PONT MEHMED-PACHA-SOKOLOVIĆ
Pont de 179,5 m de long inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, doté de onze arches et d'une rampe sur la rive gauche de la Drina.
Construit entre 1571 et 1577, ce pont (Most Mehmed-Paše Sokolovića/Мост Мехмед-Паше Соколовића) est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2007. Il a été conçu par le prestigieux architecte ottoman Mimar Sinan (1489-1588) pour le grand vizir Mehmed Pacha Sokolović (1505-1579). Source d’inspiration du roman Le Pont sur la Drina (1945) d’Ivo Andrić, cet ouvrage d’art a aussi été le lieu de terribles massacres en 1943 et 1992. Hélas, cette partie de l’histoire n’est mentionnée ni par l’Unesco ni sur les panneaux explicatifs installés sur place. Cela rend la visite particulièrement troublante.
Histoire. Le pont a été pensé pour faciliter les échanges entre la Serbie et Raguse (Dubrovnik, en Croatie). Mais les berges sont jugées inconstructibles à cause des crues violentes de la Drina. Pour édifier l’ouvrage, Mimar Sinan va mettre sept ans et profiter d’un budget illimité de la part de Mehmed Pacha Sokolović. Solidement construit, le pont est toutefois submergé en 1896. Les piles sont ébranlées et érodées, les parapets, emportés. L'ouvrage est restauré et renforcé en 1911-1912. En 1915, pour couvrir leur retraite face aux Austro-Hongrois, les troupes serbes détruisent deux des piles. Le pont reste ainsi éventré pendant vingt-cinq ans. En octobre 1943, il sert de lieu d’exécution aux tchetniks serbes qui massacrent les Bosniaques de Višegrad. Les mêmes tchetniks demandent ensuite aux artificiers britanniques qui les accompagnent de dynamiter l’ouvrage. Cette fois, la moitié du pont disparaît, avant d’être reconstruite en 1950-1952. En 1987, l'inauguration du pont moderne de Garč, 1 km en aval, permet de limiter les passages de véhicules qui menaçaient la structure. Mais les travaux de renforcement sont interrompus par la guerre. De juin à octobre 1992, le vieux pont est une nouvelle fois utilisé par les nationalistes serbes pour exécuter les civils bosniaques. Les cadavres jetés dans la Drina continuent d’être retrouvés régulièrement. Cela n’empêche pas l’office de tourisme d’y organiser un concours de plongeons en juillet depuis 2007.
Visite. Long de 179,5 m, le pont possède onze arches de 11 à 15 m de largeur, ainsi qu’une rampe d’accès en biais de quatre arches sur la rive gauche de la Drina. Le mur érigé au centre porte deux inscriptions rédigées en turc ottoman rendant hommage à Mehmed Pacha Sokolović. En haut : « Il a construit un pont magnifique sur la Drina de Bosnie avec une ligne d'arches au-dessus d'une rivière profonde et bruyante. Ses ancêtres ne furent pas capables d'édifier une chose semblable, le grand pacha le fit selon la volonté de Dieu, pour que son nom soit mentionné avec respect et gratitude. Il a construit un pont qui n'existe nulle part au monde. » En bas : « Le grand philanthrope Mehmed Pacha qui fut un grand vizir pour trois sultans laisse le plus bel héritage qui porte la marque de Dieu. Animé d'une intention pure, il décida de construire un immense pont sur la rivière Drina. Le pont fut si bien construit que le passant en le traversant pourrait le voir comme une perle sur l'eau avec le ciel pour écrin. » Sur la rive droite, se dressent l’hôtel Višegrad, autre lieu de massacres en 1992, et le monument d’Ivo Andrić, sculpture de marbre blanc réalisée en 1984 par le sculpteur sarajévien Ljupko Antunović (1939-2012), qui fut ami d'Andrić. Détruite en 1994, l’œuvre a été refaite par l'artiste après la guerre.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
Réservez les Meilleures Activités avec Get Your Guide
Avis des membres sur PONT MEHMED-PACHA-SOKOLOVIĆ
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.