12000 av. J.-C.
Premières traces de peuplement en Anatolie du Sud-Ouest. Dans la région frontalière avec la Syrie, au sud-est de la Turquie, on peut admirer le plus vieux temple du monde : Göbekli Tepe (la colline au nombril).
1000 av. J.-C.
Les Grecs s’installent sur la côte ouest de l’Asie Mineure et fondent des colonies le long de la mer Noire et de la mer de Marmara. À la même époque, les Phrygiens arrivent en Anatolie et fondent un royaume gouverné à son apogée par le légendaire roi Midas.
750 av. J.-C.
Les Lydiens s’installent sur la côte méditerranéenne et étendent leur influence après la chute des Phrygiens. C’est durant cette période que l’on recense les premières traces de civilisation dans la région d’Istanbul. Trente ans plus tard, le marin Byzas, suivant les prédictions de l’oracle de Delphes, s’installe sur le promontoire rocheux du sérail qu’il va baptiser Byzance.
330 : naissance de Constantinople
Tandis que Rome est mise à sac par les invasions et la guerre civile, l’empereur Constantin Ier réunifie l’Empire et décide de transférer sa capitale à Byzance qui devient la Nouvelle Rome et prend le nom de son fondateur. Le christianisme s’impose comme religion officielle.
391
L’empereur Théodose fortifie la ville de Constantinople avec des murailles, encore visibles de nos jours.
476
Chute de Rome et fin de l’Empire romain d’Occident.
537
L’empereur Justinien inaugure la basilique Sainte-Sophie qui devient le centre du monde chrétien. Cette époque est considérée comme l’âge d’or de Constantinople. Le commerce se développe (aboutissement occidental de la route de la soie), et l’Empire s’agrandit. Le rayonnement de l’Empire byzantin perdure durant cinq siècles.
1096 : le temps des croisades
Les trois premières croisades sont guidées par la foi des souverains chrétiens, mais la quatrième n’a pour objectif que le pillage des richesses de l’Empire.
1362
Les peuples nomades turcs entrent dans Andrinople (Edirne) et s’imposent dans les Balkans.
1300 : naissance de l’Empire ottoman
L’Anatolie, qui correspond à la Turquie actuelle, se trouve divisée en plusieurs beylicats, de petites principautés gouvernées par des familles vassales du souverain. L’une d’entre elles, située au nord, se montre particulièrement ambitieuse et manifeste des désirs d’expansion. Il s’agit de la principauté des Ottomans menée par le bey (seigneur) Osman qui va fonder la dynastie et lui donner son nom. Le beylicat va s’étendre largement à travers l’Anatolie et faire de Brousse (Bursa) sa première capitale, point de départ pour la conquête de l’Occident. La capitale byzantine se retrouve alors enclavée, car Constantinople reste un lieu stratégique qui permettrait à l’Empire ottoman de s’étendre pour unifier son territoire.
1453 : la prise de Constantinople
Mehmet II, descendant direct d’Osman, parvient à rassembler plus de 100 000 hommes conduits par les janissaires (corps d’élite). Constantinople est dirigée par son empereur Constantin XI qui, de son côté, dispose de 8 000 hommes : une goutte d’eau face à l’armée de Mehmet II ! Mais la ville est très bien protégée, à la fois par la mer de Marmara et par la Corne d’Or. De plus, sous la menace, l’empereur a fait tendre une chaîne empêchant ainsi les bateaux de traverser le Bosphore. Il est donc impossible d’accéder à la ville ni par la mer ni par la terre avec la muraille qui la défend. Mais l’audace va l’emporter. Mehmet II fait franchir la colline à ses bateaux en les faisant glisser sur des rondins de bois et, de cette manière, il accède à la Corne d’Or et ouvre un nouveau front. Constantinople ne résistera pas et tombe le 29 mai, après un siège de 52 jours. Cet événement signe la fin de l’Empire romain d’Orient et constitue un véritable tournant dans l’histoire mondiale. Chaque 29 mai, les Turcs célèbrent l’anniversaire de la prise de Constantinople.
1457
Mehmed II transfère la capitale de l’Empire ottoman de Brousse (Bursa) à Constantinople, qui prend le nom d’Istanbul. Mehmed II met en place de grandes réformes administratives et institue la fonction de Grand Vizir (Premier ministre). La reconstruction d’Istanbul est entreprise sur les vestiges des ruines romaines et les premières œuvres majeures sont la mosquée impériale de Fatih (1470) et le palais de Topkapı (1475). La ville et l’Empire ottoman connaissent leur apogée sous le règne de Soliman le Magnifique (1522-1566). La capitale s’enrichit de véritables joyaux architecturaux, dont les nombreuses mosquées du célèbre architecte Mimar Sinan, le Grand Bazar, les nouvelles salles du Palais de Topkapı. L’Empire ottoman se montre particulièrement tolérant avec les minorités religieuses qui vivent en son sein et d’importantes fonctions administratives sont confiées à des chrétiens. Les Turcs ayant conquis l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et les Balkans, toutes les communautés d’Europe et d’Orient y sont représentées, toutes les langues sont parlées.
1529
L’échec du siège de Vienne marque le début du déclin de l’Empire ottoman.
1889
Naissance d’un mouvement clandestin et nationaliste : les Jeunes Turcs. Ils prônent notamment l’abolition du sultanat.
