RÉSERVE SULTANIENNE DES ORYX D'ARABIE
Le Jiddat al Harasis est l'écosystème et la section du sultanat qui, en 1962, fut choisi pour qu'y soit réintroduit l'oryx blanc d'Arabie. Couvrant environ 27 000 km², soit l'équivalent de la Bretagne, c'est un plateau de 100 à 150 mètres de haut, borné, à l'est, par un escarpement. La dépression attenante de Huquf est séparée du littoral marin par les collines de Janaba d'une hauteur de 300 mètres. Le sol est essentiellement du calcaire karstique. C'est une région importante dans le contexte de l'Arabie, car il associe une zone côtière aux eaux froides avec – chose inhabituelle – un paysage désertique boisé d'acacias qui s'enfonce au sud dans les dunes de la mer de sable d'Arabie centrale. Tout cela se trouve en étroite proximité et fonctionne comme un écosystème divers et productif.
En 1962, le Fonds mondial pour la nature, l'Union internationale pour la conservation de la nature et la Société de protection des animaux joignent leurs énergies pour éviter l'extinction de l'oryx blanc d'Arabie. Une mission d'Indiana Jones de la corne est dépêchée au Yémen pour capturer les derniers animaux en liberté. On attrape deux femelles et un mâle, bientôt rejoints par 6 autres bêtes offertes par les cheikhs du Golfe, et on les confie aux bons soins des vétérinaires du zoo de Phoenix dans cet Arizona au climat adapté. En 1980, bien remis sur pattes et en transe copulatoire, les oryx sont transportés par l'aviation omanaise jusqu'au Jiddah Al Harasis, là même où les derniers de leurs congénères en liberté avaient été chassés en 1972. Le sultan sanctuarise l'immense zone, crée un centre de contrôle et de gestion de la vie sauvage, fait placer des colliers électroniques sur les oryx et a la fierté de voir le site entrer au Patrimoine mondial et universel de l'Unesco en 1994. Cette reconnaissance ne dure pourtant pas. En 2007, l'Unesco, fait rare dans son histoire, décide de radier le sanctuaire à oryx de sa liste. La raison en est le rétrécissement drastique de la zone protégée, réduite de 90 % pour un projet de prospection d'hydrocarbures, et le mauvais entretien global de la réserve. Victimes du braconnage et de la dégradation de leur habitat, les oryx, de 450 individus qu'ils étaient parvenus à être, sont retombés à 65, dont seulement quatre couples reproducteurs.
Actuellement, même si la réserve sultanienne occupe un territoire extrêmement réduit par rapport à sa taille initiale (soit 2 824 km² de terrains variés – plaine sablonneuse, pentes rocailleuses, dunes...), son habitat est bien moins dégradé qu'il ne le fut à une époque. Son rétrécissement, voulu par les autorités et opéré sans informer les instances onusiennes, a, au-delà de l'Unesco, déclenché une polémique assez vive entre les amis de la nature et l’État omanais. Aucune publication locale ne vous en dira plus. Certains visiteurs s'étonnent encore, dans les forums, de ne plus trouver de détails sur la fameuse « Réserve protégée par l'Unesco », de trouver encore moins d'infos d'accès. Beaucoup se perdent en chemin, dans ce désert immense, ou ratent le dernier virage à droite et finissent par tomber sur, oui !, des puits de pétrole. La situation est en train de changer depuis que l'État a décidé, en décembre 2017, dans le cadre d'un développement accru et planifié de l'écotourisme, d'ouvrir le site au public. Longtemps écartée des routes touristiques, la réserve pourrait donc bien devenir, dans les années qui viennent, l'une des attractions importantes de cette partie du pays où peu de véhicules s'aventurent encore ce qui peut être une forme d'attrait. De plus, le sanctuaire n'abrite pas que des oryx, mais permet également, si l'on est chanceux, d'observer d'autres espèces indigènes comme la gazelle d'Arabie (elle aussi en danger), le renard de Rüppell, le hérisson d'Ethiopie, la gerboise, la gerbille, le varan du désert, la vipère des sables, ainsi que de nombreux oiseaux – paruline à gorge jaune, sirli du désert, courvite isabelle, moinelette à front blanc, etc.
Dans l'attente de développements plus importants, la question est : faut-il faire 500 kilomètres pour voir cela ? Jusqu'à récemment, l'accès n'était autorisé qu'aux titulaires d'un permis délivré par le conseiller à la protection de la nature du diwan. Ce papier était le signal d'ouverture de la porte clôturée, au-delà de laquelle, au bout d'une dizaine d'autres kilomètres, on atteignait un petit centre de contrôle et des bâtiments préfabriqués tenus par du personnel assermenté peu anglophone. Là, un garde, en général un Harasis, vous accompagnait vers les enclos où se promènent les oryx. Le soleil était juste écrasant, les infos minimales, le spectacle naturel perturbé par les grillages... Aux dernières nouvelles, il semblerait que l'accès soit facilité et que certains guides parlent anglais... A l'heure où nous bouclons cependant, nous n'étions parvenus à obtenir aucun numéro de téléphone, encore moins de site web et pas d'informations pratiques dignes de ce nom. Nous savons que la réserve se visite en 4x4 sous l'encadrement strict des gardes du site, a priori omniprésents. Aucune raison, donc, si vous décidez de vous y rendre, que vous ne puissiez pas entrer. Le plus simple consiste quand même sans doute à y aller avec un réceptif local, dans le cadre d'un circuit à la carte par exemple. D'une dizaine qu'ils étaient à l'origine, les oryx sont désormais 750.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
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Avis des membres sur RÉSERVE SULTANIENNE DES ORYX D'ARABIE
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