LES TOMBEAUX ROYAUX
Y accéder. Les tombeaux royaux surplombent le cirque de Wadi Musa. Un escalier part sur la droite, après l'amphithéâtre.
Visite. Sur le versant ouest du jebel Al-Khubtha se dressent les plus beaux et majestueux tombeaux de la cité antique. C'est pour cette raison qu'ils ont été qualifiés de « tombeaux royaux ». A l'époque nabatéenne, plus le rang était élevé, plus le tombeau commandé était grand et ornementé. Pour autant, aucun indice archéologique ou inscription ne permettent de faire le lien entre un tombeau et un roi en particulier. Arpenter les ruines de ces tombeaux offre en récompense, une fois encore, des vues splendides sur le cirque de Wadi Musa et son encerclement de jebels. Compter 1 heure 30 de visite pour aller jusqu'au tombeau de Sextius Florentinus et revenir. Le sentier de randonnée Al-Khabtha Trail longe les tombeaux avant de s'engager dans la montagne. Pour une belle photo de l'alignement, il faut y faire face en fin de journée.
Le Tombeau à l'Urne. Ce tombeau à la façade impressionnante de 26 mètres de haut se distingue par ses caractéristiques uniques. On le reconnaît aisément à l'urne (très érodée) qui coiffe son fronton et aux deux étages de cellules voûtées sous son esplanade. L'usage de ces chambres n'est pas connu. L'étude des briques qui composent la structure permet de penser que l'édifice a été construit en même temps que la façade a été taillée. L'escalier permettant l'accès au tombeau passe devant et débouche sur une vaste plateforme bordée d'un portique. Ne subsistent que les colonnes du côté gauche, celles de droite ayant été détruites par un tremblement de terre. Depuis l'esplanade, la vue sur la cité antique et les jebels est spectaculaire. La façade présente des éléments caractéristiques du style nabatéen, comme les semi-colonnes et pilastres brisant l'entablement, une corniche (très dégradée), un fronton triangulaire et une porte avec pilastres, frise à triglyphes-métopes et un fronton triangulaire. Plus inhabituels sont la frise de l'attique faite de bustes en relief (peut-être des divinités) ou les trois loculi placés en hauteur. La fenêtre taillée au-dessus de la porte est un ajout des Byzantins qui avaient transformé ce tombeau en église. Cela permettait de laisser entrer la lumière. Juste au-dessus du loculus central, on distingue un bas-relief représentant un homme couché, mais dont la tête est manquante. Il s'agit probablement du dignitaire ayant fait construire le tombeau. L'intérieur du tombeau abrite une vaste salle de 19 x 17 mètres dont le plafond dévoile des volutes de grès allant du blanc au rouge. Les trois niches sur le mur du fond ont été transformées en absides par les Byzantins. Elles étaient à l'origine rectangulaires. Seules deux tombes ont été découvertes ici : une sur la droite et la seconde dans la niche de droite.
Le Tombeau de la Soie. Sans doute pas le plus impressionnant des tombeaux royaux, ni le mieux conservé, le Tombeau de la Soie tient son nom de la pierre érodée qui semble parer la façade de moire. C'est le deuxième tombeau après le Tombeau à l'Urne. Ce tombeau assez simple, et peut-être inachevé, présente les attributs des tombeaux « hégras ». La façade est parcourue de semi-colonnes et pilastres supportant un large entablement. Au-dessus de la corniche, le fronton est sculpté d'une frise à deux escaliers se faisant face. En revanche, l'entrée ne comporte aucun ornement particulier. Elle est surmontée d'un loculus. Les yeux les plus aguerris remarqueront un minuscule bas-relief sculpté dans la pente à gauche du temple, à la hauteur de l'escalier du fronton. Il représente une divinité se tenant sur un piédestal, peut-être Dushara, le dieu le plus révéré à Pétra. Les artisans l'auraient sculpté pendant les travaux sur le tombeau, afin de s'assurer la protection divine.
Le Tombeau Corinthien. Ce tombeau situé sur la droite de l'immanquable Tombeau Palais est daté entre 40 et 70. Il s'inspire de façon très manifeste d'Al-Khazneh. Le tombeau a été baptisé de la sorte par Léon de Laborde en raison des chapiteaux de style corinthien qui ornent les semi-colonnes et pilastres de la façade. Malheureusement, la large façade de 27 mètres a beaucoup souffert de l'érosion et du tremblement de terre de 363. Elle était « découpée » en trois parties. La partie inférieure est parcourue de 8 semi-colonnes, dont les deux encadrant la porte principale étaient couronnées par un fronton circulaire. La partie médiane, très abîmée, était décorée de 8 mini-pilastres sculptés dans l'alignement des semi-colonnes et d'un fronton triangulaire brisé. La partie supérieure rendait sans nul doute hommage au Trésor, avec sa tholos (temple circulaire) centrale encadrée de deux niches supportées par des colonnes à chapiteaux. Ces deux temples servaient de base au fronton brisé. L'urne coiffant la tholos est manquante. Mais le plus étonnant ici est l'asymétrie de la façade. A gauche de l'entrée principale (le trou béant), trois entrées ont été percées entre les colonnes. Les deux petites entrées sur la gauche de l'édifice étaient ornées d'un fronton, un circulaire et l'autre triangulaire. En revanche, sur le côté droit, l'interstice entre les semi-colonnes est percé de fenêtres de tailles différentes. Au pied du tombeau, on peut observer quatre bassins sculptés dans la roche, qui servaient probablement aux ablutions.
