CITÉ IMPÉRIALE
Édifiée au XIX siècle, la Cité Impériale était réservée à la famille royale au sens large, aux administrations-clefs et aux cultes.
Située au centre de la citadelle, la Cité Impériale était réservée à la famille royale au sens large, aux administrations-clefs et aux cultes. Édifiée de 1804 à 1833, de plan rectangulaire (606 m sur 622 m), son enceinte en brique (4,16 m de hauteur sur 1,04 m de largeur) est également bordée par une douve de protection Kim Thuy Ho (métal et eau). Elle comptait à l’origine plus de 100 palais dont chacun était doté d’une architecture originale et dévolue à un usage particulier : les palais Trieu Mieu, Thai Mieu, Hung Mieu, The Mieu et Diên Phung Tiên servaient ainsi au culte des empereurs de la dynastie des Nguyên. Le palais Dien Tho et le palais Truong Sinh étaient les lieux de résidence de la grand-mère et de l’arrière grand-mère de l’empereur. Dans le Phu Nôi Vu étaient produits les objets destinés à l’usage de l’empereur. Dans les jardins Co Ha et Dien Kham Van, les princes s’amusaient ou s’adonnaient à l’étude.
Quatre portes principales permettent l’accès à la cité impériale : à droite, la porte de la Vertu, Cua Chuong Duc ; derrière, la porte de la Paix, Cua Hoa Binh ; à gauche, la porte de l’Humanité, Cua Hiên Nhon ; et la porte du Midi, Cua Ngo Môn, qui porte ce nom car c’est à midi que le soleil, symbole de pouvoir, est au zénith. Elle a été construite en 1833 sous le règne de Minh Mang. Elle est composée d’un soubassement en brique et granit percé de cinq entrées (alors que les autres en ont trois) et surmontée d’un belvédère, le pavillon des Cinq Phénix (Lâu Ngu Phung), en bois, dont la toiture, divisée en neuf secteurs, est couverte de tuiles vernissées dont les couleurs jaunes (hoang luu ly) et bleu jaune (thanh luu ly) appartiennent au roi. Ngo Môn, la porte du Midi était uniquement réservée au souverain, alors que les deux portes latérales (Ta et Huu Giap Môn) servaient aux mandarins et aux généraux de l’armée impériale. C’est donc par la porte Ngo Môn que l’on accède à la cour royale, l’esplanade des Grandes Salutations, où se tenaient les mandarins lors des grandes cérémonies.
Ensuite, on accède au palais de l’Harmonie suprême (Thai Hoa), lieu des grandes cérémonies et des réunions importantes. C’est ici que se tenaient les cérémonies mensuelles (tous les 1er et 15e jours du mois lunaire) et qu’étaient célébrés les événements solennels : cérémonie d’intronisation d’un nouvel empereur (Dang Quang), cérémonie d’anniversaire du souverain (Van Tho), fête nationale (Hung Quôc Khanh Niêm), auxquelles assistaient l’empereur, les membres de la famille impériale et les grands mandarins. Dans le palais, 80 piliers en bois de fer, laqués et décorés de nuages et de dragons dorés, soutiennent la charpente du toit de briques vernissées jaunes, dont le faîte est également décoré de dragons en tessons de poterie multicolores. À l’intérieur, le trône sculpté est surmonté d’un baldaquin. La construction du palais commença sous le règne de Gia Long, le 21 février 1805 et fut achevée en octobre 1805. En mars 1833 (1er mois de l’année Quy Ty), l’empereur Minh Mang ordonna de déplacer ce palais vers le sud. Il fut agrandi et embelli. Sous le règne de Khai Dinh, le palais fut à nouveau rénové et sa structure, modifiée. On trouve dans le palais 297 plaques sculptées de poèmes en chinois décrivant les particularités de la culture de Phu Xuân au début du XIXe siècle. Face au palais de l’Harmonie suprême, la Grande Cour (Dai Triêu). Sur cette esplanade à trois niveaux prenaient place les mandarins, dans l’ordre hiérarchique, du 1er au 3e rang, marqués par les stèles installées sur les deux côtés.
