le plus grand triclinium de Pétra. La chambre de 12 x 12 mètres, exceptionnellement grande, servait probablement de hall de réception lors des cérémonies en l'honneur des défunts d'El Khazneh. Mais il ne s'agit que d'une supposition.

Le tombeau effondré. Un peu plus loin sur la gauche, on peut voir les restes d'une façade qui s'est effondrée en 1847. Des fouilles partielles avaient permis de relever une inscription en grec mentionnant un certain Arrianos de Pétra « traîné par Hadès à l'âge de 27 ans » des suites d'une maladie. On ne distingue plus aujourd'hui qu'un morceau de frise alternant losanges et cercle et un pilastre à chapiteau nabatéen. La tombe est postérieure à l'occupation nabatéenne de Pétra et aurait été sculptée entre le III^e et le V^e siècle.

La Rue des Façades. Alors que le Siq s'élargit et forme un renfoncement du côté gauche, on peut admirer un alignement de hautes façades sculptées. Ces tombeaux aux ornementations fortement endommagées par l'érosion datent de la fin du I^er siècle av. J.-C. et de la première moitié du I^er siècle. Ces façades étaient probablement recouvertes d'une fine couche de plâtre peint. Le premier tombeau sur la gauche est représentatif du style hégra que l'on retrouve notamment à Mada'in Salih en Arabie saoudite. Il se distingue par une frise en escalier sur la partie supérieure, une corniche soutenue par des pilastres qui encadrent une porte surmontée d'un fronton triangulaire. Ce tombeau présente une particularité unique avec une chambre funéraire installée très en hauteur. En poursuivant, vous remarquerez le tombeau dégagé du rocher principal et sculpté sur 3 côtés. La frise supérieure en escalier a été remplacée par une couronne crénelée, ce qui laisse supposer que le tombeau a été remanié. Derrière ce tombeau, toujours du même côté de la paroi rocheuse, on distingue la frise supérieure d'un tombeau, à hauteur du sol. On ne sait si les alluvions entraînées par les inondations récurrentes ont recouvert l'entrée de ce tombeau ou s'il s'agit d'un projet inachevé.

Tombeau 825. De l'autre côté du Siq, sur la droite en descendant vers le centre de la cité antique, en face du café-restaurant. De ce tombeau situé dans l'encoignure, on distingue très clairement les éléments figuratifs des tombeaux de type « hégra ». La haute frise à double escalier de 5 marches repose sur une corniche. Un attique sépare celle-ci de l'entablement encadré par deux pilastres. Ne demeure que le pilastre de droit, au chapiteau nabatéen. Celui de gauche avait été encastré à la structure, la roche trop friable à cet endroit n'ayant pas permis de le sculpter sur la façade. L'entrée du tombeau est encadrée de deux pilastres et surmontée d'un fronton triangulaire en léger surplomb. Dans l'encadrement de la porte, du côté droit, on distingue un nefesh, un graffiti en forme d'obélisque, auquel ont été ajoutés ici deux pétales et un triangle au sommet. On inscrivait en général le nom du défunt dans le cartouche en bas du nefesh. Cinq autres nefashot ont été retrouvés à l'intérieur de la chambre funéraire attribuant le tombeau à la famille de Zayd Qawmw bin Yaqum. Le caveau compte 14 tombes.

Tombeau d'Aneishu. En contournant le tombeau en saillie, toujours du côté droit du Siq, on tombe sur une série de grottes aux façades à peine travaillées et très érodées. Au-dessus et en retrait de celles-ci se trouve le tombeau d'Aneishu. L'homme était un haut dignitaire du royaume nabatéen, probablement un ministre de la reine Shuqailat II pendant la période de régence de 70 à 76. Une inscription en attestant a été retrouvée sur la dalle qui fermait la tombe. La façade de 20 x 12 mètres est typique du style « hégra ». On distingue très clairement les chapiteaux nabatéens en forme de demi-couronne. L'encadrement de la porte est orné de pilastres et d'un fronton reposant sur un attique discret. La chambre funéraire consiste en une pièce carrée de près de 8 x 8 mètres. Des loculi ont été aménagés dans le mur du fond et ceux de côté. Chacune de ces 11 loges comprenait une tombe. Une dernière tombe a été creusée à l'extérieur, en hauteur, sur la paroi de droite. En bas à droite de ce tombeau, on distingue une profonde entaille de forme pyramidale dans la roche. Il est possible qu'un nefesh y ait été placé. Un triclinium a été creusé dans la montagne à gauche de la façade. On peut encore voir la cuve à gauche de l'entrée (à côté de l'escalier) où était stockée l'eau pour les ablutions. Le mur du fond du triclinium était aussi pourvu de trois loculi servant à accueillir des tombes.