Le Tombeau Palais. Ce tombeau impressionne par ses dimensions hors norme et le foisonnement de son architecture toujours perceptible malgré les outrages des conditions climatiques et géologiques. Avec ses 49 mètres de large et 46 mètres de haut, il s'agit de l'un des monuments les plus imposants de Pétra. La façade est découpée horizontalement en trois segments, dont la partie la plus haute n'est pas sculptée dans la roche, mais faite de briques reposant sur des celliers voûtés et des poutres en bois. Le tombeau comprenait deux autres segments qui se sont effondrés lors des tremblements de terre successifs. Ce qui demeure de la façade est rythmé par un jeu de semi-colonnes, de pilastres, de frontons, d'entablements et de corniches formant un ensemble harmonieux et impressionnant à la fois. Le Tombeau Palais tire son nom de sa splendide façade, mais aussi parce que les archéologues présument que c'est au pied de celui-ci qu'était construite la résidence royale de Pétra. La petite colline à la confluence du Wadi Musa et du Wadi al-Mataha laisse apparaître des fondations, des terrassements artificiels et des canalisations en nombre. Le Tombeau Palais aurait été rattaché directement aux quartiers royaux, comme c'était le cas dans les cités royales de l'Empire grec dans l'Antiquité.
Le segment inférieur du Tombeau Palais est rythmé par 12 semi-colonnes. Les 4 plus hautes soutiennent l'entablement supérieur tandis que les 8 autres encadrent les portes surmontées d'entablements décorés et de frontons. Les frontons des portes extérieures sont circulaires, tandis que ceux des portes centrales sont triangulaires. Les portes étaient précédées chacune d'une volée de marches ajoutant de la majesté à l'édifice. Chacune des portes donne accès à une chambre mortuaire, les deux du centre étant reliées par un étroit corridor. Le deuxième segment est lui rythmé par 18 semi-colonnes à chapiteaux de style ionique. Vous remarquerez que l'espacement entre les colonnes n'est pas identique, et qu'un interstice plus large a été laissé entre les colonnes du centre de la façade. Six niches ont été creusées entre certaines colonnes, sans respect de la symétrie. Elles étaient probablement destinées à abriter des plaques mémorielles. L'ouverture la plus à gauche est en réalité un passage qui permettait d'accéder à la falaise au-dessus du tombeau et qui était aussi pourvu d'un astucieux système de drainage des eaux de pluie. Le troisième segment était lui aussi parcouru de 18 courts pilastres, alignés sur ceux du segment inférieur. On peut voir les briques de maçonnerie qui structuraient le segment et ceux supérieurs, et supportaient les blocs de grès taillés de la façade. Les quatrième et cinquième segments ne sont visibles que sur la partie droite de l'édifice. Le quatrième entablement, tout comme le troisième, n'était pas très haut et était ponctué de courts pilastres. Le cinquième segment était lui construit en retrait. En vous plaçant sur le côté gauche de l'édifice, vous pouvez voir le retour de la façade. L'ingéniosité architecturale est révélée à mi-hauteur du deuxième entablement (celui avec les colonnes à chapiteau ioniques). On distingue très clairement le support voûté et les briques qui ont servi à la construction des étages supérieurs.
Le Tombeau de Sextius Florentinus. Il faut continuer sur 250 mètres après le Tombeau Palais, toujours en poursuivant le sentier d'Al-Khubtha qui longe la paroi rocheuse et remonte le Wadi al-Mataha. Peu de touristes s'aventurent jusqu'ici et le tombeau de Sextius Florentinus semble bien isolé dans ce coin de montagne sauvage. C'est à la lumière de fin de journée que l'on appréciera le mieux sa façade relativement dégradée. Ce tombeau est le seul à pouvoir être daté avec certitude et c'est aussi le dernier à avoir été construit à Pétra. Une inscription en latin indique que ce tombeau a été érigé pour Titus Aninius Sextius Florentinus par son fils Lucius. Sextius Florentinus était le légat romain de la Province d'Arabie. Il avait été nommé en 127, et si la date de sa mort ne figure dans aucun texte, le nom de son successeur est mentionné dès 130. Le tombeau date donc de 129 ou 130. Sa localisation excentrée s'explique par le fait que les Romains avaient interdit les inhumations dans Pétra. Par conséquent, la discrétion était de mise.
La façade, bien que très érodée, s'inspire fortement du style nabatéen, mais comprend de nombreux éléments architecturaux caractéristiques de la Rome antique. Le tombeau repose sur un podium interrompu par l'entrée dont l'ouverture descend jusqu'au plateau rocheux. L'entablement inférieur est rythmé par des semi-colonnes et pilastres à chapiteau de style nabatéen. La porte d'entrée est surmontée d'un fronton triangulaire, lui-même coiffé d'un court pilastre. Les colonnes et pilastres supportent un attique. L'entablement supérieur est plus complexe que ceux des tombeaux nabatéens. La corniche s'ouvre en fronton circulaire orné d'un tympan tandis que l'entablement est rythmé verticalement par 4 pilastres à chapiteau nabatéen. Le fronton circulaire est coiffé d'un aigle aux ailes déployées similaire à celui retrouvé sur le bas-relief du temple nabatéen de Khirbet et-Tannur, aujourd'hui exposé au Jordan Museum d'Amman. Le tympan, lui, présente une femme entourée de vigne, qui pourrait être une copie de celui du Trésor. Le troisième entablement supporte le fronton triangulaire de l'édifice, dont le tympan très endommagé est indéchiffrable. Il était surmonté d'une urne similaire à celle du Tombeau à l'Urne. A l'intérieur, 5 loculi ont été aménagés contre le mur du fond ainsi que 3 chambres funéraires dans la partie droite du tombeau.
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Avis des membres sur LES TOMBEAUX ROYAUX
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