OL DOINYO LENGAÏ

Ol Doinyo Lengaï domine le lac Natron de ses 2 878 m et se détache dans le paysage de savane, souvent escortée de nuages blancs apparaissant comme des volutes de fumée épaisses (mais ce sont bien des nuages aujourd'hui). C’est une montagne à peu près circulaire à l'aspect conique à l'horizon comme tout volcan, mais en réalité aux pentes concaves (donc de plus en plus raides). Sur les pentes inférieures, vous verrez peut-être des hyènes ou des oréotragues (petites antilopes africaines). Sur la crête, de laquelle se dégage une superbe vue sur ce cratère de 500 m de diamètre, apparaissent des fissures verdâtres ou jaunes laissant échapper des fumées chargées de soufre. La lave du Lengaï présente la particularité d’être composée, en particulier, de carbonate de sodium (Na2CO3), qui dans les 48 heures suivant sa sortie à l’air libre se solidifie en prenant une couleur blanche, encore plus éclatante sous le soleil, ce qui, de loin, sur la route du Serengeti à Olduvai par exemple, donne l’impression que le volcan est enneigé.

Religion. « La Montagne de Dieu », en langue maasaï, est d'une importance capitale pour cette tribu nilotique. Bien que convertis au christianisme par des missionnaires qui leur assurent une petite aide matérielle, les Maasaï sont profondément animistes et croient aux esprits de la nature, sans se soucier de savoir si leurs traditions totalement païennes collent aux préceptes chrétiens, et c'est tant mieux. Précisément le ciel est considéré comme Dieu et le bleu revêt un caractère sacré symbolisant le Tout-Puissant mais aussi la fertilité (et habille les femmes dans la tradition). Les Maasaï, aussi éloignés soient-ils de la montagne sacrée, viennent régulièrement y faire des pèlerinages, sacrifier des bêtes pour invoquer les dieux et demander des pluies clémentes, des sols fertiles pour leurs bêtes, une progéniture nombreuse ou la paix entre villages. Les doléances sont nombreuses. Mais la ferveur fut très impressionnante lors de la dernière grosse éruption en 2008. Les femmes vierges étaient priées d'aller ramasser les cendres chaudes du volcan menaçant les villages, considérées comme des offrandes de Dieu, en chantant et priant le volcan jour et nuit. Personne n'a voulu être évacué malgré l'insistance du gouvernement pour mettre à l'abri les populations locales d'une éventuelle éruption. Les Maasaï, qui considèrent la montagne comme protectrice, ont invoqué les dieux de plus belle pour demander leur protection, sacrifiant encore plus de bêtes pour obtenir sa clémence et effectivement personne n'a été tué et le volcan s'est apaisé après de violentes poussées de lave.

Volcanologie. Haroun Tazieff est venu observer Ol Doinyo Lengaï, le seul volcan en activité réelle sur le Grand Rift avant ceux de l’Ethiopie, l'un des plus jeunes volcans d'Afrique orientale et peut-être le plus actif. Le volcanologue est venu étudier spécialement cette lave très fluide – d'une viscosité comparable à l'eau, imaginez ! – de la roche, bien plus froide que les autres types de lave et qui entre en fusion à « seulement » 500 °C. Les dernières grosses éruptions eurent lieu en 1992, 1983 et, surtout, en 1967 puis en 2007 et 2008. C'est en 1967 que l'éruption fut la plus violente, dispersant des cendres chaudes jusqu'à Seronera à 100 km de là. L’écoulement des eaux empoisonna des troupeaux entiers de bétail maasaï. Les Maasaï furent persuadés que leur dieu était très en colère et s'était déchaîné sur leurs bêtes, leur bien le plus précieux. Des milliers de bêtes moururent empoisonnées par les cendres toxiques du volcan. En 2007 et 2008, la lave s'est écoulée du cratère de façon spectaculaire lors de 4 éruptions. Depuis, il est dans un calme relatif mais il peut s'embraser à tout moment.

L'ascension. Elle se prépare à Engaresero, là où le bureau des guides et des rangers se trouve, mais les agences d'Arusha la proposent aussi avec les transferts en 4x4 inclus (mais c'est plus cher). La montée et la descente se font en 4 à 5 heures dans chaque sens à un rythme très moyen. Il n’est absolument pas nécessaire d’emporter une corde pour escalader le Ol Doinyo Lengaï, il faut simplement être en bonne forme et ne pas avoir de problèmes respiratoires. L’effort en vaut vraiment la peine. Si vous désirez cuisiner là-haut, il faut emporter du combustible et pas mal d’équipement, il serait peut-être plus simple de vous contenter de sandwichs. Il est souvent d’usage de partir en pleine nuit vers 1h du matin pour contempler le lever du jour du haut de la montagne sur la plaine, magique ! Mais aussi pour éviter la chaleur accablante de la journée pendant l'ascension. Retour vers midi au lodge.

Si vous préférez la faire de jour, il est conseillé de partir très tôt pour éviter la chaleur de la journée, vers 5h du matin.

Prenez en 4x4 la piste qui longe l’escarpement en direction du sud et qui grimpe pendant une quinzaine de kilomètres. Après avoir traversé quelques korrongos (lits d’érosion), vous atteindrez le point de pente maximale pouvant être franchi par le véhicule.

La marche se fait sur trois types de terrains successifs, un sentier s’élève d’abord lentement dans les hautes herbes. Puis la pente se relève, et sur un sol de pierre et de sable volcaniques, on longe tout droit une crête parallèle à des korrongos de 15 m de profondeur d’abord, mais de moins en moins marqués ensuite. Enfin, le dernier tiers est la partie la plus raide, que l’on gravit sur des cendres dans lesquelles le pied s’enfonce et glisse (toujours tout droit, en longeant par la droite une petite barre de lave).