Maison de Dieu, splendeur architecturale, basilique devenue mosquée... : Sainte-Sophie est au cœur des enjeux de pouvoir.
Face à la mosquée Bleue se dresse la basilique Sainte-Sophie, l’une des gloires de l’Empire byzantin qui a été pendant près de mille ans le plus grand sanctuaire du monde chrétien, surpassée seulement par Saint-Pierre de Rome au XVIe siècle. Dédiée à la sagesse divine, elle est la grande œuvre de l’empereur Justinien, mais est transformée en mosquée après la prise de la ville par les Ottomans en 1453. Les minarets et mausolées qu’ils y ajoutent allègent aux yeux des contemporains l’aspect lourd et massif de l’ancienne basilique. En entrant dans la nef, vous avez le souffle coupé par l’énormité du bâtiment et la hauteur de la coupole, décorée d’inscriptions coraniques, qui s’élève à 56 m, soit l’équivalent d’un immeuble de dix-huit étages. Le plus étonnant est que cette coupole, d’une trentaine de mètres de diamètre, n’était pas soutenue par des piliers, mais par des demi-coupoles, un prodige d’architecture qui influencera par la suite les constructions ottomanes du grand architecte Sinan. Fragilisée par des tremblements de terre successifs, sa structure est cependant renforcée par l’ajout de piliers et de contreforts extérieurs. La construction de Sainte-Sophie débute en 532 et emploie durant cinq ans plus de 10 000 ouvriers qui travaillent sous les ordres des architectes Isidore de Millet et Anthemios de Tralles. Les matériaux arrivent de tout l’empire et on n’hésite pas à faire venir d’Ephèse des piliers de l’Artémision, une des Sept Merveilles du monde. Lorsque les Ottomans s’emparent de Sainte-Sophie, ils font recouvrir l’image du Christ Pantocrator qui orne la coupole et la remplacent par une calligraphie. Les mosaïques sont conservées et c'est seulement en 1750 qu’elles sont recouvertes d'un badigeon afin d’être plus en harmonie avec le Coran qui interdit les images. On aurait pu les détruire, mais le sultan de l’époque, conscient de l’importance de ces œuvres d’art se contente d’une dissimulation. Ainsi peut-on aujourd’hui admirer les superbes mosaïques byzantines du VIe siècle et des IXe, Xe et XIIe siècles (galerie sud). En 1934, Atatürk transforme la mosquée en musée pour détruire les symboles que Sainte-Sophie pouvait représenter. Avant de sortir de la cour, ne manquez pas d'admirer le mausolée de Selim II. N'hésitez pas à faire une promenade nocturne : le spectacle entre Sainte-Sophie et la mosquée Bleue est d'une beauté féerique. Depuis 2020, sous la présidence de Recep Tayyıp Erdoğan, elle est redevenue mosquée.
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Avis des membres sur SAINTE-SOPHIE (AYASOFYA CAMII)
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Fin mars, l'affluence était totalement tolérable, surtout si on achète la carte pour les musées, qui permet de couper une partie de la file d'attente (autrement un peu longue)