1908
Les Jeunes-Turcs réussissent à accéder au pouvoir grâce à un putsch militaire, laissant les sultans (Abdülhamid II, puis Mehmet V) sur leur trône, mais sans pouvoir réel.
1912
Début d’une décennie de guerre quasi permanente qui atteint son apogée lors de la Première Guerre mondiale où l’Empire, dirigé par Enver Pacha, signe un traité d’alliance avec l’Allemagne contre la Russie.
1915-1916
Génocide des Arméniens, qui se solde par 1 200 000 victimes. Il n’est toujours pas reconnu par les autorités turques à l’heure actuelle.
10 août 1920
Le traité de Sèvres enlève à la Turquie ses provinces arabes, la région égéenne, l’Est et le Sud-Est.
1945 : l’après-Atatürk
Les partis d’opposition sont pour la première fois autorisés. L’économie se libéralise et les principes du kémalisme s’assouplissent.
1960
Coup d’État, mise en place d’un pouvoir militaire. Une constitution libérale, qui reconnaît notamment le droit de grève, est promulguée, et Süleyman Demirel devient Premier ministre.
1971
Deuxième coup d’État militaire, l’armée intervient à nouveau dans la vie politique pour obtenir la démission de Demirel et la mise en place d’un régime d’exception.
1980
Troisième coup d’État militaire. L’armée s’arroge le pouvoir et instaure un régime de dictature militaire en rupture avec les libertés démocratiques.
1983 : montée de la mouvance religieuse
Turgut Özal devient Premier ministre et sera la personnalité éminente de la vie politique turque pendant dix années consécutives. Musulman convaincu et pratiquant, il est aussi le partisan du libéralisme économique et entame l’ouverture de l’économie au secteur privé et à l’extérieur. En contrepartie, les laissés-pour-compte sont nombreux et les fossés sociaux se creusent. Le contexte général favorise la montée du radicalisme religieux, dans les classes défavorisées mais aussi dans les plus hautes strates de l’État.
1991
Réforme de la Constitution pour pouvoir prétendre à l’entrée dans l’Union européenne.
2002
La peine de mort est abolie et l’état d’urgence est levé pour la première fois, quinze ans après sa mise en place pour lutter contre la rébellion kurde dans le Sud-Est anatolien. Cette mesure fait partie des conditions de l’Union européenne pour l’ouverture de négociations sur l’adhésion de la Turquie. Le parti AKP (Parti de la justice et du développement) gagne les élections législatives.
2003
Recep Tayyip Erdoğan devient Premier ministre. Dans le même temps, la croissance économique d’Istanbul explose et son aura culturelle est en plein essor.
2013
Malgré les avancées économiques et culturelles, la jeunesse stambouliote sort dans les rues pour dénoncer l’urbanisation sauvage et la dérive totalitaire du gouvernement avec le mouvement de Gezi.
2014
L’ère Erdoğan. Ce dernier est élu président de la République.
2016
Tentative de coup d’État raté. Dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016, un groupe de militaires soutenant l’idéologie de l’imam Fethullah Gülen et agissant au nom de l’état-major de l’armée turque essaie en vain de s’emparer du pouvoir. Depuis ce moment, les soutiens à Erdoğan se sont effilochés, surtout depuis l’incarcération de plus de 50 000 personnes (dont des députés de l’opposition), le licenciement de plus de 100 000 employés du secteur public, la mise en place de réformes sécuritaires et la suppression d’une centaine de médias. La Turquie se trouve alors plus divisée que jamais.
2017
Nouvelle victoire pour l’AKP qui remporte le référendum sur une réforme du système présidentiel accordant à Erdoğan encore plus de pouvoir.
2018
Erdoğan est réélu au premier tour des élections présidentielles pour un mandat de cinq ans.
2019
Élections municipales, l’AKP obtient la majorité des voix, mais perd les plus grandes villes du pays. Prétextant des tricheries, le pouvoir en place annule le scrutin d’Istanbul. Mais lors des nouvelles élections, c’est de nouveau le candidat du parti de l’opposition (CHP), Ekrem Imamoğlu, qui remporte le scrutin. Il s’agit d’une double défaite pour le parti d’Erdoğan qui avait pour habitude d’affirmer : « Remporter Istanbul, c’est remporter la Turquie. »
2022
La Turquie connait une inflation record qui frappe de plein fouet la population. La livre turque n’a jamais été aussi dévaluée en 20 ans. Entre 2019 et 2020, plus d’un million et demi de turcs sont passés sous le seuil de pauvreté.
2023
Le pays est frappé par de violents séismes au début de février 2023, causant des dizaines de milliers de morts. Le gouvernement est alors critiqué pour sa réaction tardive et le non-respect des normes antisismiques dans la construction des bâtiments de la région sinistrée. Malgré ces critiques, Recep Tayyip Erdoğan remporte les élections présidentielles en mai 2023, en axant sa campagne sur de grands projets industriels, énergétiques et militaires.
Un an plus tard, lors des élections municipales, l'AKP, le parti au pouvoir en Turquie, perd face au CHP, le principal parti d'opposition, qui s'empare des plus grandes villes du pays. Les Turcs, confrontés à une grave crise économique avec une inflation ayant dépassé 124 % en un an, ont exprimé leur mécontentement envers le gouvernement.