TEMPLE DU JOKHANG
C’est le sanctuaire le plus vénéré du Tibet, au cœur de la vieille ville. Des colonnes de pèlerins s’y allongent sans discontinuer et leur ferveur nourrit l’atmosphère déjà sacrée du lieu.
La fondation du Jokhang. Weng Cheng, épouse chinoise de Songtsen Gampo, et fille d’une concubine de l’empereur Taizong, pratiquait la géomancie (feng shui, littéralement le vent et l’eau), science toujours en usage en Chine. C’est elle qui, par ses calculs, décèle la présence d’une démone (une sinmo) couchée sur le dos et dont le corps recouvrait tout le Tibet central. Pour enrayer l’influence négative qu’elle exerçait sur le pays, il fallut la soumettre en construisant quatre temples aux lieux présumés de ses épaules et de ses hanches : Katsel, Trandruk, Dram et Butchu. Les trois collines qui entourent Lhassa (Marpori, Chakpori, Bompori) étaient ses seins et son mont de Vénus. A l’endroit du cœur, s’étendait un lac, le sang de la démone. C’est là que fut érigé le Tsuklakhang (Jokhang). Tsuklag est un terme ancien qui fait référence à la science religieuse qui inclut tout à la fois le chamanisme, l’astrologie et la géomancie.
Le lac fut comblé grâce à une chèvre magique, et on y construisit à la place le Jokhang, destiné à abriter la statue du bouddha Akshobya, apportée en dot par Brikuti.
Le sanctuaire prit alors le nom de Trulnang. Il ne devint le Jokhang que lorsqu’il abrita le Jowo, qui avait été caché dans la chapelle des bouddhas de Médecine, lors d’une invasion. Le Jowo, apporté en dot par la princesse chinoise, était un cadeau du roi de Bengale à l’empereur chinois et l’œuvre, paraît-il, de l’artiste Vishvakarman, contemporain du Bouddha. L’échange de statue fut fait et le temple de Ramoche, construit à l’origine pour le Jowo, abrite dorénavant le bouddha Akshobya.
En face de l’entrée principale se dressent trois stèles, à présent entourées d’un mur : l’une comporte une inscription bilingue évoquant le traité sino-tibétain de 821, conclu entre Tri Ralpachen et l’empereur chinois Wangdi, et par lequel chaque pays s’engageait à respecter l’autre comme son égal. Les deux autres, polies à force d’avoir été touchées, informent en chinois des dangers de la variole et des moyens de la guérir.
Visite du Jokhang. On pénètre d’abord dans une cour intérieure décorée de peintures réalisées sous le 13e dalaï-lama. Les appartements du dalaï-lama dominent la cour. Deux grandes portes permettent d’accéder au saint des saints. Dans l’obscurité, on aperçoit d’abord, de part et d’autre, les Gardiens des quatre directions, puis deux chapelles dédiées aux Nagas, les divinités marines qui détiennent la richesse, et les Gandarvas, les esprits qui se nourrissent d’odeurs. On raconte qu’ils seraient apparus en songe à Songtsen Gampo durant la construction du Jokhang, et qu’il voulut dès lors leur dédier ces deux sanctuaires.
Œuvre d’artistes newars, le temple se trouvait à l’origine à ciel ouvert, comme les bahal népalais. Les piliers massifs sont d’origine, mais les chapiteaux ne datent que du XVIIe siècle. La plupart des statues furent détruites durant la Révolution culturelle et les fresques anciennes furent malheureusement vernies.
Toute la partie inférieure du corps du Jowo a été détruite lors de l’invasion des Dzoungars, au XVIIIe siècle. Son sanctuaire demeure cependant le moment le plus fort du pèlerinage pour tout Tibétain qui s’avance, recueilli, prêt à offrir sa khata et à exprimer ses souhaits. Les deux grandes statues de Guru Rimpoche et de Maitreya président aux rituels, tandis qu’une succession de petites chapelles obscures indiquent l’itinéraire du pèlerin qui y entretient les lampes à beurre par ses offrandes.
Montez sur le toit pour faire des photos du Potala le matin. Vous en profiterez pour admirer les makaras dorés, animaux mythiques à la trompe d’éléphant tronquée, qui protègent de la foudre, terreur des temples en bois. Vous y verrez également la roue à huit rayons de la doctrine (Dharma), encadrée des deux gazelles symbolisant le parc où le bouddha donne son premier enseignement. On remarquera, aux quatre angles, les ombrelles de victoire en métal doré ou recouvertes de laine noire de yack et surmontées d’un trident. C’est également dans la galerie supérieure du temple que les moines se livrent, l’après-midi, à d’étonnants concours de rhétorique.
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