FORTERESSE DE SREBRENIK

Cette forteresse grise (Tvrđava Srebrenik) est l’un des plus belles du pays. Elle est installée sur un éperon rocheux à 400 m d’altitude qui offre des vues magnifiques sur les environs. Avec sa position stratégique gardant l’entrée de la plaine de Pannonie et la vallée de la Tinja, le site fut sans doute occupé très tôt. Mais la forteresse n’est mentionnée pour la première fois qu'en 1333. Elle sert alors de monnaie d’échange dans le conflit qui oppose le roi serbe Stefan Dušan à son vassal, le ban de Bosnie Stefan II Kotromanić : ce dernier perd ses possessions sur la côte adriatique, mais il récupère Srebrenik qu’il fait fortifier. C’est là que naît son fils, en 1353, celui qui va fonder le royaume de Bosnie : Stefan Tvrtko I^er (1377-1391). Mais la forteresse est capturée par les Hongrois dès 1408 et devient en 1464 la capitale du banat hongrois de Bosnie. Les Ottomans s’en emparent vers 1510, y installant une garnison et y font construire une mosquée. Elle fait alors partie, avec la forteresse de Sokol (près de Gračanica), d’un réseau de douze places fortes gardant la frontière entre les empires ottoman et austro-hongrois. Elle est finalement abandonnée en 1835.

Visite. On accède à la forteresse par la route puis, à pied, par une passerelle en bois qui enjambe un large fossé creusé dans la roche. Les fortifications n’occupent qu’une toute petite surface, environ 60 m x 30 m. Mais leur concentration n’en est que plus impressionnante. Il s’agit de trois tours reliées entre elles par des remparts sinueux dominées par un palais et un donjon. La première tour, rectangulaire, garde l’entrée et s’élève à 7,5 m de hauteur. Elle conserve son arche ornée d’un croissant de lune. Un rempart en forme de L (restauré en 1954) descend jusqu’à la deuxième tour. Semi-circulaire et en partie effondrée, celle-ci n’atteint plus que 4 m de hauteur. La belle portion de rempart qui suit, en lacet, date de la période ottomane avec des murs de 2,10 m d’épaisseur percés d’ouvertures pour sept canons. La troisième tour, rectangulaire, a perdu l’essentiel de ses murs. Elle abrite une citerne et un puits. C’est là que fut bâtie la mosquée, disparue au XIX^e siècle. Des escaliers mènent ensuite à la partie haute, avec une citerne, puis le donjon. Les murs de celui-ci atteignent près de 3 m d’épaisseur à la base et 6,7 m de hauteur. À côté se trouve le palais (24 x 6,5 m). Bâti sur deux étages au-dessus d’une cave voûtée, il fut utilisé comme caserne par les soldats ottomans. Un rempart descend en zigzag pour défendre l’accès sud.