CITÉ INTERDITE
La Cité interdite est un des grands héritages architecturaux de la Chine ancienne et l’un des seuls palais impériaux encore debout en Chine à l’heure actuelle !
Histoire
Elle servit de résidence aux empereurs des deux dernières dynasties, Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911), et fut construite en seulement quatorze années entre 1406 et 1420, lorsque le deuxième empereur des Ming, Yongle (1360-1424), déplaça la capitale, de Nankin à Pékin. La rapidité d’édification de cet ensemble de 74 hectares entouré d’un fossé plein d’eau large de 50 mètres, et d’une muraille de 10 mètres de hauteur, est tout à fait surprenante ! Plus de 200 000 artisans participèrent à la construction et une sophistication suprême des techniques de construction, alliant modernité (préfabrication et normalisation) et tradition (esthétique et symbolique), entra dans la conception de ce chef-d’œuvre. La Cité était totalement coupée du monde extérieur jusqu’en 1924, lorsque Puyi (1906-1967), le dernier des vingt-quatre empereurs qui s’y succédèrent, en fut chassé.
Le palais est aujourd’hui l’un des plus grands musées du monde, étonnant témoin de l’âge d’or impérial. C’est un exemple parfait des théories esthétiques architecturales et urbaines classiques chinoises. Cette gigantesque Cité adopte la forme rectangulaire traditionnelle (N-S : 960 m ; E-O : 750 m), conservée au cours des agrandissements multiples.
Les édifices actuels datent presque tous du XVIIIe siècle : en 1664, les Mandchous incendièrent l’ensemble existant pour reconstruire le palais de la nouvelle dynastie Qing sur les ruines de l’ancien. Des matériaux de grande qualité provenant des carrières de Fangshan, dans la banlieue de Pékin pour les blocs de pierre, et du Sichuan, Hunan et Guizhou pour le bois, furent employés dans la construction.
Visite
L’ensemble est composé de trois parties distinctes se déroulant symétriquement selon un axe nord-sud : les édifices publics à l’avant, les quartiers privés au centre, et le jardin impérial à l’arrière. 9 999 salles au total (pas une de plus : d’après la légende, l’empereur de Jade possède un palais de 10 000 pièces dans le ciel, son fils, l’empereur terrestre ne devait donc pas avoir ce privilège).
L’entrée principale de la Cité. Wumen (à ne pas confondre avec la porte Tian’anmen, entrée de l’ancienne cité des Ming) comprend cinq ouvertures, celle du centre réservée à l’empereur, les deux de l’est aux militaires et civils, les deux de l’ouest aux membres de la famille impériale.
Les trois palais du Devant. A l’avant, une rangée de cinq ponts en marbre, représentant les cinq vertus confucéennes (bonté, intelligence, fidélité, droiture, respect des rites…) enjambent la rivière aux Eaux d’or puis vient la porte de l’Harmonie suprême (Taihe Men) qui mène à la grande cour d’apparat : l’esplanade centrale, pouvant accueillir jusqu’à 90 000 personnes, où se tenaient les cérémonies officielles.
Tout autour se déploient des galeries abritant livres et trésors divers, vaisselle, soieries, pierres et autres objets… que l’empereur pouvait offrir en récompense. Au milieu de cette esplanade se dresse une terrasse à 3 étages de marbre blanc. Chaque niveau est ceint d’une balustrade agrémentée de gargouilles. Sur les grands escaliers d’accès, on remarquera l’emblème impérial dans les dragons qui s’enroulent.
Vos pas vous conduiront alors vers la salle de l’Harmonie suprême (Taihe Dian) gardée par les deux symboles de la justice et de la rectitude impériale : un cadran solaire à droite et une mesure à grains à gauche.
Devant la salle de l’Harmonie suprême et le palais de la Pureté céleste, vous verrez de magnifiques tortues de bronze, symboles de la paix. A l’intérieur de la salle de l’Harmonie suprême, sur une estrade de sept marches, se dresse un trône ; l’histoire raconte que l’empereur y recevait les visites des émissaires étrangers et présidait à diverses cérémonies.
Juste au-dessus du trône, en levant les yeux, vous verrez au milieu d’un superbe plafond ouvragé deux dragons dorés jouant avec une perle géante, un motif que l’on retrouve souvent en décoration sur la céramique chinoise de l’époque. Pour l’anecdote, certains disent que le dragon représente l’homme essayant perpétuellement d’attraper la perle, qui symboliserait la femme, et de jouer avec !
N’oubliez surtout pas d’admirer les toitures de chaque palais ! Celle de la salle de l’Harmonie suprême est la plus spectaculaire ; sa double toiture couverte de tuiles jaunes vernissées est la plus richement décorée. Afin d’écarter les mauvais esprits, dix créatures fabuleuses, dont un lion, un phénix, un dragon, un cheval ailé, une licorne et un immortel, sont alignées sur les extrémités des arêtes de la toiture. Vous retrouverez certaines de ces créatures, mais en plus petit nombre sur les différentes toitures des palais de la Cité interdite.
Puis, vous entrerez dans la salle de l’Harmonie du milieu (Zhonghe Dian), c’est là que l’empereur venait se préparer avant de siéger dans la salle de l’Harmonie suprême… une sorte de boudoir de l’époque en quelque sorte !
Cette salle servait aussi à recevoir des ministres ou autres ambassadeurs en privé, mais c’était surtout là qu’étaient mis au point les messages devant être lus dans les temples impériaux, et c’est là aussi que l’on vérifiait annuellement l’état des semences.