À la droite du palais, au sud-est de la citadelle, se trouvent deux temples. L’un (Trieu Mieu) est dédié à Nguyên Kim, ancêtre commun de la dynastie, et à sa femme. L’autre, situé le plus au sud, est le temple des Générations (Thai Mieu), dédié aux neuf ascendants de Gia Long. Il fut construit en 1804, sous le règne de Gia Long. Au centre, deux tablettes honorent le seigneur Nguyên Hoang et sa femme. L’édifice, en bois de lim rouge laqué, abrite plusieurs autels.
Dans la cour, devant le temple, trônent neuf urnes dynastiques, symboles de la stabilité de la nouvelle dynastie. Fondues en 1836, elles pèsent environ 2 tonnes et sont hautes de 2 m. Chaque urne porte le nom du règne correspondant au roi honoré ainsi que des représentations de la faune et de la flore. À gauche du palais se trouve un ensemble de bâtiments.
Pour comprendre la signification de ces neuf urnes dynastiques, il faut se reporter aux écrits d’un érudit, le révérend père Barnouin, publiés en 1974 dans le Bulletin de la société des études indochinoises.
Les urnes ont d’abord une fonction religieuse. Elles rappellent qu’au Viêt Nam, les morts sont plus présents que les vivants et qu’ils sont plus puissants. Certes, l’empereur est fils du Ciel, mais c’est à travers ses ancêtres défunts qu’il est devenu le dépositaire de ce mandat céleste et c’est à travers la présence et la bénédiction de toute la dynastie, la présence des empereurs défunts devenus puissances spirituelles qu’il peut régner de façon efficace et bienfaisante.
Ainsi, les urnes ont une fonction religieuse, médiatrice entre le Ciel et le souverain régnant. Il suffit de se reporter au pavillon qui les domine, la haute tour de l’éclatante bienveillance d’En-Haut (Hiên Lâm Cac). Il s’agit du plus haut édifice de toute la cité impériale et « il symbolise, écrit le R.-P. Barnouin, la faveur céleste affermissant la dynastie dont l’action sur le pays est symbolisée par les urnes. » Mais l’empereur Minh Mang, lorsqu’il ordonna en 1835 de fondre les neuf urnes de Huê, s’est inscrit dans une tradition chinoise qui définit les urnes comme un monument non pas religieux mais politique : il s’agit d’affirmer le pouvoir de la dynastie sur le pays alors que, justement, les bas-reliefs figurent le cosmos vivant de la patrie. Toujours selon le R.-P. Barnouin, « les urnes affirment que tous les vivants, émanés des énergies célestes et terrestres et figurés sur les bas-reliefs, sont vraiment possédés par la dynastie. Donc que celle-ci est légitime et que le peuple doit continuer ses hommages. Or il est représenté par les mandarins des neuf degrés qui viennent précisément se ranger dans la cour entre les urnes et le temple dynastique, pour figurer la docilité du peuple envers l’ordre du ciel établi dans la dynastie au pouvoir, pour constater l’accord de cette dynastie avec le cosmos vivant, résultat de son accord avec le ciel vivifiant, et pour exprimer eux-mêmes cette appartenance par leurs hommages. »
Toujours au sud-ouest de la citadelle, le temple Hung Mieu est dédié aux parents de Gia Long, le seigneur Nguyên Phuc Luan (1733-1765) et sa femme. Il a été construit en 1821 sous le règne de l’empereur Minh Mang. En l’état actuel, il a été reconstruit par Son Altesse Tu Cung, dernière la reine-mère de la dynastie des Nguyên, mais cette reconstruction n’a pas tenu compte des plans originaux.
À l’ouest (du côté du temple des Générations), à l’écart des flots touristiques, il est possible de goûter tranquillement la beauté des lieux. Au fond, la résidence des Douairières, résidence de la Longévité (Truong Sinh), contemple un lac en demi-lune avec une montagne artificielle. Ne subsiste qu’un seul des trois palais.
À l’origine, il s’agissait d’un complexe de bâtiments (Truong Ninh, Sécurité perpétuelle) que le roi Minh Mang avait fait ériger en 1822 et qu’il destinait à ses loisirs. En 1843, l’ensemble fut restauré par l’empereur Thiêu Tri et comptait trois bâtiments qui communiquaient entre eux.
Sous le règne de l’empereur Khai Dinh, l’ensemble fut rebaptisé résidence de la Longévité. Vient enfin la résidence des Reines mères.
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Visite très intéressante.