L’un des meilleurs endroits de Pékin pour admirer les Chinois pratiquant le taï qi quan, les exercices de qi gong, le chant, la danse et autres gymnastiques matinales.
Histoire
Situé au sud de la ville dans un immense parc d’une superficie de 273 ha, cet ensemble, conçu sous les Ming, devait être en liaison directe avec le ciel. D’où un ésotérisme constructif extrêmement poussé : couleurs, formes géométriques (traditionnellement, le cercle représente le ciel et le carré, la terre), sons, différences de hauteur des édifices.
Incarnation de l’architecture Ming à son degré le plus proche de la perfection, le temple du Ciel est progressivement devenu le symbole de la capitale chinoise. La tradition considérait l’empereur comme le fils du Ciel, et, en tant que tel, il se devait de rendre visite et de sacrifier à son père, le Ciel, et à ses ancêtres, s’il voulait préserver l’harmonie entre l’ordre humain et l’ordre cosmique. C’est donc ici que les empereurs de la dynastie Ming et Qing venaient, deux fois par an (15e jour du 1er mois lunaire et le jour du solstice d’hiver), pour vénérer les cieux et prier pour l’obtention d’une bonne moisson.
A l’origine, le Ciel et la Terre étaient tous deux vénérés dans ce temple, puis, en 1530, le temple de la Terre (Ditan) fut édifié au nord de Pékin. L’empereur était escorté de Qian Men jusqu’au temple du Ciel par ses soldats et ministres, des princes de sang royal et des musiciens, des danseurs et des éléphants. Toutes les portes et les fenêtres le long de son chemin étaient fermées, car personne ne devait voir le fils du Ciel.
Les formes architecturales sont des références directes aux thèmes du Ciel et de la Terre : la salle de Jeûne, ou palais de l’Abstinence, de forme carrée, située près de la porte céleste de l’ouest, est une Cité interdite en miniature, alors que le temple de Prière pour la bonne moisson (Qinian Dian) et l’autel circulaire en plein air sont tous deux liés au Ciel.
Visite
Au nord de l’ensemble, le temple de Prière pour la bonne moisson est l’édifice principal. Une triple terrasse d’une superficie de 5 900 m2 au milieu d’une cour carrée, mène au temple de forme conique. Sa triple toiture recouverte de tuiles bleues se fond dans la masse bleue du ciel. Prodigieux exploit technologique : ce gigantesque édifice conçu en 1420 est un savant assemblage d’éléments en bois sans clou. Le symbolisme transparaît dans la technique architecturale même : cette structure de 38 m de hauteur et 30 m de largeur est soutenue par 28 piliers en bois massif. Les quatre piliers centraux représentent les quatre saisons, la première couronne de douze piliers, les mois de l’année et la deuxième, les heures du jour et de la nuit. Chaque pilier est un tronc massif de cèdre de la province du Yunnan.
La salle est directement ouverte sur l’extérieur avec ses cloisons à treillage en bois. C’est dans cette salle qu’avait lieu la cérémonie du sacrifice de la fin du printemps. Le trône du Ciel (toujours vide puisque le Ciel ne pouvait s’y asseoir !) se trouvait au centre de cette salle et, après avoir présenté sa prière écrite demandant au Ciel que toutes les conditions soient réunies harmonieusement pour de bonnes récoltes, l’empereur la brûlait dans un fourneau au pied du trône. Dans les pavillons annexes étaient vénérés les dieux du Soleil, de la Lune, des Etoiles et du Vent, de la Pluie, du Tonnerre et des Eclairs. Au XIXe siècle, la foudre tomba sur le temple qui fut ensuite reconstruit à l’identique en 1889.
Devant le temple de Prière à la bonne moisson, sur l’axe nord-sud, se trouve la voûte impériale du Ciel (Huangqiongyu) au toit bleu surmonté d’une boule dorée. Cette structure beaucoup plus petite, construite en 1530, était conçue pour recevoir les tablettes des dieux du Soleil et de la Lune après le cérémonial. L’édifice est entouré d’une paroi totalement hermétique, le mur des Echos, le long duquel court le moindre son. Devant les marches menant à l’édifice, les pierres au triple son : tout son produit à partir de la première pierre est reproduit une fois ; de la deuxième, deux fois ; et de la troisième, trois fois. De part et d’autre de la voûte impériale du Ciel se trouvent des bâtiments rectangulaires aujourd’hui transformés en petits musées.
L’un d’entre eux présente une intéressante collection d’instruments de musique traditionnelle et une maquette reconstituant les processions qui suivaient l’empereur lors des rites de prières dans le temple.
Au sud, l’autel du Ciel (Huanqiu). Edifié en même temps que la voûte impériale et reconstruit en 1740, cet autel en marbre blanc est composé de trois terrasses culminant au centre dans une représentation symbolique autour du chiffre impérial « 9 ». Neuf cercles concentriques rayonnent autour d’une pierre centrale : le premier cercle comprend 9 pierres et le cercle extérieur 81 pierres. Si vous vous situez au milieu de la pierre centrale et que vous vous mettez à parler, tout votre corps résonnera de vibrations, comme une sorte d’écho intérieur, faites l’expérience ! Au centre de la terrasse supérieure se trouvait ici aussi un trône destiné au Ciel.
La salle de Jeûne (Qinggong), située à la porte Est. C’est ici que les empereurs et leurs ministres observaient un jeûne de trois jours avant chaque cérémonie. Ayant revêtu une robe d’apparat brodée de dragons, l’empereur ouvrait la cérémonie en brûlant de l’encens, offrait aux ancêtres et à l’empereur suprême des sacrifices d’animaux et des cadeaux selon la coutume, soieries, tablettes de jade… Puis un héraut lisait la prière écrite de l’empereur pendant que ce dernier se prosternait, et on brûlait dans le four adossé à l’autel toutes les offrandes… ainsi que le texte de la prière adressée au Ciel.
Pendant que tout se consumait se tenaient danses, musiques et chants. Puis l’empereur s’en retournait dans son palais dans un palanquin différent de celui qui l’avait amené. Aujourd’hui, la salle de Jeûne est devenue un hall d’exposition présentant divers instruments de sacrifice, qui datent principalement de la période Qing.
Le temple du Ciel est à visiter absolument. C’est avec le temple des Lamas un des plus beaux de Pékin, et, quelle que soit la saison, vous vous laisserez envoûter par la magie des lieux. Afin d’avoir le temps de profiter des palais, du parc (qui compte quelques très vieux arbres assez impressionnants) et de l’ambiance générale de ce site, compter une grosse demi-journée de visite. L'ensemble du site est classé au patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco depuis 1998.
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Avis des membres sur TEMPLE DU CIEL
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