VOIE MACHAME

C’est sans doute la plus belle de toutes pour ses paysages. Surnommée la Whisky Route (car plus difficile que pas mal d'autres routes), elle est empruntée par des trekkeurs recherchant une bonne acclimatation (on redescend à un moment pour remonter, ce qui aide à s'acclimater), ne redoutant pas de dormir sous tente, moins chère que Marangu en hutte, mais très très fréquentée en haute saison : c'est la plus populaire. Hors saison en revanche c'est la voie idéale. On commence dans la forêt équatoriale pluviale très dense où les lianes s’entremêlent ; caoutchoucs et arbres géants où habitent singes bleus, singes colobes à longue queue blanche, antilopes et oiseaux multicolores. Puis place à la lande d’altitude, séneçons géants et lobélias, que survolent plusieurs espèces de rapaces, dont l’aigle couronné. Enfin, on arrive dans les déserts de haute altitude, surplombés par les glaciers et les neiges éternelles... jusqu'au sommet !

Jour 1. Machame Gate (1800 m) – Machame Hut (3 050 m). Au-dessus du village chagga de Machame, le sentier s’élève en suivant une crête couverte par une épaisse forêt qui cède bientôt la place aux hautes herbes et aux bruyères géantes. Le campement s’établit, après 4 à 5 h de marche, à Machame Hut. De là, une vue fantastique se dégage sur le Kibo quand le ciel est clair.

Jour 2. Machame Hut – Shira Hut (3 690 m). Le chemin grimpe à travers la lande. Puis le paysage se modifie : des ruisseaux moussus serpentent parmi les laves volcaniques et les grottes, au milieu du décor fantomatique des steppes d’altitude où s’élèvent les séneçons géants, comme autant de sentinelles d’un trésor inviolé. Le campement de Shira s’établit au milieu de ce haut plateau, après 4 à 5 h de montée. Profitez dans le dos de la vue sur le Kibo, et de face sur la vue sur le Mont Méru, magnifique ! Une marche pas trop fatigante, et intéressante, consiste à longer, sous la direction d’un guide, le rebord très aérien du plateau, d’où le panorama est extraordinaire.

Jour 3. Shira Hut – Barranco Camp (3 950 m). C'est une journée importante pour l'acclimatation, puisqu'on monte pour redescendre. Après avoir quitté le campement de Shira, on se dirige enfin vers le Kibo. La montée est douce et régulière jusqu’au col de Lava Tower, à 4 750 m. Ici, la grande tour de lave orangée nous domine, en aplomb de la grande brèche occidentale du Kibo. La redescente du col vers Barranco Camp nous amène, après 5 à 6 h de marche, sur le bord d’un gigantesque canyon, le Grand Barranco. La tente est plantée au pied de la fantastique muraille du Barranco.

Jour 4. Barranco Camp – Barafu Camp (4 550 m). Après la remontée, fort raide, de la grande muraille, vous traversez plusieurs vallons avant d’atteindre la rivière Karanga, dernier point d’eau. Ascension raide avant de déjeuner sur un vaste plateau au Karanga Camp où certains trekkeurs restent une nuit pour s'acclimater. Il peut y avoir la queue en haute saison car le chemin est étroit à flanc de falaise sans autre option de passage. L’atmosphère de haute montagne est lunaire, un chaos de pierre où la végétation se raréfie. Franchissement de deux nouvelles vallées peu profondes, puis remontée d’une moraine pour atteindre le campement de Barafu, au bout d’une journée de 6 à 7 h de marche. Cette étape mène sous les glaciers (Barafu en kiswahili). Le vent souffle fort ici.

Jour 5. Barafu Camp – Uhuru Peak (5 895 m) – Millenium Camp (3 820 m). Ce trajet compte 5 km pour 1 300 m de montée – l'effort le plus intense de tout le trek – et beaucoup, beaucoup de descente (bâtons de randonnée nécessaires, les jambes tremblent !). Départ dans la nuit (entre minuit et 2h selon le rythme du groupe), afin de pouvoir profiter du lever de soleil féerique en arrivant sur l’arête sommitale… Le froid est très intense. Le sentier s’élève rapidement par les scories, puis parfois sur la neige encore dure, par l’arête occidentale de la vallée formant le versant sud-est de Kibo. La pente atteint les pieds des glaciers Ratzel et Rebman. L’ambiance est irréelle au milieu de ces glaciers suspendus. Puis c’est le rebord du plateau, au Stella Point (5 756 m). Une fois arrivé là, c'est presque gagné ! Le plus dur est fait car vous êtes au bord du cratère. En longeant ce rebord vers l’ouest (à gauche), on atteint enfin le Uhuru Peak, après 7 h d’effort (parfois jusqu’à 9 ou 10 h pour les plus lents). La vue sur l’intérieur concentrique du cratère, le reste du massif et les environs est fantastique. Le vent peut être violent. La descente reprend le même chemin, les pieds s’enfonçant dans la cendre et les scories. Le camp de Barafu est atteint après 3 h de descente depuis Stella Point ou plus selon l'état de vos jambes. Une plus ou moins courte halte y est programmée (pas plus de 45 minutes par risque de mal des montagnes, on viendra vous secouer pour repartir !), puis il faut de nouveau reprendre le chemin de la descente pour 3 à 4 h par la voie Mweka. Hormis pour les secours terrestres (avec leur civière montée sur une seule roue avec deux énormes suspensions), cette voie est désormais à sens unique et interdite à la montée. Il y eut trop d’accidents auparavant en raison d’une mauvaise acclimatation (on atteignait le sommet en 3 jours). Selon les diverses péripéties de la journée, l’arrivée au Millenium Camp est plus ou moins tardive (jusqu'à 15 h de marche). Le camp est magnifique dans la pinède.

Jour 6. Millenium Camp - Mweka Gate (1 650 m). Il reste 3 h de descente très agréable, à travers la pinède puis la magnifique forêt primaire.