COLLINE A1 (ELIANE 2)

Sur la rive gauche de la Nâm Rôm (Nam Youn), face au musée de la Victoire, la colline A1 (Eliane 2) est connue pour l'âpreté des combats dont elle fut le théâtre. Il s'agit de la plus fortifiée des 49 positions françaises. Selon les mots de Jules Roy, auteur de La bataille de Diên Biên Phu (1963), "la terre (y est) encore rouge du sang qui a coulé, et le microscope révèlerait probablement que des déchets organiques humains s’y mêlent, confondus enfin dans la fraternité des ennemis réconciliés dans le néant". Bien avant la bataille, on trouvait sur la colline la résidence française qui administrait cette zone stratégique pour le contrôle du Laos. Le bâtiment avait été détruit, à l'exception des caves qui constituèrent l'un des rares réseaux de casemates construites en dur du système défensif français. À l'est, la colline jouait un rôle essentiel, constituant une sorte de rempart pour le secteur central du camp retranché, dont le poste de commandement du général de Castries.

Pour les troupes du général Giap, la conquête de la position constitua une des épreuves les plus difficiles de la bataille. Sur les 56 jours et nuits de la campagne de Diên Biên Phu, elles durent en passer 39 sur cette colline, sacrifiant plus de 2 000 soldats pour pouvoir s’en emparer. La position fut emportée grâce aux sapeurs viêt-minh qui creusèrent un tunnel où ils disposèrent une tonne d'explosifs afin de faire sauter la casemate du commandant de la position : "25 soldats se sont vu confier la tâche de creuser le tunnel. Plus ils avançaient, plus ils étouffaient, faute d’oxygène. Le suivant devait éventer le précédant. La terre extraite était mise dans un sac puis transportée dehors pour fortifier les tranchées. Au bout de 15 jours, les soldats ont achevé ce tunnel de 47 mètres. Le 6 mai 1954, à 20h30, ils ont reçu l’ordre de dynamiter le tunnel. L’explosion a ébranlé la colline, tuant une compagnie ennemie et choquant tous ceux qui étaient encore retranchés dans les casemates. Saisissant l’occasion, nos troupes se sont emparées de la colline. En tout, elles ont anéanti 850 soldats ennemis, excluant du combat 4 bataillons bien exercées des Français" [Source : Thu Hoa. "A1, Eliane 2 et le combat d’autrefois", 23 avril 2014]. Sur la colline, un gigantesque cratère témoigne de cet épisode. Les lieux ont aujourd'hui été aménagés et constituent une sorte de musée en plein air où l'on reconnaîtra, enserré dans un réseau de 4 000 m de tranchées, le poste de commandement d’Eliane 2, le char Bazeille et 10 des 37 blockhaus tenus par l’armée française.