SIQ AL-BARID (LITTLE PETRA)

Plusieurs raisons justifient le surnom de Petite Pétra donné à ce site naturel présentant des vestiges archéologiques d'intérêt. Tout d'abord, il ne se situe qu'à quelques kilomètres de l'ancienne capitale nabatéenne. Ensuite, on y pénètre par un long et étroit canyon, tout comme à Pétra. Enfin, des grottes ont été occupées, exploitées et aménagées par les Nabatéens au I^er siècle av. J.-C. La Petite Pétra est inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco, au même titre que sa grande sœur. Mais son accès est libre en journée et le site est aussi beaucoup moins fréquenté, ce qui en fait une excursion agréable.

On pénètre dans Little Petra par un étroit défilé de 450 mètres de longueur, connu sous le nom de Siq Al-Barid, le « canyon froid », à cause des hautes parois rocheuses empêchant la lumière du soleil de le réchauffer. Les couleurs des roches font partie des plus merveilleuses de la région et changent de teinte au fil de la journée. Le couloir naturel relie trois dégagements où des édifices ont été construits par les Nabatéens. La roche de façade a été sculptée par endroits et les cavités créées de toutes pièces, agrandies ou modifiées. Tout comme à Pétra, un ingénieux système hydraulique permettait d'approvisionner les occupants en eau. Les archéologues ne se sont que peu intéressés à ce site pour le moment, bien trop occupés à explorer les merveilles inépuisables de Pétra. Par conséquent, on ne sait que peu de choses sur l'utilité et la raison de la construction de ces édifices. Il semblerait que Little Petra ait été une sorte de faubourg de la capitale nabatéenne destiné à servir de lieu de commerce et d'échange entre les marchands sillonnant la Route de la Soie. Le site a été abandonné à la chute de l'empire nabatéen et les Romains ne s'y sont pas intéressés. Les traces de fumée sur les parois des grottes ainsi que des graffitis en arabe témoignent de leur occupation par les tribus bédouines de la région, tout comme celles du village néolithique d'Al-Beidah. Une redécouverte importante a cependant été effectuée par les archéologues en 2010. Ils se sont enfin penchés sur les fresques nabatéennes d'une grotte, le seul et unique exemple de peintures originales conservées in situ. Ces fresques étaient connues des archéologues depuis 1906 et avaient été photographiées par leur découvreur occidental, un certain Père Abel. Mais elles n'avaient jusqu'alors jamais été étudiées en détail, ni fait le moindre objet de travaux de recherche ou d'inventaire.

Siq Al-Barid. On y accède par un étroit passage taillé dans la roche qui permettait à un homme ou à un dromadaire de gagner le canyon. Avant de vous engouffrer, vous pouvez admirer la façade classique et élégante d'un tombeau nabatéen datant du I^er siècle av. J.-C.

Le triclinium à colonne. En chemin, vous admirerez les volutes et les courbes façonnées par l'eau sur les parois de grès tendre. Si le canyon est asséché la majorité du temps, faites très attention en cas de pluie ou d'orages. Demandez aux locaux s'il est prudent de s'y aventurer. Alors que le canyon s'élargit, vous pouvez observer une série d'ouvertures et une grotte creusée dans la roche. A l'étage, l'entrée de la grotte a été sculptée d'un portique surmonté d'un fronton triangulaire. Cette grotte faisait probablement office de temple.

Les 4 tricliniums. La gorge se resserre sur 50 mètres environ, avant de s'élargir à nouveau. Quatre salles ont été aménagées dans la roche, qui servaient probablement à héberger les marchands de passage. A l'époque romaine, un triclinium désignait une couche pouvant accueillir 3 personnes.

Le biclinium peint. Il se trouve un peu après les grands triclinia, en poursuivant le Siq, sur la gauche. On y accède par un escalier. Les grottes qui entourent cette salle servaient de citerne, de salle de banquet, de tombeaux. Les fresques ont été « découvertes » et photographiées en 1906 par le Père Abel. Elles n'ont cependant fait l'objet d'une étude approfondie qu'en 2010. Des travaux de préservation ont révélé de nouvelles fresques et les échantillons envoyés à l'Université de Yarmouk ont permis de dater ces fresques entre 40 et 25 av. J.-C. La grotte comprend deux salles en enfilade, la première étant plus grande que la seconde. La première salle n'est décorée que de stucs sur le mur du fond, créant des reliefs rappelant certaines fresques de Pompéi. La seconde salle est beaucoup plus décorée, dans un style très différent : on distingue des Cupidons armés d'arcs, de flèches et de lances, occupés à protéger le raisin des oiseaux gourmands, à la vendange ou à tailler la vigne. Ces fresques ne sont pas sans rappeler le culte de Dionysos, le dieu de la vigne et des excès dans la mythologie grecque. Les fresques sont grandement endommagées par les outrages du temps et les feux de camp des Bédouins qui occupaient cette grotte jusqu'à il y a peu.

Point de vue. En poursuivant le Siq al-Barid jusqu’au bout, vous parvenez à un escalier qui mène au sommet des montagnes et offre des points de vue majestueux sur Pétra et ses environs. Vous pouvez emprunter le sentier qui conduit jusqu'au Monastère de Pétra, à la condition d'avoir un billet d'entrée valide sur le site principal. Le chemin étant peu emprunté et non balisé, il vaut mieux s'assurer les services d'un guide pour ne pas se perdre. La randonnée de 6 kilomètres prend entre 1 heure 30 et 2 heures.