SANCTUAIRE SAINT-JEAN DE PODMILAČJE

Abritant une superbe église contemporaine, ce sanctuaire catholique (Svetište Svetog Ive Krstitelja) est situé le long de la Vrbas, à côté de Podmilačje (650 habitants, à 97 % bosno-croates). En raison de guérisons inexpliquées, le site était considéré comme le « Lourdes de Bosnie » avant l’émergence de Međugorje, près de Mostar, dans les années 1980.

Histoire. L’origine du sanctuaire remonte à la croisade lancée par la papauté contre les bogomiles de Bosnie au XIII^e siècle. Après plusieurs épisodes sanglants, l’intellectuel dominicain Johannes von Wildeshausen (mort à Strasbourg en 1252) est nommé évêque de Bosnie en 1233 et prend le contrepied de ses prédécesseurs. Menant sa mission de manière pacifique et arpentant la province accompagné d’un âne, il rencontre un certain succès dans la conversion des populations locales. En signe de protestation contre la mainmise du royaume de Hongrie sur la Bosnie, il démissionne en 1237. Wildeshausen est dès lors considéré comme un saint en Bosnie. En 1416, Hrvoje Vukčić Hrvatinić, ban de Croatie et fondateur de Jajce, fait ériger à Podmilačje une petite église officiellement dédiée à saint Jean-Baptiste mais conçue pour le culte à « saint Jean de Wildeshausen ». Contrôlée par les franciscains, celle-ci continua d’attirer les pèlerins, en particulier après 1945 quand une cinquantaine de « miracles » eurent lieu. Mais l’église fut rasée en 1992 par l’armée bosno-serbe. C’est dans le cadre de sa reconstruction que fut lancé le projet d’un édifice contemporain capable d’accueillir plus de fidèles.

Visite. Le site est surprenant et magnifique. Ici se côtoient deux églises récentes dédiées à saint Jean-Baptiste, mais de styles diamétralement opposés : une réplique de la petite église médiévale en pierre (15,85 × 8,50 m) et la grande spirale moderniste de la nouvelle église. Le complexe est idéalement placé au bord d’un méandre de la Vrbas et entouré de collines verdoyantes de la vallée de la Podmila dépassant les 700 m d’altitude. Ces dernières ont aussi l’avantage de masquer l’énorme cimenterie voisine. Mais au moins, il n’a pas fallu chercher très loin pour construire la nouvelle église. C’est en effet une immense structure en béton brut qui est sortie de terre à partir de 2003. Consacrée en 2010, cette église est l’œuvre de l’architecte slovène Marko Mušič. Né en 1941, celui-ci a œuvré en Yougoslavie durant la période socialiste. C'est aussi à lui que l’on doit aussi l’église catholique de Kotor Varoš (54 km au nord), achevée en 1999 et assez peu réussie, il faut bien l’avouer. En revanche, à Podmilačje, Mušič a mis en œuvre tout son talent en composant avec la nature. Pour assoir le bâtiment, il a fait creuser une colline aménagée à la manière d’un théâtre grec. L’élément central est le mur sud de l'église : largement ajouré, il laisse passer la lumière dans la nef de 3 000 m², puis monte progressivement pour s’enrouler en spirale et ainsi former le clocher qui atteint 62 m de hauteur, le double du clocher de l’église en pierre. Il faut y voir le symbole d’une communauté en extension perpétuelle. La forme de la spirale renforce cette idée, avec un clocher qui semble ne jamais se terminer. L’aménagement est aussi fonctionnel, puisque le sanctuaire est conçu pour accueillir plus de 100 000 fidèles à la Saint-Jean (autour du 21 juin), aussi bien dans l’église moderne que sur son grand parvis enherbé doté d’un autel en plein air.