MONASTÈRE DE DOBRUN

Maintes fois détruit et reconstruit, ce monastère orthodoxe serbe du XIV^e siècle (Manastir Dobrun/Манастир Добрун) est dédié à la Dormition de la Mère de Dieu – l’équivalent de l’Assomption de la Vierge pour les catholiques – et conserve quelques fresques d’origine. Situé le long de la rivière Rzav et de la ligne de chemin de fer du « Huit de Šargan », ce grand complexe est gardé par une vieille locomotive à vapeur allemande (modèle Henschel de 1923) et par une imposante porte couleur orange, elle-même surmontée d’une chapelle dotée d’un clocher-mur. Le monastère a été fondé vers 1340 par le župan Pribil, un comte serbe chargé de contrôler cette région qui constituait la frontière orientale du royaume de Serbie sous le règne du puissant roi Stefan Dušan (1331-1355). Le complexe constituait alors le cœur de la cité monastique de Dobrun, comptant sept cents moines, et dont subsistent quelques vestiges 1 km en amont de la Rzav. Les siècles et les envahisseurs sont passés, la ville a disparu et le monastère a fini par être complètement détruit par une explosion, en janvier 1945, alors qu’il servait de dépôt de munitions à l’armée allemande. Mais le site sera réoccupé par des moines dès l’année suivante.

Fresques et musées. Lors de travaux de reconstruction, en 1994, quelques fresques de l’ancien catholicon (église principale) du XIV^e siècle ont été redécouvertes, presque intactes. Elles ont été installées sur le mur nord de l’actuelle église de la Dormition-de-la-Mère-de-Dieu qui trône au milieu de la cour du complexe. On reconnaît notamment le župan Pribil portant une miniature de l’église et accompagné de ses fils Petar et Stefan. Autre beau portait, celui du roi Stefan Dušan, de son épouse Hélène et de leur fils, le futur Uroš V, dit « le Faible », qui provoquera la chute de la riche dynastie serbe des Nemanjić. Depuis 1994, le monastère a été sans cesse agrandi avec l’ajout de nouveaux bâtiments. Un grand konak (auberge) blanc abrite deux musées. L’un est consacré à la révolte serbe de 1804-1813 menée par Georges Petrovitch, dit Karađorđe (« Georges le Noir » en turc), et fondateur de la dynastie des Karađorđević (1842-1945). L’autre s’intéresse à l’histoire ecclésiastique de la région et abrite une chapelle dédiée à l’apôtre André. Depuis 2004, la cour du monastère est dominée par une statue de Karađorđe installée en hauteur sur une falaise. Enfin, 1 km plus loin, près des ruines de l’ancienne Dobrun, se dresse à nouveau depuis 2006 la mosquée Careva, fondée en 1445 et détruite par les nationalistes serbes en 1992.