LE SIQ

Y accéder. A 800 m environ après le Centre des Visiteurs, une entaille dans la paroi rocheuse s'ouvre devant vous. Vous êtes à l'entrée du Siq qui mène au Trésor (Al-Kazhneh).

Visite. Tous les chemins mènent à Pétra, mais celui-ci était l'accès principal de la capitale nabatéenne. L'étroit corridor naturel s'étire sur 1,2 km encadré de hautes parois de grès rose s'élevant à 80 m par endroits. La roche prend non seulement des teintes surnaturelles, mais aussi des formes étranges. Trouverez-vous l'éléphant ? Le Siq est parcouru de canaux d'irrigation, de témoignages religieux et d'un ingénieux système de barrages permettant d'éviter les inondations destructrices. L'entrée dans le Siq était couronnée par une haute arche en briques, qui s'est effondrée en 1896. En levant le nez, sur la gauche, on peut distinguer le départ de l'arc. Deux niches votives avaient été creusées sous cette arche. Celle de droite est accompagnée d'une niche plus petite. Trois marches sculptées dans la roche permettaient d'y déposer un bétyle, de l'encens ou des offrandes. Après une importante inondation vers 20 av. J.-C., de lourds travaux furent entrepris pour sécuriser le canyon. Une déclivité régulière de 4,9 % et un passage d'au moins 3 mètres de large furent aménagés et la route pavée est parfois bordée de trottoirs.

Barrages. En période de pluie, l'eau s'écoulait du Wadi Musa dans le Siq, provoquant des inondations dévastatrices. Une crue éclair au milieu du I^er siècle av. J.-C. engendra des dégâts tels que les Nabatéens réfléchirent à un système de diversion des eaux. Ils construisirent un barrage de 13 m de haut aux abords du canyon et creusèrent un tunnel de 90 m de long pour permettre aux flots de contourner la montagne. Un pont enjambant le barrage permettait d'accéder au Siq. En traversant la gorge, vous verrez 5 barrages placés à des endroits stratégiques, là où se formaient les torrents. Des bassins de rétention étaient aménagés en amont dans la montagne. Ces barrages ont été restaurés, car ils servent toujours à protéger l'accès à Pétra. Néanmoins, sachez qu'en cas de fortes pluies, et par mesure de sécurité, le site est fermé aux visiteurs.

Canalisations. La ville de Pétra était alimentée en eau par un ingénieux système de canalisations. Des rigoles ont été creusées dans le bas de la roche de part et d'autre du chemin. Celles-ci servaient à acheminer l'eau potable jusqu'à la ville et à irriguer les cultures. La rigole gauche (en descendant vers le Trésor) était pourvue de canalisations en argile. Elle recueillait et acheminait l'eau drainée depuis la source de Moïse, située sur les hauteurs de Wadi Musa. L'eau qui transitait par la rigole droite servait à irriguer les cultures. Elle était couverte de plaques de pierre. Des bassins de sédimentation avaient été aménagés sur le parcours pour réguler le débit de l'eau et stocker les impuretés.

Bétyles et niches votives. 70 niches votives taillées dans les parois ont été répertoriées en 1995. Certaines figurent des bétyles (pierres polies servant à marquer la présence divine), d'autres ont été laissées vides, permettant aux visiteurs d'y poser leur propre bétyle le temps de la prière. Certaines ne sont que de simples rectangles de roche évidée, d'autres sont ornées de pilastres, de frontons et de corniches, à l'image des temples. Après la première courbe, sur la gauche et à hauteur d'homme, on peut voir un large bétyle dans une niche. Une corniche venait peut-être s'insérer dans la rainure supérieure.

En continuant, dans le virage à gauche, à 2,5 m du sol environ, une autre niche, plus travaillée, présente les attributs des temples. On retrouve les pilastres et le fronton encadrant habituellement l'entrée. Les six colonnes au-dessus de la corniche figurent des bétyles. Le bétyle ou plutôt l'idole sculptée sur une plateforme dans la niche a été pillée.

Plus loin, alors que le canyon s'élargit sur une quinzaine de mètres, un gros rocher émerge en plein passage. C'est à peine croyable de penser qu'il n'a été dégagé qu'en 1977. C'est dire si le lit du canyon était obstrué de limons, gravats et plantes. Cet espace formait un sanctuaire assez complexe où se rejoignaient les puissances de la roche et de l'eau. Dans la paroi à gauche, une volée de marches part au-dessus de la canalisation pour mener à deux petites entrées de grotte. Il s'agissait d'un temple où l'eau s'écoulait en continu. Une niche votive a été creusée dans le gros rocher au pied de ce sanctuaire. A l'intérieur se trouvent deux bétyles. Celui de gauche possède des yeux et symboliserait Dushara, tandis que celui de droite représenterait Al-Uzzara, les deux dieux les plus révérés à Pétra.

Au deux tiers du parcours (section pavée et trottoir le long de la paroi), une longue série de niches orne la paroi. Les inscriptions en grec précisent le nom des donateurs. On sait ainsi qu'elles sont postérieures au royaume nabatéen et remontent aux II^e et III^e siècles. Cette série porte le nom de Sabinos Alexandrinos, du nom du donateur de la première niche en partant de la gauche.

Juste après cette section, le Siq forme une courbe dans laquelle s'inscrivent les fragments d'une sculpture monumentale. Un caravanier et ses deux chameaux font face à un groupe identique. Entre les deux s'écoulait un petit torrent actif en cas de pluie, ce qui signifiait une présence divine pour les Nabatéens. Le bas de la fresque ainsi que le pavage et le canal ont été extraits d'une épaisse couche alluvionnaire en 1997, ce qui explique leur bon état de conservation.