Guide de voyage Bagamoyo

Bagamoyo a été longtemps le centre névralgique du trafic d’esclaves, pratiqué par les Arabes en Afrique de l’Est. Pour cette raison, sa signification en swahili dépose ton coeur (Bwaga-Moyo), prend tout son sens. De nombreuses caravanes y accompagnaient les malheureux qui avaient survécu à des marches exténuantes et qui y étaient vendus, échangés et envoyés sur les îles de Zanzibar principalement, mais aussi Pemba pour y être vendus principalement en Arabie. Les Arabes shiraz (de Perse justement) arrivèrent ici au XIIIe siècle (à 5 km au sud de la ville actuelle), à Kaole : ils y bâtirent d’importantes constructions. Malgré l’établissement du Sultanat d’Oman à Zanzibar, Bagamoyo resta un port important, grâce à ce commerce (esclaves, ivoire…). C’est également de Bagamoyo que partirent les expéditions de Livingstone, Burton, Speke, Stanley et Grant. En 1868, les pères spiritains s’y établirent, avec l’accord du sultan de Zanzibar, et construisirent une importante mission, qui vaut vraiment la peine d’être visitée. Les missionnaires y installèrent un orphelinat pour les enfants d’esclaves et rassemblèrent de nombreux affranchis. Par la suite, ces derniers étant les seuls chrétiens sur cette côte musulmane, ils ne voulurent pas être reconnus comme anciens esclaves et un grand nombre se convertit à l’islam. La prospérité de la mission attira les Allemands, à la recherche de colonies. En 1889, un chef local, Abushiri, du village de Nzone, à 10 km au nord, dirigea une révolte, mais fut battu au bout de quelques mois par les troupes soudanaises et zoulous des Allemands, et pendu à Pangani. Puis les Allemands signèrent un accord avec le sultan : l’Afrique de l’Est devenait une colonie. La ville fut par la suite délaissée au profit de Tanga. Bagamoyo a donc gardé son charme colonial malgré son délabrement avancé. Les rues sont ponctuées d’anciennes maisons aux belles portes sculptées. Quand l'enfant du pays, Jakaya Mrisho Kikwete, est devenu en décembre 2005 (et jusqu'en 2015) le président de la nation, l’asphalte est venu, comme par enchantement, garnir les chaussées de la cité.