NÉCROPOLE MÉDIÉVALE DE BOLJUNI

Ce site (Nekropola Stećaka Boljuni) figure parmi les vingt-deux nécropoles médiévales du pays classées au patrimoine mondial de l’Unesco en 2016. Pour vous y rendre, suivez la route M17.3 en direction de Neum sur 9 km, puis tournez à droite en direction de Bjelojevići. Le site se trouve sur la gauche. Il abrite 274 stećci, dont 90 sont décorés avec une large variété de motifs : scènes de chasse, épées, fleurs de lys et roses, spirales et rosettes, symboles héraldiques (croissant et points), kolo (danse en cercle), etc. Certains sont très rares : femme tenant un enfant dans ses bras, lion, animaux mythologiques (dragon…), chef de clan chevauchant un cerf. Boljuni fut le principal centre de production artistique de stećci entre le milieu du XIV^e et le début du XVI^e siècle. Une vingtaine de stećci sont signés de maîtres sculpteurs, notamment Grubač, actif dans les années 1440-1460, et considéré comme le meilleur artiste dans ce domaine. Figure aussi le nom de son disciple, Semorad.

Nécropole de l’élite. Le site se distingue par sa forte concentration de sépultures appartenant à une élite locale composée de nobles bosniens et de riches bergers et marchands aroumains (peuple latin des Balkans) commerçant avec Raguse (Dubrovnik). Le coût de la réalisation des bas-reliefs venait s’ajouter à celui de la taille de la pierre, et seules les familles les plus aisées pouvaient se permettre une telle dépense. Sur les tombes les mieux décorées figurent le nom des défunts inscrit en alphabet bosančica. Il y a par exemple Bogavac Tarah Boljunović, un berger, mort avant 1477, Radić Vladisalić, un membre de la cour du roi de Bosnie ou, encore, les seigneurs Herak et Radoslav Heraković, ancêtres des Petrović-Njegoš, la famille royale du Monténégro. Le personnage le plus célèbre enterré ici est Vlatko Vuković (mort en 1392), duc d’Herzégovine et grand-duc de Bosnie. C’est lui qui mena le détachement bosnien lors la grande bataille de Kosovo Polje (près de Pristina, au Kosovo) qui vit la victoire des Ottomans, le 15 juin 1389. À une vingtaine de mètres de la nécropole, se trouve un neveš, un puits rond et évasé en pierre sèche typique de la région de Stolac. Utilisé jusque dans les années 1960, il évoque les lavognes des plateaux du Larzac. Deux anciennes carrières de calcaire se trouvent aussi à proximité, l’une 200 m à l’est, l’autre 200 m à l’ouest. C’est probablement de là que proviennent les pierres utilisées pour réaliser les stećci.