Arrive ensuite la salle des Examens impériaux ou salle de l’Harmonie préservée (Baohe Dian) où se tenaient les examens permettant de devenir « docteur » (jin shi), après avoir longtemps servi de salle de banquet d’honneur.
En règle générale, aucune femme n’était admise dans ces salles de la cour Extérieure, où l’empereur avait surtout un rôle de représentation.
Les trois palais d’apparat ; la cour Intérieure et le jardin impérial. Derrière la porte de la Pureté céleste (Qianqing Men), gardée par quatre lions en bronze doré, se trouvent les quartiers d’habitation, composés d’une multitude de petites salles, aujourd’hui salles d’exposition des trésors impériaux : à l’ouest, la "salle de la Culture de l’esprit (Yangxin Dian), où vivait et travaillait l’empereur (c’est là que le dernier empereur Puyi signa sa déclaration d’abdication et la reconnaissance de la République en 1912) ; au centre, l’empereur tenait audience dans le palais de la Paix céleste (Qianqing Gong), suivi de la salle de l’Union et de la Paix (Jiaotai Dian), où se célébraient les unions impériales, et du logement des impératrices (le palais de la Tranquillité terrestre ; le Kunning Gong).
Ensuite, pour accéder au "palais de la Pureté céleste (Qianqing Gong), on traverse une grande terrasse bordée de grues et de tortues en bronze, symboles d’immortalité et de longévité, et on remarquera la présence de brûle-parfums, que l’on retrouve aussi dans le palais d’Eté et autres. Certains disent que les odeurs à l’époque étaient nauséabondes et qu’on les masquait en brûlant des parfums en quantité !
Ce palais est le plus grand des trois et c’est lui qui abritait les nuits des empereurs Ming et des premiers Qing. Il eut par la suite une fonction de salle d’audience et de banquets (on dit que l’empereur Qianlong y présida le « banquet des dix mille vieillards » en 1785, qui compta plus de 3 000 hommes de 60 ans et plus venus de tous les coins de l’Empire). La dernière cérémonie qui y fut célébrée fut le mariage du dernier empereur Puyi en 1922.
Puis vient la salle de l’Union (Jiaotai Dian) ou aussi salle de la Puissante Fertilité, conçue sur un plan carré qui fut tout d’abord la salle du trône de l’impératrice. Puis, à partir du règne de Qianlong, c’est dans cette salle que l’on conserva les sceaux impériaux. Vous pourrez encore les admirer dans des vitrines. Gravés dans des pierres différentes, au nombre de 25, ils avaient le rôle de signature, ou plutôt de cachets administratifs.
Le palais de la Tranquillité terrestre (Kunning Gong) était la résidence de l’impératrice sous les Ming et fut divisé en deux, sous les Qing ; une grande salle qui servait de sanctuaire dédié à des divinités mandchoues qui réclamaient des offrandes de chair, et une salle plus petite peinte en rouge, le Pavillon doux de l’Est, qui devint la chambre nuptiale des empereurs Qing.
En sortant, la "porte de la Tranquillité terrestre" s’ouvre sur le Jardin impérial (Yuhuayuan), aménagé au XVe siècle. Planté de pins et de cyprès, avec ses bassins, ses pavillons et ses rochers, ce jardin, fidèle à la philosophie de tous les jardins chinois, tend à donner une vision idéalisée de la nature sous tous ses aspects : « arbres centenaires, rochers aux formes tourmentées, kiosques des Dix Mille Printemps et des Mille Automnes à toitures rondes comme sur le ciel, qui reposent sur une base carrée comme la Terre et traduisent l’harmonie de l’univers ». Une petite colline artificielle se dresse dans un angle du jardin, et c’est le seul endroit d’où le regard peut s’échapper au-delà des murs de la Cité interdite. Au sommet de cette colline, un kiosque d’où l’empereur contemplait la lune, le 9e jour du 9e mois lunaire (jour de la traditionnelle fête de la Lune).
Au fond du jardin se trouve la porte de la Vertu obéissante (Shunzenmen), qui permet l’accès aux cinq cuisines du nord et à la "porte du Génie militaire" d’où l’on peut rejoindre la colline de Charbon.
Des deux côtés des palais de Derrière se trouve une enfilade de bâtiments destinés à l’hébergement de l’empereur, de ses femmes et des nombreux domestiques. Vous pourrez visiter le palais de l’Éternel Printemps où résida l’impératrice Cixi et le palais des Élégances accumulées doté d’un petit théâtre, le palais de la Nourriture de l’esprit et les six palais de l’ouest, le palais de l’Abstinence et les six palais de l’est, le palais de la Tranquillité et de la Longévité…
En vous promenant le long des corridors et des cours, vous visiterez des expositions temporaires installées dans certaines salles, vous admirerez sans doute les collections de peintures, de calligraphies anciennes, de jades, de bronzes, de céramiques (essentiellement exposées dans les palais de l’aile orientale). Il vous faudra errer dans cette magnifique « cité dans la Cité » longtemps, pour essayer de vous abreuver de ses splendeurs… Et, pourtant, elle recèle tant de trésors qu’il faut y revenir encore et encore pour les découvrir !
L’ensemble est classé au patrimoine de l’humanité de l'Unesco depuis 1987.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
Avis des membres sur CITÉ INTERDITE
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.
Nous avons beaucoup aimé et nous recommandons vraiment ce lieu à visiter.